Esquisse d'une phénoménologie de la violence (original) (raw)

Le point de vue du théoricien de la violence

2004

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Pour une sémiotique de la violence

Actes Sémiotiques 125/2021, 2021

La violence est au foyer de la scène culturelle du sens. Dans les Métamorphoses, Ovide en raconte l'origine. Lorsque les Géants, cherchant à s'emparer du royaume céleste, eurent entassé des montagnes pour y accéder, le père des cieux les fracassa de sa foudre, elles écrasèrent les Géants et leur sang imbiba Gaïa, la Terre. Celle-ci donna vie à des flots de sang encore chauds et, de peur que disparaisse toute trace de sa race, en forma des êtres à face humaine. Mais cette génération aussi méprisa les dieux et, particulièrement avide de carnage et de cruauté, elle se livra à la violence ; on reconnaissait qu'elle avait été créée avec du sang. 1 De ce sang, les arts se sont nourris ; ils ont élaboré d'innombrables représentations de la violence et des chercheurs comme Pierre Clastres ou René Girard l'ont identifiée comme l'un des moteurs fondamentaux de l'histoire culturelle. Force archaïque en ce qu'elle est à la fois originaire et toujours présente, la violence est chaque jour objet des discours médiatiques. Les sciences sociales bien entendu s'en occupent, mais toujours comme s'il s'agissait d'un phénomène en soi évident, que chacun est capable de reconnaître comme une « donnée de fait », sans que l'on interroge plus avant sa définition. Avec toutes les évidences intuitives que le mot suscite, son spectre sémantique est très large : il mêle les traits modaux du « pouvoir » et de la « force » (en allemand réunis, sous l'expression Gewalt) avec les figures actantielles du contrôle, de la domination et de la soumission, ainsi que la manifestation de phénomènes passionnels extrêmes-de la haine à l'épouvante-avec l'irruption soudaine et impérieuse de la Mort. La sémiotique, pour sa part, a souvent analysé des situations et des scènes violentes, ou qui impliquent la violence, en traitant le sens de phénomènes aussi bien collectifs tels que le terrorisme, la guerre, les luttes sociales, que privés comme « la scène de ménage ». Elle a considéré la présence implicite de la violence dans les stratégies narratives qui caractérisent la dimension polémique de la circulation des valeurs : c'est ce que révèlent plusieurs entrées du dictionnaire de Greimas et Courtés, Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, « agresseur », « appropriation », « punition »..., de même que la manifestation de cette violence appelée par certaines passions telles que

Regards sur la violence

Dans le cadre de l'enquête sur la sécurité 2013, 3 025 résidants ont été interrogés sur divers délits violents éventuellement subis. Il en ressort que 17% des personnes interviewées ont été harcelées au cours des 5 années précédant l'enquête (harcèlement moral / menaces / brimades), 4% ont été victimes de vols avec violence, 9% ont subi des violences physiques et 4% ont été victimes de violence sexuelle. Globalement, les jeunes résidants étaient plus exposés que les moins jeunes. Les hommes ont été deux fois plus souvent victimes de vols avec violence que les femmes alors que ces dernières ont beaucoup plus fréquemment vécu des agressions sexuelles. Les victimes de violence sexuelle ont également subi plus fréquemment de la violence physique. La classe d'âges des 25 – 34 ans se dit la moins inquiète par des atteintes physiques, même si elle est la plus concernée. Les hommes les appréhendent également moins que les femmes alors qu'ils en sont presque aussi souvent vic...

Sur les risques d'un usage pléthorique du concept de violence

Judith Butler, du genre à la non-violence, 2017

Les efforts pour dénoncer les mécanismes par lesquels le pouvoir hégémonique se reproduit et se perpétue produisent parfois une banalisation du concept de violence. Le choix systématique du terme violence pour décrire des formes subtiles d’abus produit une fluidification progressive de ce concept . Cette fluidification, laquelle est souvent convenable aux critiques du pouvoir, risque cependant d’affecter la stabilité des conventions de l’action non violente, et d’affecter a fortiori la légitimité des mesures de résistance au pouvoir hégémonique. Car la fluidification du concept de violence permet à l’autorité d’avoir recours aux mêmes pratiques discursives décrites ci-dessus pour affirmer que l’apparent calme, modération, etc. des actions de désobéissance dissimulent une grave violence exigeant urgemment l’usage de la force répressive. Ainsi, un recours critique indiscriminé de la notion de violence porte atteinte à une interprétation stabilisée de la notion de non-violence. Il en résulte que la perspective d’une reconnaissance généralisée des codes et des conventions de l’action non violente exige un effort herméneutique pour stabiliser les conventions qui régissent l’usage de la notion de violence. Autrement dit, il s’agit de combattre un usage trop plastique de la notion de violence, et de se soucier qu’elle soit réservée pour désigner des phénomènes qui « méritent » le nom. Le projet de stabilisation du concept de violence est certainement une entreprise à plusieurs étapes. Dans les pages suivantes, nous nous limiterons à fournir quelques indications élémentaires les concernant.

