Anthropologie des techniques (original) (raw)

La technique est très peu pensée anthropologiquement. Dès que la technique existe, elle est utilisée sans être pensée. Or la légitimité ne vient pas de la technique elle-même. I. Introduction : enjeux d'une anthropologie des techniques A. Comment distinguer philosophie de la technique et anthropologie des techniques Technique : tekhné, savoir-faire Ce qu'une anthropologie des techniques n'est pas : Elle n'a pas vocation à être technophile ou technophobe. Le problème est d'envisager la technique à travers un système de valeurs. La philosophie de la technique a du mal à se préserver de ce biais, et à se garder d'un réquisitoire contre la technique. Le discours philosophique a dénoncé dès ses origines la nature potentiellement aliénante de la technique. Une des premières questions qui a été posée est celle du vol, et l'assimilation au mythe d'Icare est très présente. Notion d'ubris technique (démesure). La puissance humaine se heurte aux dieux. Prométhée luimême est le représentant de ce désaveu par les dieux de la puissance humaine. Dans Ménon, dialogue de Platon, cette ubris est dénoncée. François Jacob, épistémologue, à partir du texte de Platon, montre que dans le mythe d'Icare, on perçoit la technique à la fois comme libératrice et comme mortelle : « Dédale incarne la tekhné, qui permet d'atteindre à la maitrise du monde, qui permet à ses clients de s'abandonner à leur ubris, d'atteindre leurs folles entreprises… En Dédale se profile une science sans conscience. » Heidegger, conférence « La question de la technique » : le leitmotiv de sa pensée est que la technique moderne est aliénante, et nous impose ses propres valeurs. Y a-t-il une subordination grandissante de la société à la technique ou a contrario une réappropriation par la société de la technique ? La philosophie va se placer d'emblée sur le terrain de la finalité de la technique, donc se poser la question en termes éthiques.