Rethinking Sudan Studies : A Post-2011 Manifesto (original) (raw)
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Iveković, The world epistemological revolution to come (Africa and the South)
ABSTRACT IN FRENCH, PAPER in ENGLISH: La révolution épistémologique mondiale venant du sud global et d’Afrique Venant d’une expérience politique et épistémologique décentrée par rapport à la modernité capitaliste occidentale dominante en tant qu’idéologie, j’essaye de jeter un regard oblique sur le problème soulevé par les collègues travaillant sur les savoirs africains et concernant l’Afrique. Je crois qu’il serait urgent de “reconstruire” ou de reconfigurer les savoirs en general et que l’apport africain est des plus attendus pour éclairer l’indispensable révolution épistémologique. Car nous avons là une situation inédite, différente aussi bien de celle que l’on trouve en Asie ou en Amérique latine. Les populations des continents colonisés ont été reléguées à objets d’observation, alors que la théorie leur est niée par le discours dominant (Naoki Sakai). Mais c’est surtout au temps de la modernité (occidentale) que se fait le grand partage produisant la ligne abyssale (Boaventura de Sousa Santos) qui sépare l’ « humanité » reconnue par elle-même d’une « infra-humanité » assignée. Il convient donc d’étudier encore la modernité, tout en sachant que la critique de sa forme occidentale ne suffit point (et est d’ailleurs largement amorcée, y compris son autocritique). Il est utile de discerner les autres formes de modernité, non pas tant pour affirmer les modernités alternatives ou parallèles (ce que font avec succès les études subalternistes et postcoloniales), mais afin de construire ce que ces différentes modernités peuvent avoir en commun et à partager. Il y aura alors à évaluer les rapports entre les mouvements sociaux et politiques et leurs théorisations ou explications à l’intérieur des différentes écoles de pensée (Wang Hui), en se gardant bien de reproduire, cette fois, le fossé entre « théories » et « pratiques » qui fut instrumental au capitalisme conquérant de la modernité occidentale. Il s’agit bien de construire du commun (distiller, sélectionner, recycler, apprendre de - ) à partir du divers, sans reproduire les hiérarchies existantes qui sous-tendent l’organisation du monde tel que nous le connaissons. Il faut garder à l’esprit que la modernité occidentale se reproduit par et dans les projets nationaux (des métropoles), tout en exportant la forme nation et les frontières (E. Balibar). A partir de là, quelques expériences historiques dissonantes montrent bien que les différents projets socialistes (et le “socialisme” mis en place par divers pays) représentent en effet des modernités et des projets alternatifs, concurrents et souvent indépendants. Ils ont des rapports divers envers le tiers monde, et en particulier envers l’Afrique, qu’il est bon d’étudier. Entrent-ils toujours dans le même cadre colonial que le projet moderne capitaliste (Madina Tlostanova) ? C’est à débattre et vaut le détour. Je prends pour exemple le projet yougoslave du non-alignement dans les rapports avec le tiers monde. D’autres pays ou projets plus ou moins « socialistes » ont proposé d’autres démarches et essayé de les mettre en place. Et que peuvent apporter à l’Afrique et à l’image de l’Afrique les grands exemples de l’aventure intellectuelle et historique indienne d’une part, chinoise de l’autre, depuis 1989 ? Non pas que tous ces projets permettent eux-mêmes de dépasser la configuration coloniale et postcoloniale des discours ; mais ils permettent de voir des scenarios et des options alternatifs (même quand non aboutis pour diverses raisons historiques). A partir de cette diversité on peut construire ensemble, et apprendre d’elle. Le triomphalisme néolibéral de la mondialisation accomplie ne devrait pas nous empêcher d’entrevoir et de bâtir des trajectoires indépendantes, alternatives et nouvelles vers un avenir épistémologique commun et une justice cognitive partagée, enrichis de l’apport spécifique de l’Afrique au delà des tentations du huis-clos. La question qui se pose alors est aussi celle de comprendre ce que l’Afrique apporte à la révolution épistémologique mondiale qui est en cours. L’intervention proposée supposera deux grands seuils historiques à prendre en compte : A) la modernité/les modernités et B) « 1989 », c’est à dire le basculement de la planète dans la mondialisation accomplie à la fin de la guerre froide. Ce deuxième seuil vient du partage ainsi que d’un certain déphasage entre les deux modernités, socialiste et capitaliste. Ce partage pratique aussi un aplatissement de la dimension historique et enfouit la modernité “socialiste réellement” existante ainsi que les expériences du tiers monde et du sud global sous le triomphalisme de la modernité capitaliste occidentale. Il y a à étudier les rapports complexes entre le post-socialisme et le postcolonialisme, traités avec un même mépris par le discours dominant. Il n’y a que les multiples options décentrées, telles qu’africaines (et plurielles) à nous sortir de cette fausse alternative. Ainsi l’apport africain attendu est-il capital pour le reste du monde, en plus d’être essentiel pour l’Afrique. Il n’y a plus à répondre à la question mal posée et inadéquate de savoir s’il y a ou non de la philosophie en Afrique. C’est une fausse question. A la place, il s’agit de construire, depuis la fragmentation coloniale et nationale, le commun africain et mondial de la pensée, étant entendu que dire l’Afrique implique de changer le monde.
