Gouverner par la science: perspectives comparées, Grenoble: Presses universitares de Grenoble, 2013 (original) (raw)

Gouverner par la science. Perspectives comparées (dir.)

Scandales sanitaires, principe de précaution, risque sismique, etc., les médias sont le reflet de ce qu’on ne peut plus gouverner sans prévoir. Aujourd’hui les rapports entre science et pouvoir sont de plus en plus épineux, mais aussi de plus en plus imbriqués. L’analyse des ingénieries de gouvernement constitue une voie de recherche nouvelle, s’attachant à comprendre les interactions spécifiques entre savoirs académiques et pratiques bureaucratiques dans un contexte de mondialisation. Cet ouvrage de référence décrit les rapports entre sciences et action gouvernementale, à l’heure où se multiplient les interrogations sur l’expertise, la technocratie, et la substitution des compétences à la règle de la représentation. À travers les contributions des meilleurs spécialistes, l’ouvrage met ainsi en relief les effets sociaux de la recherche académique, et rend compte de la succession des modèles qui gouvernent les « sciences » de l’action publique. Il montre ainsi combien les sciences dans l’État peuvent se muer en sciences de l’État, et parasiter le jeu traditionnel de la représentation démocratique.

Alfredo Joignant (junto a Yves Déloye y Olivier Ihl), “Sciences de gouvernement et professionnalisation du politique”, en Alfredo Joignant (junto a Yves Déloye y Olivier Ihl) editores, Gouverner par la science: perspectives comparées, Grenoble: Presses universitares de Grenoble, 2013, p.13-22.

une dizaine d'années, un véritable intérêt, prenant parfois la forme de l'engouement, entoure l'étude des rapports entre activité scientifique, administration et politique. Un courant de préoccupations qu'il est malaisé de rattacher à une théorie unique ou à une discipline en particulier. Sciences de l'État, gouvernement par les instruments, sciences camérales, circulation des savoirs : certes, on pourrait être tenté de réduire ces recherches à des variantes plus ou moins constituées du phénomène bien connu de l'expertise, avec son « influence » toujours surestimée sur des modes de gouvernement présentés, eux, comme de plus en plus rationnels 1 . Ce serait une erreur. D'abord, parce qu'est moins, dans ce cas, le recours à des compétences que la diffusion de revendications scientifiques inscrite au coeur même du développement des politiques publiques 2 . Dans le champ du policy making, il y a bien longtemps que la logique de l'aide à la décision a perdu toute vertu explicative. Comme si les savants étaient sollicités, qu'ils étaient mobilisés par des décideurs dont les « affaires » se heurteraient à des verrous ou des « questions » hors de leur portée, avec la forme rituelle d'une mission diligentée, d'une production de connaissance et d'un rapport consignant par écrit les « solutions » apportées aux « problèmes » 3. Voir NAPOLI P., « Le discours de la police et de l'arithmétique politique (XVI e -XVIII e siècles) », in CAILLE A., LAZZERI C., SENELLART M., Histoire raisonnée de la philosophie morale et politique, Paris, La Découverte, 2001, p. 281-292. 4. La critique ancienne de Bertrand Badie reste précieuse : BADIE B., Le développement politique, Paris, Économica, 1988 (1 re édition 1978). 5. Pour une critique de cette approche, DEAN M., Governmentality. Power and Rule in Modern Society, Londres, Sage, 1999. 6. BECK U., La société du risque. Sur la voie d'une autre modernité, Paris, Éditions Aubier, 2001 (édition originale : Risikogesellschaft, Francfort, Suhrkamp Verlag, 1986.

Modes de gouvernance de la science

Mélanges en l'honneur de Jacques Michel Editions Les Amis de la Liberté

Des modes de gouvernance de la science. Une étude de cas d’épistémologie politique1 Contribution à l’ouvrage « C’était son Droit » Amitiés mêlées. Mélanges en l’honneur de Jacques Michel Editions Les Amis de la Liberté Daniel Dufourt Professeur des Universités honoraire

Quels modes de gouvernance de la science ?

Programme Egalité des Chances, 2013

« Quels modes de gouvernance de la science, entre injonctions des marchés, risques industriels et environnementaux et inquiétudes sociales ?»

Dominique Pestre (dir.), Le gouvernement des technosciences. Gouverner le progrès et ses dégâts depuis 1945

Lectures

L’ouvrage dirigé par D. Pestre pose d’emblée des ambitions élevées : il y sera question de gouvernement et plus particulièrement du gouvernement des technosciences et des technoproduits, et des effets qu’ils engagent sur les milieux où ils sont intégrés. Et, les effets qui intéressent les auteurs, au premier chef, sont des « dégâts » : ceux engendrés depuis 1945 par les « substances chimiques dangereuses » (N. Jas, p. 37-64), le changement climatique (S.C. Aykut, A. Dahan, p. 97-132) ou, encore, par le néolibéralisme (D. Pestre, p. 261-284) et les « calculs coûts-bénéfices » (S. Boudia, p. 231-160) – « ces instruments qui participent de l’ajustement du secteur public aux impératifs […] [d’]acteurs dont la référence est l’entreprise et le marché » (p. 231). Le projet des auteurs, initialement rassemblés autour du séminaire La gestion du progrès et de ses dégâts du Centre Alexandre Koyré, est non seulement de dresser un catalogue analytique des « dispositifs matériels et sociaux, réglementaires et discursifs à travers lesquels des personnes ou des institutions orientent […] ou contrôlent des savoirs, des innovations, des produits ou des personnes » (p. 8), mais également de proposer quelques « contre-propositions » visant à « miner l’évidence des cadrages qui sont les nôtres » et à « reconsidérer la manière dont les problèmes ont été posés par les théoriciens » (p. 9).