« Introduction », dans B. Moreau, J. Théry-Astruc, « La royauté française et le Midi au temps de Guillaume de Nogaret. Actes du colloque de Montpellier et Nîmes, 29 et 30 novembre 2013 », Nîmes, La Fenestrelle, 2015, p. 17-24 (original) (raw)
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Rendons grâce à Bernard Moreau et à ses amis d'avoir (quasiment) exhumé Guillaume de Nogaret. Et, à tout le moins, lui avoir rendu un intérêt que les experts venus jusqu'à Nîmes, si proche des seigneuries du fameux juriste, actualisent par leurs travaux. Si, dans un passé hélas lointain, les écoliers connaissaient le rôle du tombeur des templiers (nous faisons partie de cette culture historique aussi légitime qu'exigeante, sceau, alors, de l'enseignement public…), même (surtout…) les énarques ne le (re)connaissent plus ! C'est dire l'importance de cette rencontre qui ajoute à ses mérites, en matière de rigoureuse recherche, celui, ô combien symbolique, de concerner les deux métropoles pour lesquelles le Vidourle est une forme de Rubicon : Montpellier et Nîmes (par ordre alpha…). Merci aux érudits intervenants qui vont passionner leurs auditoires en renouvelant et approfondissant la connaissance que nous avons du rôle fondamental de Nogaret en son temps. Serviteur loyal, zélé, et sans état d'âme, de l'absolutisme naissant, Guillaume, à la fois Languedocien et Parisien, contribuera à engendrer la géopolitique qui, au fil des siècles, structura la France. Mal aimé au sud comme plus au nord, ce rejet prouve son efficacité professionnelle et politique… L'Histoire, aujourd'hui, se doit d'analyser ses faits et leurs causes. Et en déduire son héritage, y compris jusqu'à nos jours. C'est ce que ce colloque établira, loin des passions. Comme il sied à tous travaux scientifiques. Daniel J. VALADE de l'Académie de Nîmes Adjoint au maire de Nîmes, délégué à la Culture 11 AVANT-PROPOS celui-ci passe comme une province étrangère 1. » Cette remarque du jeune Jean Racine en 1662, alors qu'il était installé depuis quelques mois à Uzès, chez son oncle, est souvent citée, parmi maint autre exemple et anecdote, pour illustrer le très durable sentiment d'altérité éprouvé dans le Midi à l'égard des régions et des habitants de la France septentrionale 2. Un sentiment entretenu partout dans le Sud, bien sûr, par l'éloignement géographique comme par l'écart linguistique 3. Mais l'unité des régions méridionales, pour autant qu'elle ait existé, tint en premier lieu à un facteur politique : à la confrontation avec le pouvoir venu du nord. Même si l'occitanisme, de la fondation du Félibrige au milieu du XIX e siècle aux mouvements régionalistes contemporains, n'a eu de cesse de mettre en valeur les éléments d'une certaine identité culturelle partagée des pays du Prose, Paris, Gallimard, 1966, p. 424. La citation est tirée d'une lettre à l'abbé Le Vasseur datée du 21 mars 1662. En Gascogne, par exemple, dans la première moitié du XIX e siècle encore, on disait couramment « aller en France » pour parler d'un voyage au nord de la Loire (H. POLGE, « Le gascon : langue, littérature et ethnographie », dans M. BORDES, Histoire de la Gascogne des origines à nos jours, Roanne, 1977, p. 235, cité par G. PEPIN, « Genèse et évolution du peuple gascon du haut Moyen Âge au XVII e siècle », Modèles linguistiques, 66, 2012, p. 47-79). Inversement, les gens du Nord désignèrent indifféremment ceux du Sud (Provençaux exclus) comme « Gascons » du XVI e au XVIII e siècle-et le terme « gasconisme » servit à désigner les incorrections faites par les locuteurs occitanophones lorsqu'ils parlaient le français (voir J. DESGROUAIS, Les gasconismes corrigés. Ouvrage utile à toutes les personnes qui veulent parler & écrire correctement, & principalement aux jeunes gens dont l'éducation n'est point encore formée,
Le pionnier de la théocratie royale. Guillaume de Nogaret et les conflits de Philippe le Bel avec la papauté Paru dans Guillaume de Nogaret. Un Languedocien au service de la monarchie capétienne, dir. Bernard Moreau, Nîmes, Lucie Éditions, 2012, p. 101-128.
Ariane Boltanski, Alain Hugon, Les noblesses normandes (XVIe-XIXe siècles), actes du colloque international (Cerisy-la-Salle, 10-14 septembre 2008), Rennes, P.U.R., 2011, 391 p. http://www.pur-editions.fr
A l’occasion du colloque d’hommages à Colette Beaune, j’ai pu souligner, auprès des spécialistes de la représentation du pouvoir au Moyen Age, l’importance pratique et symbolique tenue par un objet singulier : le heaume du roi. Ce casque, véritable synthèse de l’identité chevaleresque du prince, est au cœur de figurations héraldiques et de rituels politiques qui proclament ce statut particulier du souverain et le désignent comme le premier chevalier de son royaume, avec toutes les implications sociales, politiques et militaires qui s’y rattachent.