Oppositions kantiennes / polarités warburgiennes (images re-vue 2013) (original) (raw)

Il est devenu courant d’éclairer la pensée de Warburg en la mettant en rapport avec la philosophie nietzschéenne, la psychanalyse, l’anthropologie ou encore la théorie des émotions de Darwin. Pour fructueuses que soient ces associations, c’est néanmoins sous un angle différent, néokantien, que j’envisagerai ici les « formules véritablement antiques servant à l’expressivité exagérée du corps ou de l’âme ». Je ferai l’hypothèse que ces Pathosformeln et la structure psychique dont elles sont le symptôme peuvent être vues comme la réponse warburgienne au problème de la conciliation des oppositions d’entendement, qu’elles sont, en d’autres termes, une façon de « refuse[r] dans tous les domaines la pédanterie paralysante du « ou bien – ou bien », [non] pas faute de ressentir les contradictions dans toute leur acuité, mais par refus de les considérer comme irréductibles ». Non seulement les formules du pathos unissent des éléments en tension, mais la structure psychique dont elles sont le symptôme articule plusieurs pôles que les « abstractions de l’entendement séparateur », pour reprendre la formule hégélienne, pensent isolément.