Dépasser la violence par la création ?

Anthrovision, 2013

Ce média ne peut être affiché ici. Veuillez vous reporter à l'édition en ligne http:// journals.openedition.org/anthrovision/569 Ce média ne peut être affiché ici. Veuillez vous reporter à l'édition en ligne http:// journals.openedition.org/anthrovision/569 Ce média ne peut être affiché ici. Veuillez vous reporter à l'édition en ligne http:// journals.openedition.org/anthrovision/569 Ce média ne peut être affiché ici. Veuillez vous reporter à l'édition en ligne http:// journals.openedition.org/anthrovision/569 Ce média ne peut être affiché ici. Veuillez vous reporter à l'édition en ligne http:// journals.openedition.org/anthrovision/569 Ce média ne peut être affiché ici. Veuillez vous reporter à l'édition en ligne http:// journals.openedition.org/anthrovision/569 En décembre 2009, Barbara Glowczewski m'a proposé de participer aux journées d'études qui ont eu lieu au Musée du Quai Branly. Je reviens sur l'intervention que j'ai donnée à cette occasion, dans le cadre de l'anthropologie visuelle, en la développant ci-dessous. Avant d'aborder le vif du sujet, je rappelle une particularité : je suis sourd de naissance. D'où le sujet proposé : la contestation sociale des personnes sourdes, plus Dépasser la violence par la création ?

La violence : le biberon de la FESCI ?

2020

Depuis sa naissance, les actions de la FESCI s’accompagnent de la violence que des auteurs et observateurs expliquent davantage par des facteurs exogenes. Cependant, l’origine de cette violence semble etre le but meme de la creation de l’organisation. L’article tente de mettre en relief cette dimension le plus souvent occultee des analyses explicatives de cette violence. A cet effet, le texte s’appuie sur une revue de litterature et un examen des textes fondateurs de l’organisation, plus particulierement les statuts de 1993. Le materialisme historique sera privilegie pour les analyses des donnees. Il ressort de l’etude que la creation de la FESCI a beneficie d’une contribution d’acteurs politiques qui avaient un autre agenda dans lequel la violence etait une modalite pour atteindre leurs objectifs. La FESCI est donc un instrument aux services d’acteurs politiques puisqu’elle les sert au moyen de la violence. L’article conclue en s’interrogeant sur les termes de l’echange entre les e...

Enquêter sur la violence. Défis méthodologiques et émotionnels

Revue Civilisations Vol 64 (N°1-2), 2015

Il est question dans cette contribution de porter un regard réflexif sur l’évolution des postures méthodologiques à travers des enquêtes ayant eues comme point focal l’étude des « violences ordinaires ». Ces postures méthodologiques sont passées d’une attention exclusivement centrée sur les positions et les discours victimaires à la construction d’une approche diachronique et situationnelle qui a permis de mettre en exergue les cycles d’échange de la violence. La principale question étant de savoir si le chercheur devait considérer comme de la violence des actes que les enquêtés ne définissaient pas comme tels et vice-versa. Or, les violences liées aux phénomènes de répression sociale anti-sorcière correspondent bien, semblet-il, à ces formes de violences « admises » par la société et plus ou moins « tolérées », tant dans l’espace privé que dans l’espace public. Elles renvoient ainsi, aux constructions sociales de l’intolérable. La contribution montre que l’étude de la violence entraine dans tous les cas des dilemmes éthiques et méthodologiques.

Tmasset- le concept de violence

le concept de violence, 2019

Cet article propose un concept de violence (page 4). Ce concept a été élaboré à partir d’une philosophie deleuzo-guattarienne matérialiste. Ce concept réclame, pour être pleinement intelligible, l’usage des concepts deleuziens de désir, de machines désirantes, le concept bergsonien de durée ainsi que la conception bergsonienne de l’action dans l’Evolution créatrice. Il propose de réduire d’éventuelles erreurs de délimitation des phénomènes de violence dans des disciplines spécialistes qui appréhenderaient les phénomènes de violence sans disposer d’une extension générale pour en couvrir le spectre. Ce concept rend possible également de mesurer scientifiquement les phénomènes de violence. Enfin, il enveloppe une réinterprétation des actions des institutions, des pouvoirs publics ou pouvoirs privés en rendant visible la violence qu’ils produisent. Cet article est un résumé synthétique de travaux antérieurs datant de 2009, 2012 et 2019, reposant sur ces expériences et études ayant faits l’objet de mémoires et d’une thèse de doctorat de philosophie politique.