Variations sémantiques autour de la mer, d’Homère à Eschyle (original) (raw)

Du texte à l’image — et retour. Cy Twombly et Homère

Revue de littérature comparée, 2022

Dans la longue tradition d’ut pictura poesis, les artistes favorisent le dialogue de la poésie avec la peinture et mettent en relation le texte avec l’image. Les peintres s’inspirent des textes littéraires qui leur servent de source pour leurs œuvres picturales. Une relation intéressante se développe : la transposition d’une œuvre (A), le texte, à une autre œuvre (B), la peinture. Cet article montrera que ce transfert (A->B) décrit une relation dialectique qui fonctionne dans les deux sens (A <-> B), c’est-à-dire que l’œuvre (B) revient à son œuvre de référence (A) en la complétant et l’enrichissant. L’analyse de la série Fifty Days at Iliam (1978) de Cy Twombly et son rapport à l’Iliade d’Homère nous permettront d’étudier le passage du texte à l’image et ainsi de montrer les nombreuses affinités des peintures avec le poème épique. Dans une deuxième étape, nous développerons ces relations dialectiques afin de revenir au texte source et tenter de mieux comprendre les correspondances complexes créées entre deux œuvres d’art. English From text to image and back to text, Cy Twombly and Homer During ut pictura poesis’ long tradition, the artists encourage poetry’s dialogue with painting and often relate text to image. Painters are inspired by literary texts which they use as a source for their pictorial works. An interesting relationship is thus created: the transposition of a work of art (A), the text, to another work (B), the painting. This article aims to show that this transfer (A->B) describes a dialectical relation that works both ways (A <-> B). This means that the work (B) not only returns to its work of reference (A), but also that (B) has an impact on (A): it completes it and enriches it. The analysis of Cy Twombly’s series Fifty Days at Iliam (1978) and its relationship to Homer’s Iliad will allow us to study this passage from text to image and show the paintings’ affinities with the epic poem. Then, these dialectical relationships will be developed further in order to return to the text-source and try to better understand the complex correspondences between the two works of art.

« Un diptyque de la dévoration : poissons, pêcheur et marin dans les épigrammes AP VII, 504 et 506 de Léonidas de Tarente » (2023)

Aitia. Regards sur la culture hellénistique au XXIe siècle, 2023

Résumé : Les deux épigrammes AP VII, 504 et 506 de Léonidas de Tarente, qui mettent en scène la mort d’hommes de mer causée par des poissons, ont suscité la curiosité des chercheurs, sans épuiser les interprétations. Nous proposons ici de les considérer comme un diptyque en analysant leurs nombreux points communs, mais aussi en mettant en lumière le sens philosophique qu’elles peuvent revêtir au regard des inspirations cyniques de l’œuvre de Léonidas de Tarente, et en particulier de l’épigramme AP VII, 472. I due epigrammi AP VII, 504 e 506 di Leonida di Taranto, che raffigurano la morte di un pescatore e di un marinaio causata dai pesci, hanno suscitato la curiosità degli studiosi, senza esaurire le interpretazioni. Ci proponiamo in questo articolo di considerarli come un dittico, analizzandone i numerosi punti in comune, ma anche evidenziando il significato filosofico che possono avere rispetto alle ispirazioni ciniche dell'opera di Leonida di Taranto, e in particolare dell'epigramma AP VII, 472. The two epigrams AP VII, 504 and 506 by Leonidas of Taranto, which depict the death of a fisherman and a sailor caused by fish, have aroused the curiosity of scholars, without exhausting the interpretations. In this article, I consider them as a diptych by analysing their numerous common points, but also by highlighting the philosophical meaning they may have with regard to the Cynic inspirations of the work of Leonidas of Taranto, and in particular of the epigram AP VII, 472.

La mer et les milieux mystiques d’après la production hagiographique du Maghreb occidental (XIIe-XVe siècle)

La production hagiographique du Maghreb occidental médiéval montre que la mer constituait un espace mystique. Plusieurs aspects sont sans cesse présents dans les récits : la marche sur l'eau, l'arrêt des tempêtes et la résistance aux pirates. La mer jouait un rôle important dans le développement des réseaux mystiques, entraînant une réorganisation de l'espace. À travers l'analyse des récits hagiographiques, est étudiée la présence des saints sur le littoral et au large, dont la conséquence principale est la contribution à la fixation des populations.

