6. Construction et usages de la notion de quartier-village. Village de Charonne et Goutte d'Or à Paris (original) (raw)

Voici 30 ans que les politiques urbaines valorisent le partenariat, le tissu local, la redécouverte de l'authentique, la sociabilité de proximité et les équilibres microsociologiques. Les barres sur dalles qui faisaient la fierté de l'urbanisme progressiste sont démolies pour reconstruire des petits immeubles autour d'une place regroupant les commerces et services de proximité. Cette ambiance de quartier valorise les brassages sociaux à travers des évènements comme les vides greniers et fêtes de quartiers. Dans la cité harmonieuse retrouvée grâce à la moyennisation de la société, les conflits d'intérêts s'effacent devant les arrangements locaux. Poussant la logique, les magasines à grand tirage découvrent la naissance de « Phalanstères à Ivry », des « Villas-Kibboutz », sortes de « Républiques villageoises dotées d'une vie communautaire rare, d'une certaine mixité sociale, un virus associatif vivace et une solidarité spontanée envers les plus fragiles » (Nouvel observateur, 15 décembre 2005). D'où nous vient ce modèle rêvé par les décideurs et les habitants ? Prenant exemple sur les quartiers parisiens de Village de Charonne et Goutte d'Or à un moment stratégique de leur histoire, cet article voudrait comprendre comment le modèle de quartier-village, marqué par l'émergence des couches moyennes, s'insère comme cadre argumentatif dans le débat public relatif à l'urbanisme en quartier ancien.

Construction et usage de la notion de quartier-village

2006

Voici 30 ans que les politiques urbaines valorisent le partenariat, le tissu local, la redécouverte de l'authentique, la sociabilité de proximité et les équilibres microsociologiques. Les barres sur dalles qui faisaient la fierté de l'urbanisme progressiste sont démolies pour reconstruire des petits immeubles autour d'une place regroupant les commerces et services de proximité. Cette ambiance de quartier valorise les brassages sociaux à travers des évènements comme les vides greniers et fêtes de quartiers. Dans la cité harmonieuse retrouvée grâce à la moyennisation de la société, les conflits d'intérêts s'effacent devant les arrangements locaux. Poussant la logique, les magasines à grand tirage découvrent la naissance de « Phalanstères à Ivry », des « Villas-Kibboutz », sortes de « Républiques villageoises dotées d'une vie communautaire rare, d'une certaine mixité sociale, un virus associatif vivace et une solidarité spontanée envers les plus fragiles » (Nouvel observateur, 15 décembre 2005). D'où nous vient ce modèle rêvé par les décideurs et les habitants ? Prenant exemple sur les quartiers parisiens de Village de Charonne et Goutte d'Or à un moment stratégique de leur histoire, cet article voudrait comprendre comment le modèle de quartier-village, marqué par l'émergence des couches moyennes, s'insère comme cadre argumentatif dans le débat public relatif à l'urbanisme en quartier ancien.

« ambiance pluraliste et socialisation urbaine : ethnographie de l’espace public du quartier de la Goutte d’or à Paris

Dans cet article nous proposons de décrire l’ambiance d’un des plus vieux quartiers cosmopolites de Paris : la Goutte d’Or. Nous analyserons les ressorts de la vie publique qui s’est fixée dans cet espace malgré trente ans de politique de « rénovation urbaine ». Ce quartier fonctionne comme une centralité, un nœud de réseaux pour les mondes de l’immigration et la rue y est transformée en espace de sociabilité et d’activités économiques informelles. C’est à la fois un espace de ressourcement culturel et une scène « cosmo-politique » populaire, un univers pluraliste en tension. Nous étudierons les rassemblements spontanés qu’occasionne quotidiennement le spectacle de la rue, la dynamique de communication et de « concernement » générée par cette vie publique. Nous verrons que cette ambiance est une forge pluraliste où se focalisent des attentions, se décentrent des opinions, se redéfinissent des seuils, une forge où se cristallise une diversité de publics mutuellement concernés par ce qu’ils peuvent ou non partager.

Le quartier de l’Arsenal, un « village dans la ville » entre patrimonialisation et normalisation

[FR] La cité ouvrière de l’Arsenal, dans le département de la Loire, est située entre les deux communes de Roanne et de Mably. Or, les deux municipalités n’ont pas la même attitude face aux processus socio-spatiaux que subit aujourd’hui cette cité ouvrière. À partir de ce cas d’étude, cet article souhaite montrer comment les municipalités peuvent s’emparer du concept de patrimonialisation afin de valoriser leur territoire, dans une logique de « marketing territorial ». Il aborde les tentatives de création d’une « volonté patrimoniale » qu’une municipalité peut tenter d’impulser sur sa commune et analyse les limites de la notion de « participation habitante » dans l’élaboration d’un processus de patrimonialisation de ces « isolats urbains ». Enfin, il questionne le devenir de ces formes urbaines situées dans les villes moyennes françaises. [EN] The working-class housing of Arsenal is located in the Loire department (France) between two towns: Roanne and Mably. However, the two municipalities don’t have the same stance regarding the social and spatial processes that the city is subjected to nowadays. Using this case study, this article’s goal is to show how municipalities can seize the concept of patrimonialization in order to make the area more attractive using a "territorial marketing" approach. It studies the attempts to create a "patrimonial drive" that a municipality may encourage, the limits of the notion of "resident participation" in the development of a patrimonialization process of theses "urban isolates". Finally, this document reflects on the future of theses urban forms in French medium-sized towns.

Entre exotisme et nostalgie. Florentin : globalisation d'un quartier "authentique"

Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 2008

En 1992, la municipalité de Tel-Aviv Jaffa, sollicitée par un groupe d'habitants, décide d'investir dans le quartier de Florentin. Florentin est alors un des quartiers les plus pauvres de la ville et témoigne, comme l'ensemble de la zone administrative sud, d'un état de forte dégradation. En quelques décennies, le quartier aura en effet été littéralement déserté par sa population, laissant vacants des centaines de logements progressivement investis par de petites industries. Le potentiel du quartier est pourtant évident -architecture unique et forte densité commerciale -et les réhabilitations réussies des quartiers de Neve Tseddek et de Sheinkin encouragent les autorités à « remettre Florentin sur la carte ». Cinq ans plus tard, Eytan Fox -plus connu aujourd'hui pour son film « The Bubble » -prend le quartier comme toile de fond pour réaliser une chronique de la jeunesse israélienne : « Florentin ». Pendant trois ans, cette série télévisée va obtenir une audience nationale confirmée par une rediffusion récente. Florentin est alors consacré comme un espace « à part » et devient emblématique d'une urbanité alternative. Paré d'une aura d'exotisme, renforcée par la présence de nombreux migrants africains, Florentin devient ainsi le lieu d'une certaine culture israélienne : celle d'une génération ouverte à l'altérité et qui, tout en étant ancrée dans la réalité du pays, se projette au-delà de ses frontières. Mêlant sens et temporalités, une conjoncture particulière fait donc émerger Florentin comme un label ; vivre à Florentin devient une véritable « déclaration d'intention ».

Loading...

Loading Preview

Sorry, preview is currently unavailable. You can download the paper by clicking the button above.

Jacques Hantraye, compte rendu de Yann Lagadec, Jean Le Bihan et Jean-François Tanguy (dir.), Le Canton, un territoire du quotidien ?, Rennes, pur, 2009, 389 p., in Histoire et Sociétés Rurales, n° 35, 1er semestre 2010, p. 151-276.