Femmes et genre dans l'histoire de l'immigration. Naissance et cheminement d'un sujet de recherche (original) (raw)
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Travail et genre dans l'histoire des migrations antillaises
Travail, genre et sociétés, 2008
... « La bibliothèque du féminisme », pp. 201-222 ; Condon Stephanie, Marylène Lieber et Florence Maillochon, 2005, Insécurité dans les espaces publics : comprendre les peurs féminines, Revue Française de Sociologie, 46 (2) pp. 265-294. ...
Femmes, genre, migration et mobilités
Revue européenne des migrations internationales, 2005
Il est des exercices incontournables : parler de la féminisation des courants migratoires en fait partie, pour toutes celles et ceux qui prétendent un jour parler des femmes en migration. Tout se passe comme si l'on devait légitimer sans cesse cet objet de recherche. Personne jamais-ou si peu-n'entame une présentation de la migration masculine en indiquant des sex ratio. Constat réitéré d'un androcentrisme qui traverse encore les sciences sociales et qui fait de l'homme le référent universel. Tout se passe également comme si tout écrit sur les femmes migrantes devait débuter par les silences, les oublis, le rappel rituel de l'invisibilité des femmes. Pourtant plus de vingt ans ont passé depuis la publication du numéro d'International Migration Review (1984) consacré aux femmes migrantes et l'un de ses articles 'Birds of passage are also women' (Morokvasic, 1984) en réponse à la métaphore utilisée par Michael Piore (1979) relative à l'immigration, entendue comme la seule mobilité d'hommes. En outre l'information collectée depuis sur les femmes en migration est loin d'être négligeable. Nombreux sont les ouvrages, numéros spéciaux de revue, modules d'enseignement etc consacrés aux femmes et aux migrations et, depuis une quinzaine d'années, à la migration et au genre. On citera notamment les ouvrages suivants :
En décembre 2006, le Parlement espagnol approuvait une loi dAémigration dont le préambule rendait hommage aux « femmes qui durent émigrer, presque toujours dans le cadre du regroupement familial, supportant la double journée de travail domestique et de travail hors du domicile. À la discrimination de genre venait sAajouter la vulnérabilité de la femme émigrée en dehors de son pays. 150 » De fait, lAémigration féminine est un aspect important de lAhistoire de lAémigration espagnole. Les années 1960 ont vu partir non seulement des femmes mariées accompagnant ou rejoignant leur époux en France, en Suisse ou en Allemagne, mais aussi des jeunes femmes célibataires, parfois légalement mineures, embauchées comme domestiques ou comme ouvrières par les usines des pays riches dAEurope occidentale 151 . En plein régime franquiste , qui considérait les femmes comme des êtres soumis à la tutelle masculine, ces départs de femmes seules surprennent lAhistorien car, à première vue, ni les lois, ni les mentalités ne sAy prêtaient. Alors que lAhistoire des croyances et * Centre de recherches ibériques et ibéro-américaines, Université Paris-Ouest Nanterre. 150 Ley 40/2006, dite « Estatuto de la ciudadanía española en el exterior » (Exposición de motivos, I, 9). LAensemble des lois et textes législatifs cités dans cet article peut être consulté en ligne, sur le site du Boletín Oficial del Estado : http://www.boe.es 151 On rencontre aussi des cas de femmes mariées, partant en éclaireuses à lAétranger et que la famille (lAépoux et, sAil y en a, les enfants) rejoignent plus tard. Cette pratique sAexplique par la forte demande de femmes domestiques dans une ville comme Paris dans les années 1960. En 1968, il y avait en France 284 276 femmes de nationalité espagnole, représentant 47,3 % de la colonie : elles étaient 121 359 en 1954 (42 %). En 1968, 65 % des Espagnoles arrivant en France étaient célibataires et plus de la moitié avait moins de 25 ans. En Allemagne, en 1961, la moitié des immigrantes espagnoles étaient célibataires. Voir Sanz Lafuente G., « Mujeres españolas emigrantes y mercado laboral en Alemania, 1960-1975 », Migraciones & Exilios, n° 7, 2006
"Femmes et politiques d'immigration au Canada (1945-1967): au-delà des assignations de genre?"
English tile: "Women and Canadian Immigration Policy (1945-1967): Beyond Assigned Gender Roles?" Between 1945 and 1967, Canada received one of the largest waves of immigrants in its history: nearly three million people. In contrast to this intense activity, the lives of women during the same period are often represented as being immutable -- until their awakening in the late 1960s. It is difficult to imagine, however, that they paid little attention to the arrival of thousands of immigrants each year. In reality, the live experience of women between 1945 and 1967 was much more complex and nuanced than the representations of their apoliticism and maternal essentialism suggest. This thesis studies the role of women -- immigrants, politicians, professionals, housewives, members of associations and minority groups -- in shaping immigration policy between 1945 and 1967. Examining a domain considered as being somewhat outside of 'women's interests' offers the possibility of determining the true range of their interests, the spaces available to women for discussing and debating different issues and their means of conveying their views to decision-makers. An engagement with immigration policy would suggest an effort on their part to go beyond what was considered to be women's appropriate sphere. Analyzing the level of their involvement in immigration policy provides a method for interrogating the representations and socially assigned roles of women of the period as well as the social relations, power hierarchies and cultural tendencies that produced those roles. This analysés also promises to expose the barriers to women's involvement in the political public sphere and to deconstruct the discourses that circumscribe their actions.
«Migrations: genre et frontières-frontières de genre»
Nouvelles questions …, 2007
Ce numéro de Nouvelles Questions Féministes aborde la problématique des migrations dans une perspective de genre à partir de recherches menées en Suisse. Dans ce pays, les travaux traitant des migrations sont rares et récents et souvent peu connus dans le monde francophone. Comme dans la plupart des pays du continent européen, les migrations n'ont pas retenu l'attention des chercheur·e·s en Suisse jusqu'à il y a quelques années (Fibbi et Ogden, 1989). Quant au rôle du genre dans la configuration des processus migratoires, force est de constater que cette perspective est le parent pauvre de la production scientifique. À l'exception de quelques études pionnières qui évoquent la situation spécifique des migrantes (voir par exemple Braun, 1970), il faut attendre les deux dernières décennies du XX e siècle pour que des recherches portent explicitement sur les femmes dans les migrations (Fibbi, 1995 ; Prodolliet, 1995). Ces études permettent certes de mieux connaître les conditions de migration que les femmes vivent et affrontent, mais il reste beaucoup à faire pour comprendre et montrer comment les migrations contribuent à la production de la division et de la hiérarchie des sexes, et inversement comment le genre influence les processus migratoires. En réunissant des articles fondés sur des études menées en Suisse et intéressés par la dimension sexuée des phénomènes migratoires, notre objectif est de pointer des pistes pour de futures recherches sur cette thématique. Ce numéro fait ainsi écho à des publications francophones récentes (Zaidman, 2000 ; Hersent et Zaidman, 2003 ; Verschuur et Reysoo, 2005 1 ).