Des formes de négociation entre la monarchie, les seigneurs et les universitates dans l’Italie du Sud au XVe siècle et un aperçu de la Basilicate (original) (raw)

L'Ordre teutonique et la noblesse sicilienne, du XIIe au XVe siècle

De par sa position stratégique en Méditerranée et sa légendaire capacité de production céréalière, la Sicile fut convoitée par les grandes puissances depuis la lointaine Antiquité. Son histoire, tout au long du Moyen Âge, ne dérogea pas de cette prémisse et l’île passa successivement entre les mains des Byzantins, des Arabes, des Normands, des empereurs germaniques, des Angevins et, enfin, des Aragonais. Au coeur de cette histoire mouvementée, l’Ordre teutonique, nouvellement créé et en passe de devenir aussi un ordre militaire, vint s’implanter dans l’île en 1197 par l’action de l’empereur Henry VI. Dans le cadre du présent article, nous tenterons de définir les relations entre la noblesse sicilienne et l’Ordre teutonique, de la création du baillage en 1197 à sa perte en 1492. Notre présentation sera notamment basée sur une source éditée dans le cadre de la thèse doctorale de K. Toomaspoeg: un contrat de confrère, passé entre messire Riccardo de Sancto Philippo et l’Ordre Teutonique à Agrigente en date du 24 janvier 1326. Nous dresserons d’abord une brève histoire de l’implantation de l’Ordre en Sicile et de son adaptation aux multiples tribulations dynastiques. Nous observerons ensuite les différents types de relations qui s’établirent entre les familles nobiliaires siciliennes et l’Ordre teutonique, puis nous plongerons notre regard au cœur du XIVe siècle par l’étude du document précité. Finalement, nous terminerons cette présentation par un bilan des connaissances apportées par notre source dans ce cadre particulier. This article focuses on the relationships established between the Sicilian nobility and the Teutonic order, from the creation of the bailiwick in 1197 to his loss in 1492. During its history, the Sicilian bailiwick of the Ordre (la Magione) ensured its survival through the multiple dynastic tribulations by associating himself occasionally with the great baronial families (Chiaramonte, Ventimiglia), often with the local gentry. Another important and concomitant strategy was to develop its brotherhood, as well as an extensive network of clients in the cities where it was implanted (Palermo, Agrigento, etc.). At the end of the period, the importance of the Bailiwick was such that only the heritages of the churches of Palermo and Monreale exceeded its economic power in western Sicily.

Frontières des savoirs en Italie à l'époque des premières universités (XIIIe-XVe s.)

Qu’est-ce qu’une discipline au Moyen Âge ? Selon que l’on s’intéresse au discours des penseurs médiévaux ou à la reconstruction des historiens contemporains, la réponse pourrait s’avérer très différente, peut-être même décevante. Pour cette raison, l’objectif de ce volume est d’aborder la question non en partant de définitions théoriques souvent figées, mais à travers l’étude des pratiques concrètes des acteurs, lesquelles impliquent parfois perméabilités, évolutions ou hybridations des savoirs. Le choix du contexte italien s’explique par des caractéristiques exceptionnelles. La non séparation de l’enseignement des arts et de la médecine, l’absence dans de nombreuses villes de facultés de théologie, la présence enfin d’une vie culturelle intense dans le cadre urbain, sont autant d’éléments qui contribuent en effet à favoriser les porosités et les innovations. Il s’agira donc d’examiner ces changements du point de vue des frontières, c’est-à-dire des points de rencontre ou de séparation entre les différents savoirs universitaires. Trois domaines ont été privilégiés : la rhétorique et ses usages ; le droit dans ses rapports parfois ambigus avec la philosophie et la théologie ; la médecine et son rôle dans la définition de nouveaux champs comme la médecine légale ou l’éthique médicale. Dans chaque cas, sont croisés les aspects matériels, institutionnels et doctrinaux à l’oeuvre dans les déplacements de ces frontières – montrant que les disciplines échappent le plus souvent à leur définition traditionnelle, qu’elle soit médiévale ou contemporaine.

« La Toscane, terre d’élection du vituperium. Une note », dans S. Diacciati et L. Tanzini (dir.), Società e poteri nell’Italia medievale. Studi degli allievi per Jean-Claude Maire Vigueur, Rome, Viella, 2014, p. 81-93.

La Toscane, terre d'élection du vituperium. Une note* Dans la production historiographique de Jean-Claude Maire Vigueur, aussi riche que variée, centrée sur les structures de la société politique, des thèmes comme les rituels, les jeunes, la violence, la dérision, la propagande, objets d'une histoire à caractère pluridisciplinaire pourraient sembler au premier abord tout à fait négligeables. Et pourtant, contrairement aux apparences, ces thématiques jalonnent régulièrement son histoire politique et institutionnelle avec laquelle elles entretiennent une relation féconde et créatrice; une histoire des institutions communales envisagée donc dans toutes ses facettes sociétales, (juridiques, économiques, sociales, culturelles, religieuses, anthropologiques), bref une histoire "totale". Rien de bien étonnant étant donné sa formation, ses maîtres, mais aussi son insatiable curiosité.

