La revue Minerva Brasiliense (1843-1845) et la fondation des Letras Pátrias au Brésil‪, Revue d'histoire du XIXe siècle (2015/1) (original) (raw)

Splendeurs et misères du « siècle de dom Pedro II » : le mécénat impérial et les Letras Pátrias au Brésil (1840-1889), Romantisme (2014)

Romantisme, 2014

Cet article s’appuie sur le mythe du Grand Siècle, convoqué sous le règne de l’empereur dom Pedro II par une poignée d’écrivains, pour étudier les relations de dépendance et de loyauté qui régissent le régime de la production littéraire lorsque se fonde une littérature nationale au Brésil. Ces écrivains aspirent à profiter des faveurs de l’économie mécénique et de la distribution des honneurs afin de consacrer leur position au sein de l’espace public et littéraire. Toutefois, une telle ambition nourrit de nombreuses frustrations au sein d’un milieu littéraire aux effectifs croissants, du fait de la parcimonie des faveurs impériales, de la précarité structurelle du système clientéliste et de l’essor du capitalisme de librairie qui ouvre à partir des années 1860 des voies inédites vers la consécration littéraire.

Anciens, Modernes et Sauvages, et l’écriture de l’histoire au Brésil au XIXe siècle. Le cas de l’origine des Tupis - Anabases - 2008

Au Brésil, il n’y a pas eu de querelle entre des Anciens et des Modernes. Or les Brésiliens sont sérieusement impliqués dans l’introduction de l’élément qui définit l’asymétrie du couple. Leurs Sauvages ou leurs Indiens viennent redynamiser la triangulation à partir du XIXe siècle et participent donc à la production d’un discours qui était destiné à convaincre les Brésiliens qu’ils partageaient un passé commun ainsi que le présent d’une même iden- tité. L’expression rhétorique de la nationalité paraît commode pour définir un tel discours, dont la caractéristique est la dispersion de ses éléments constitutifs 19. L’histoire et la géographie, qui passaient par de profondes et importantes modifications épistémologiques – il s’agissait le plus souvent de tentatives visant à les maintenir dans les limites de ce que devait être la science au XIXe siècle (il en allait de même de la litté- rature, et un peu plus tard de l’ethnographie) –, cherchaient non seulement à singula- riser cette rhétorique de la nationalité, autrement dit à contenir et à résister face à la dispersion du discours, mais aussi à se constituer en tant que champs de savoir capables d’expliquer l’existence d’une nation formée au cours du temps par des Brésiliens

Les journaux en français publiés au Brésil et les échanges transnationaux (1854-1924)

Revue Médias 19 - Université de Laval, Québec, Canada, 2018

La presse en français publiée au Brésil a surgi très tôt, à peine vingt ans après la libération des presses au pays. Elle émerge de l'action des immigrants qui formaient de véritables enclaves franco-brésiliennes, créées en pleine ère de consolidation de la nouvelle nation. Ils ont agi autant dans des périodiques entièrement brésiliens que dans ceux des colonies françaises installées ici, mettant en question une homogénéité culturelle apparente. C’est contre l'artificialité du concept de nation et considérant la fugacité de ces identités « imaginées »1, fluides, instables, constituées d’emprunts, de refus et d’ajustements, que la recherche sur les connexions transnationales se penche sur les échanges et médiations (institutionnelles ou individuelles) et tente de comprendre la complexité de ce phénomène, déconstruisant une image qui se prétend univoque. Les conditions historiques qui ont rendu possibles ces combinaisons se présentaient de manière plus solide dans le contexte de l'augmentation de l'urbanisation, de l'immigration et dans la réception positive de la culture française, formant ainsi une conjoncture favorable aux interactions.

Un patriotisme brésilien à géométrie variable ? La renaissance des « petites patries » au prisme des Letras Pátrias (1850-1880). Brésil(s) 2014/2

Brésil(s), 2014

À travers l’exemple de deux provinces sises aux confins septentrionaux (le Maranhão) et méridionaux (Rio Grande do Sul) de l’immense Empire du Brésil, cet article évoque à grands traits l’extension progressive des frontières du champ littéraire sous le Segundo Reinado depuis son épicentre, la capitale Rio de Janeiro. L’essor d’un milieu littéraire restreint mais actif dans chacune de ces deux provinces témoigne de deux modalités distinctes d’intégration des « petites patries » au sein des Letras Pátrias, avec lesquelles elles entretiennent une filiation parfois compliquée.

Être femme de lettres au Brésil à l’époque impériale (1822-1889) : le statut social d’une « minorité » porteuse d’une voix dissonante dans l’espace public. Nuevo Mundo (2014)

Nuevo mundo mundos nuevos, 2014

Le milieu littéraire tel qu’il se forme au XIXe siècle au Brésil apparaît comme un groupe social étroit, très majoritairement masculin. Dépourvue de droit civique, interdite d’accès à l’enseignement supérieur, la femme reste, dans la bonne société, confinée dans un rôle de représentation sociale et de direction du foyer qui la détourne de toute velléité littéraire et de la nécessité de travailler pour vivre. Ainsi, à travers l’étude des trajectoires sociales, des carrières et des discours de ces rares femmes de lettres, il s’agit d’offrir un regard nouveau sur la place des femmes au sein du champ littéraire et de l’espace public dans le Brésil impérial. S’il est prématuré de parler d’un discours « féministe », cet article évoque les stratégies dont usent ces femmes pour promouvoir un nouveau statut de la femme en société, et plus particulièrement dans les milieux lettrés, dans la deuxième moitié du XIXe siècle.