« Trésor et reliques, ou l’effet collection », Cahiers de Saint-Michel-de-Cuxa, XLI (2010), 27-36 (original) (raw)

Dans une étude récente de grande ampleur et riche d'implications, Philippe George souligne avec justesse que le « trésor » s'harmonise parfaitement avec les « reliques », par la mise en valeur du corps du ou des saints patrons, et par conséquent joue un rôle capital dans la construction identitaire d'une collectivité, dont la fondation et le devenir dépendent en grande partie de son « trésor de reliques » 1 . Le trésor se fait ainsi tour à tour et concurremment mémoire, conscience historique, dépôt, terme d'une visite pèlerine, lieu d'une monstration intentionnelle, témoin en un mot, mais témoin qui semble toujours se construire autour des reliques qu'il contient, au point que les deux vocables recouvrent souvent la même réalité. Dans nombre de vies de saints, de récits de miracles ou de translations, « trésor », thesaurus, désigne en effet le corps du saint en question, accompagné des épithètes d'usage qui relèvent du domaine de la valeur économique : riche, précieux, inestimable, etc. Un exemple devrait suffire, qui marquera au mieux ce recouvrement.