Traumatisme et ritualité : Le partage émotionnel dans les romans de la mémoire féminine de la guerre civile espagnole (original) (raw)

Pendant les décennies de la dictature, la mémoire républicaine de la guerre est con née à la clandestinité. Ce n'est qu'à partir de la mort de Franco en 1975, qu'elle peut investir, peu à peu, l'espace social. Au sein de ce phénomène, la mémoire féminine du con it constitue non seulement une contre-mémoire face à la mémoire o cielle du franquisme, mais aussi, une mémoire di érenciée dans la communauté mémorielle des républicains et de leurs descendants 1 . Elle se di érencie non seulement par son contenu (une expérience genrée de la guerre, fortement corporalisée 2 ), mais aussi par ses modes de constitution. Elle articule en e et souvenir de la II e République et mouvement pour l'égalité des genres, qui peut ainsi s'inscrire dans un héritage positif (droits au divorce, à l'assurance maternité, à l'éducation, par exemple). Parmi les vecteurs mémoriels utilisés, on peut évoquer la célébration d'anniversaires 3 et de gures féminines 4 , l'organisation de manifestations culturelles 5 ou la récente création 1. J M., « Guerre Civile, violences et mémoires : retour des victimes et des émotions collectives dans la société espagnole contemporaine », dans L. C et F. L (dir.), Entre mémoire collective et histoire o cielle. L' histoire du temps présent en Amérique latine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 113-125. 2. Consulter par exemple : R Y., « Armes d'hommes contre femmes désarmées : de la dimension sexuée de la violence dans la guerre civile espagnole », dans C. D et A. F (éds.), De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997 ; J M., « De la corporéité de la guerre : corps de femmes et violence-spectacle dans la guerre civile espagnole », dans S. M et M. F (éd.), Femmes en guerres, Bruxelles, Presses universitaires de Bruxelles, 2011. 3. Plus particulièrement le cinquantenaire du su rage féminin, accompagné de commémorations, de conférences et d'expositions. Cf. C B J., La odisea de la memoria : historia de la memoria en España, siglo XX, Madrid, Alianza, 2008, p. 296. 4. Le Prix Mujer y Parlamento, créé en 2005, porte le nom de Clara Campoamor. 5. Par exemple, tenue d'une exposition de grande envergure à la Biblioteca nacional española sur le vote féminin en 2003, année du vingt-cinquième anniversaire de la Constitution. Cf. C B J., op. cit., p. 297.