« Les enjeux communicationnels et esthétiques de la référence au “journal” dans les Chroniques du bel canto de Louis Aragon », Études littéraires (« Penser la littérature par la presse », Guillaume Pinson et Maxime Prévost dir.), vol. 40, n° 3, Université Laval, automne 2009, p. 127-139. (original) (raw)

""Le goût de la réclame." Les poèmes en prose critiques d'Aragon de Sic à Littérature (1918-1920)", Journées d'étude "Les Poètes et la publicité", sous la direction de Marie-Paule Berranger et Laurence Guellec, 16 et 17 janvier 2016

http://littepub.net/publication/je-poetes-publicite/a-cavallaro.pdf

Aragon orne sa lettre du 18 mai 1918, adressée à Breton, première du volume récemment édité par Lionel Follet, de ce qu'il appelle un « poème », très bref : « Peine d'amende / Défense d'afficher 1 ». Il s'agit d'une transposition de pancartes ou d'inscriptions des plus courantes, proscrivant la réclame, et qui revient, légèrement modifiée, dans la première des rubriques de « Critique synthétique » éphémèrement données à Pierre Albert-Birot entre octobre 1918 et février-mars 1919 pour la revue SIC Mise en évidence par la typographie, en grandes capitales et en gras, elle témoigne de ce qu'Aragon appelle, un peu plus de dix ans plus tard, dans son

Qui se souvient du Gil Blas ? Étudier un journal littéraire, entre histoire et mémoire

Le Temps des médias, 2022

Le quotidien Gil Blas et la revue hebdomadaire illustrée du même nom rencontrent un grand succès à la fin du xixe siècle grâce à la publication de contes légers à la une. Se diffusent alors, par le texte et l’image, des représentations de la vie parisienne qui se fixeront dans les mémoires collectives. En s’appuyant sur la notion d’imaginaire médiatique proposée par Guillaume Pinson, cet article cherche à définir la manière dont on peut élaborer une histoire médiatique prenant en compte des imaginaires et des phénomènes mémoriels.

Élasticité du discours : du journal et du roman comme matière poétique. À propos des Dix-neuf poèmes élastiques de Blaise Cendrars

РИТОРИКА-ЛИНГВИСТИКА 12, 2016, 2016

Pour mon amie Luce Briche, trop tôt disparue Lorsque Cendrars publie « Dix-neuf poèmes élastiques », en 1919, il expérimente une poétique de rupture par l'incrustation de deux discours apparemment étrangers : le roman et le journal. Il cite explicitement le roman populaire, « Fantômas » afin de renouveler la posture lyrique moderne. Et, dès le premier poème du recueil, il se fonde sur des intitulés pris dans la presse qui, dans leur concision et leur resserrement elliptique, sont exemplaires d'un renouvellement de la parole poétique. Par ces emprunts, Cendrars invente une poésie polyphonique qui s'interroge sur la temporalité de l'écriture en lien avec celle de l'Histoire. Sous la parole actuelle (roman populaire et journaux), Cendrars fait entendre une voix inscrite dans la durée, voire l'éternité : c'est l'élasticité. Le recueil se révèle ainsi une vaste entreprise personnelle et collective d'élaboration d'une poésie nouvelle, nourrie de tout ce qui fait la vie moderne. Mots clefs : Cendrars ; poésie moderne ; roman ; presse ; élasticité. Blaise Cendrars (1887-1961) publie en 1919 Dix-neuf poèmes élastiques 1 dont la variété formelle témoigne d'une recherche et d'une réflexion approfondies sur ce que pourrait être la modernité poétique. Seul le dernier poème a été écrit après la guerre, les dix-huit autres datant de 1913 et 1914, dont seize sont parus en revues en France, en Allemagne, en Italie, en Suisse et aux Pays-Bas avant le déclenchement de la guerre, ce qui atteste de la diffusion européenne des avant-gardes. Le mince volume se clôt sur une « Notule d'histoire littéraire / (1912-1914) » qui vaut pétition de principe. Le modèle, avoué dès le titre, est de toute évidence Rimbaud qui, dans « Ma Bohême », engageait le poète à une posture rajeunie, libérée des conventions académiques. Cendrars emprunte pour partie l'« élasticité » de son recueil au dernier tercet du sonnet rimbaldien :

Thèse - La culture du journal littéraire au 18ème siècle

The doctoral thesis is interested in the practices of reading and writing introduced in the literary newspapers of the XVIIIth century. It leans on five representative periodicals : the Nouvelliste du Parnasse de Desfontaines and Granet, the Pour et Contre de Prévost, the Mercure de France, the Année littéraire of Fréron, and the Journal des Dames. Three characteristics distinguish them from the other newspapers of that time : the place granted to the readers, the variety of the subjects treated in this newspapers, and finally their critical vocation. The literary periodical appears as a tool of broadcasting a culture and as a demonstration of a cultural evolution with social dimension. In the first part we will consider the literary periodical as a new means of information and communication, which redefines the auctoriales practices of the editors and which draws the outlines of a reader society. The second part of the thesis shifts the interest of the editor to the reader. He is introduced to the critical practice of texts. This training of the reader contributes to the implementation of a space of dialogue within the literary journal. All the readers bind together and become a community, which has very specific characteristics, that will be the object of the third and last part. Periodicals recreate a virtual space of sociability which gets organized in a new mode of relation to the world and of relation to oneself, prefiguring the role of internet today. Finally, the thesis wishes to advance the notion of use, fundamental to understand the role of these periodicals in the society of the XVIIIth century. The readers appropriated a new object, the potentialities of which are yet to be invented. They developed cultural practices which influence the social and political life. The literary newspapers are established in a media space which testifies of the meeting between a technical device and cultural uses.

« “Papa Aragon” et le “parti de la jeunesse” : Les Lettres françaises du 15 mai au 21 mai 1968 », Recherches croisees Aragon-Elsa Triolet n° 14 : « Les Lettres francaises », sous la direction de Maryse Vassevière et de Luc Vigier, Presses Universitaires de Strasbourg, 2013, p. 73-94.

Au moment où éclate Mai 1968, le divorce peut sembler total entre le PCF et une partie de la jeunesse étudiante. La fronde de l’Union des étudiants communistes (l’UEC) est récente (1965). Au printemps, plusieurs interventions publiques manifestèrent l’incompréhension du parti communiste devant les problèmes de la jeunesse et son mépris de la composante libertaire du « Mouvement du 22 mars » (Nanterre). Le printemps des étudiants a également été ignoré par Les Lettres françaises, moins par volonté délibérée, qu’en raison d’une concentration de l’énergie rédactionnelle sur la Tchécoslovaquie. Ouvrant les colonnes des Lettres françaises aux étudiants dans un numéro spécial paru le 15 mai 1968 (n° 1234), laissant de nombreux universitaires et ses collaborateurs s’exprimer librement, Aragon fait preuve d’une certaine audace politique. Mais au moment où le numéro paraît, la ligne du parti a déjà bougé et le numéro des Lettres françaises accompagne plutôt qu’il ne précède ou ne suscite cette évolution. Enfin, si Aragon y intervient en politique, sa parole, elle, n’est pas une parole politique. Il endosse l’habit du poète, se montre indulgent devant l’arrogance juvénile, et cite presque dans son intégralité l’épilogue des Poètes. « À vous de dire ce que je vois » : ce dernier vers du poème (et des Poètes), exprime le passage d’un relais. Le tombeau est aussi passage de flambeau.