Le peuple du voile, le prêtre Jean et L'Atlantide. Variations sur quelques stéréotypes

2016

Les Touaregs, pour leur malheur, peuplent depuis le milieu du XIXe siecle l’imaginaire d’Occidentaux – Francais surtout – dont la complaisance au reve aura decidement resiste a tous les dementis du reel. De tous les songes qu’on s’obstine ainsi a leur faire habiter, le plus recurrent est sans doute celui qui les peint en musulmans a la ferveur alanguie par le souvenir d’un passe suppose chretien. Et je ne suis meme pas sur que les recents evenements du Mali, ou l’on a vu des Touaregs se joindre a la soldatesque salafiste, suffisent a dessiller nos reveurs. Apres tout, l’insurrection de 1916-1917 les avait deja rassembles en grand nombre sous l’etendard panislamique de la confrerie senoussiste sans que les ecailles tombent des yeux de ceux qui ont decide de ne pas voir. Sans parler d’evenements plus anciens, telle, au debut du XIXe siecle, la chevauchee de Mohamed al-Jilani, qui galvanisait ses zelateurs en leur faisant miroiter l’espoir d’un pays couvert de medersas et de cadavres d...

La traduction d’Homère en Estonie : une bataille pour ou contre l’hexamètre quantitatif1

Anabases, 2014

La traduction d'Homère en Estonie : une bataille pour ou contre l'hexamètre quantitatif 1 JANIKA PÄLL CET ARTICLE EST DIVISÉ EN TROIS PARTIES : premièrement, quelques explications sur la prosodie de l'Estonien, une langue finno-ougrienne du groupe balto-finlandais, caractérisé par ses quatorze cas, par son absence de genres grammaticaux, du futur et du passif et encore par une combinaison de l'intonation, de l'accent et de la quantité, qui reste énigmatique pour les phonéticiens jusqu'à aujourd'hui ; deuxièmement, une brève histoire de la traduction des hexamètres grecs en Estonie, et troisièmement le regard d'une traductrice sur les plus grands problèmes et les défis des traducteurs des hexamètres quantitatifs en estonien. La prosodie de l'estonien comme base pour une traduction quantitative Les phonèmes et l'alphabet 2 En estonien, il y a au total neuf voyelles différentes : 1 Mon article est dédié à la mémoire de Mari Murdvee, une collègue et amie, traductrice de la poésie grecque et metteur en scène, décédée il y a cinq ans, mais pas oubliée. Je remercie Martin Steinrück de l'université de Fribourg, l'âme du DAMON (groupe Franco-Suisse pour les études de la métrique antique) pour sa relecture, Katre Talviste, lectrice d'estonien à Paris, à l'Inalco pour ses conseils (de 2007 à 2012) et surtout Philippe Brunet pour son inspiration. Cette étude est financée par la Fondation estonienne des sciences (PUT 132). 2 Voir A. CHALVIN, M. RÜÜTLI, K. TALVISTE, Manuel d'estonien, Paris, L'Asiathèque, 2011. Ce manuel est accompagné d'un CD qui illustre la prononciation. 212 JANIKA PÄLL a 3 , e, i, o, u [comme ou en français], õ [ , son entre ou et eu, comparable à en turc], 4 ä, ö, ü [tous les trois presque comme en allemand]. Chacune des voyelles peut être brève, longue ou hyper-longue 5 et être combinée avec les autres dans les diphtongues. Il y a également quatorze consonnes : b, d, g [les occlusives brèves ou faibles, non sonores],

L’ambiguïté de la Méditerranée

International journal of humanities and social sciences, 2016

La seconde moitie du XIX eme siecle etait consideree comme etant la periode la plus volatile dans l'histoire de la Mediterranee, en raison des fluctuations successives apres l'intensification du conflit a propos du principe de la souverainete maritime entre les puissances europeennes afin d’imposer la domination absolue sur les principaux corridors commerciaux et les points militaires strategiques. En effet, le domaine maritime tunisien faisait partie de ce conflit apres la controverse europeenne en ce qui concerne l’occupation de la base militaire de Bizerte. En outre, la Mediterranee etait le theâtre d’un certain nombre d'incidents ennuyeux et varies selon les circonstances qui l'entourent, soit en raison des conditions climatiques difficiles, d'actes de represailles ou a cause de la pratique d'activites illegales sur les cotes tunisiennes isolees a cause de l'absence des moyens de dissuasion juridique.

L’hostilité des éléments cosmiques, d’Homère à Empédocle

Revue des études grecques, 2017

Empedocles describes in fragment 115 dK the punishment of the daimon: wandering in exile from the realm of the gods in a permanent rotation through all four elements. it has been proposed that the image of a cathartic journey through the elements may have been inspired by mystic rituals. However, poetic tradition offers a better key to understand such image: already in the Iliad the elements are in charge of guaranteeing oaths, and hence, of punishing perjury; moreover, the correspondences with Homer's Odyssey that have been recognized in several Empedoclean passages suggest the resonances that fr. 115 would have had in the minds of the audience. The cosmic journey of the daimon is associated with Odysseus' wanderings pursued by the four elements in books 5 and 12 of the Odyssey. Fr. 115 has, therefore, two levels of reference: Hesiod's Theogony is empedocles' model for the perjury and exile from the gods, while the Odyssey is the reference for the wandering through hostile elements. The fall of the daimon is thus reflected as the fall from poetry about the gods to poetry about men.