'Frontiers, borderlands, and Saharan/world history'
ch. 4 in James McDougall and Judith Scheele (eds), Saharan Frontiers: Space and Mobility in northwest Africa, 2012
Places which yield only the bare necessities of men's lives must be inhabited by barbarous peoples, since no political society is possible. […] The least populous countries are thus the most fitted to tyranny; wild beasts reign only in deserts.
Cahiers d'études africaines, 1990
E. Van Hoven-Les représentations de la hiérarchie sociale chez les administrateurs coloniaux-ethnologues du Soudan français. À travers l'analyse de quelques-uns des travaux de Delafosse, Monteil et Labouret l'article s'attache à révéler les présupposés théoriques sur lesquels sont fondées les représentations de la hiérarchie sociale des sociétés mande. L'auteur suggère que la valorisation de l'individu, intimement liée à la politique d'assimilation et au droit naturel, a inspiré les considérations épistémologiques utilisées dans le débat sur les sociétés « castées » au Soudan français. Ce débat, influencé par les outils théoriques positivistes qui mettent l'accent sur l'opposition radicale entre « fait » et « valeur », injectent ainsi dans la réalité sociale africaine des classifications purement européennes.
HUMANUS DISCOURSE, 2021
The present paper examines the nature and patterns of interactions between the people of North Africa and the Sudanese zone of West Africa during the pre-colonial period. It reveals the symbiotic relations that shaped their interaction during the period and the factors that facilitated their contact despite the barrier of the Saharan desert. Similarly the paper refutes the claims of some European writers in the colonial period, and shortly, after that, the peoples of the Sudanese zone were incapable of any historical consciousness, nor able to evolve genuine institutions, without the support of the peoples of North Africa and Europeans. The work establishes that despite the impenetrable space of the Saharan desert, the peoples of North Africa and the Sudanese zone were able to mingle, exchange goods, ideas, beliefs and foster mutual relationships that impacted positively on both regions of the continent. The paper reveals that a major factor that has influenced if not, contributed to the belief held by some of these Europeans concerning the history of the Sudanese zone in particular, and Africa South of the Sahara in general is the narrow nature of their sources, which focuses more on secondary sources. The paper concludes that the biased account concerning the Sudanese zone during the period under review has been refuted successfully through broader approaches to the historical study of African history that involves interdisciplinary approach as well as expansion of the sources to include oral sources among others. It utilises the theory of transnationalism to theorise and shed light on the frontier dimension of human movement across borders. The paper also employs secondary sources.
Heritage-making and Policies of Identity in the “Post-conflict Reconstruction” of Sudan
Égypte/Monde arabe
HERITAGE-MAKING AND POLICIES OF IDENTITY IN THE "POST-CONFLICT RECONSTRUCTION" OF SUDAN This article critically examines the political instrumentalisation of identity and cultural heritage in the Sudanese context. After 50 years of civil wars portrayed as a conflict of identities, cultural identity is supposedly being used in an opposite way. The peace implementation process following the signature of the Comprehensive Peace Agreement in 2005, invokes cultural identity for a wide societal project of reconciliation through the recognition of cultural, religious, and linguistic diversity through a policy of cultural heritage-making. Museums are being constructed and new fields of heritage, such as intangible heritage, are being created. Through the assessment of the concept of heritage as a mean of political recognition, it will be possible to understand how the Sudanese authorities, as well as dissident groups, are using the heritagemaking process as a political resource and a means for pacification or, on the contrary, for political contestation. PATRIMONIALISATION ET POLITIQUES IDENTITAIRES DANS LA RECONSTRUCTION « POST-CONFLIT » DU SOUDAN Cet article analyse l'instrumentalisation à des fins politiques du patrimoine et du concept d'identité culturels dans le contexte soudanais. Après la signature de l'Accord de paix global en 2005 mettant fin à 50 années de guerres civiles décrites comme des conflits d'identités, le processus de paix mis en oeuvre invoque l'identité culturelle pour servir un vaste projet sociétal de réconciliation. Celui-ci prévoit la reconnaissance de la diversité culturelle, religieuse et linguistique du pays à travers une politique de patrimonialisation. Des musées sont en cours de construction et de nouveaux champs patrimoniaux, comme le patrimoine immatériel, sont inventés. En analysant le concept de patrimoine comme un moyen de reconnaissance politique, il sera possible de comprendre comment les autorités soudanaises, ainsi que des groupes dissidents, utilisent le processus de patrimonialisation comme une ressource politique : comme un moyen de pacification ou au contraire, de contestation politique.