Institutions royales et références italiennes: l'académie pour l'éducation de la noblesse à Aix-en-Provence au début du XVIIe siècle

2008

Institutions royales et références italiennes : l'académie pour l'éducation de la noblesse à Aix-en-Provence au début du XVII e siècle Dans les dernières décennies du XVI e siècle et au début du XVII e siècle, une nouvelle institution éducative, spécifiquement destinée à la noblesse, apparaît et se répand à travers l'Europe occidentale, depuis la péninsule italienne jusqu'aux Pays-Bas en passant par la France et l'Empire. D'abord simple manège, avec son écuyer et ses aides, l'académie, au fil des années, s'ouvre à d'autres disciplines et finit par assurer l'hébergement de ceux qui le souhaitent. A partir des années 1620, à Paris et dans d'autres villes de l'Europe de l'Ouest, elle se présente comme une alternative aux collèges religieux, dont les plus nombreux sont dirigés par les pères de la Compagnie de Jésus. Elle peut alors s'imposer, au cours du XVII e siècle, comme le lieu de formation par excellence des jeunes nobles qui se destinent au métier des armes. Le plus souvent propriétés d'écuyers réputés, elle contribue au développement, à la transmission et à la diffusion d'une culture équestre, plus marquée par son insertion dans le monde de la cour que par des exigences pratiques ou professionnelles. Malgré les travaux qui ont renouvelé leur approche depuis plus de deux décennies 1 , le rôle de ces académies est probablement sous évalué, face au vaste ensemble d'études qui ont été consacrées aux collèges, souvent fondés par les institutions municipales puis pris en charge par divers ordres religieux. L'extrême rareté des archives institutionnelles explique sans doute en partie cette disparité, qui renvoie également à des constructions historiographiques. Plus encore qu'une institution éducative, l'académie peut être en effet considérée comme un indice des changements que connaissent les sociétés nobiliaires dans les dernières décennies du XVI e siècle 2 ; pour la France, elle vient d'être étudiée comme le point focal d'un débat majeur qui, au lendemain des guerres civiles, concerne la redéfinition du statut de la noblesse et de son 1 Les académies nobiliaires avaient fait l'objet de quelques travaux d'ensemble parmi lesquels Albert Babeau, « Les académies », in La vie militaire sous l'Ancien régime, II.

« Institutions royales et références italiennes : l’académie pour l’éducation de la noblesse à Aix-en-Provence au début du XVIIe siècle », Provence historique, n°231, janvier-mars 2008, p. 3-17

Institutions royales et références italiennes : l'académie pour l'éducation de la noblesse à Aix-en-Provence au début du XVII e siècle Dans les dernières décennies du XVI e siècle et au début du XVII e siècle, une nouvelle institution éducative, spécifiquement destinée à la noblesse, apparaît et se répand à travers l'Europe occidentale, depuis la péninsule italienne jusqu'aux Pays-Bas en passant par la France et l'Empire. D'abord simple manège, avec son écuyer et ses aides, l'académie, au fil des années, s'ouvre à d'autres disciplines et finit par assurer l'hébergement de ceux qui le souhaitent. A partir des années 1620, à Paris et dans d'autres villes de l'Europe de l'Ouest, elle se présente comme une alternative aux collèges religieux, dont les plus nombreux sont dirigés par les pères de la Compagnie de Jésus. Elle peut alors s'imposer, au cours du XVII e siècle, comme le lieu de formation par excellence des jeunes nobles qui se destinent au métier des armes. Le plus souvent propriétés d'écuyers réputés, elle contribue au développement, à la transmission et à la diffusion d'une culture équestre, plus marquée par son insertion dans le monde de la cour que par des exigences pratiques ou professionnelles. Malgré les travaux qui ont renouvelé leur approche depuis plus de deux décennies 1 , le rôle de ces académies est probablement sous évalué, face au vaste ensemble d'études qui ont été consacrées aux collèges, souvent fondés par les institutions municipales puis pris en charge par divers ordres religieux. L'extrême rareté des archives institutionnelles explique sans doute en partie cette disparité, qui renvoie également à des constructions historiographiques. Plus encore qu'une institution éducative, l'académie peut être en effet considérée comme un indice des changements que connaissent les sociétés nobiliaires dans les dernières décennies du XVI e siècle 2 ; pour la France, elle vient d'être étudiée comme le point focal d'un débat majeur qui, au lendemain des guerres civiles, concerne la redéfinition du statut de la noblesse et de son 1 Les académies nobiliaires avaient fait l'objet de quelques travaux d'ensemble parmi lesquels Albert Babeau, « Les académies », in La vie militaire sous l'Ancien régime, II.