"La réputation et ses dispositifs. Introduction", terrains & travaux 26, 2015 (original) (raw)
Les enjeux de la réputation à l’ère du numérique
Sécurité et stratégie
Un regard croisé entre les méthodologies de l'imaginaire et la théorie générale des systèmes est parfaitement pertinent, du fait des nombreuses analogies entre les deux approches. Il nous permet de mieux cerner les enjeux qui se présentent à nous dans le domaine du numérique. On s'efforcera de montrer, à travers quelques exemples empruntés à des univers totalement séparés (la symbolique des gravures rupestres ; le design automobile…) que, avec une grande constance, le modèle systémique associant ordre et désordre participe d'une symbolique du tissage en réseau : unitas multiplex. Dans ce contexte de complexité, l'avenir appartient peut-être aux ordinateurs quantiques… < ABSTRACT > A crossing between methodologies of imagination and the general theory of systems is quite possible, because of the numerous analogies between the two areas. Thus, we better understand the digital area as a stake. We aim to show, using some examples without any common point (rock drawing ; car design…), how, with a great stability, the systemic pattern associates order and chaos, as a part of a symbolism of weaving : unitas multiplex. In this context of complexity, quantum computers are perhaps the future… < MOTSCLÉS > Méthodologies de l'imaginaire, théorie générale des systèmes, complexité, structures du chaos, symbolique du tissage. < KEYWORDS > Methodologies of imagination, general theory of systems, complexity, structures of chaos, symbolism of weaving. < 188 > Interfaces numériques-n° 2/2015
2013
Introduction : Pourrait-on faire une sociologie de l'opinion sans les enquetes d'opinion et les sondages ? Pourrait-on faire une sociologie de la reception des medias sans les mesures d'audience ? Pourrait-on faire une sociologie des reputations sans les dispositifs d'opinion mining, de sentiment analysis (analyse de tonalite), ou de e-reputation qui emergent a foison depuis quelques annees ? Nous considerons qu'il est possible de ne pas toujours suivre ce formatage par les dispositifs operationnels, pour penser l'opinion, l'audience ou la reputation et nos travaux precedents l'ont amplement montre sur tous ces sujets, dans la lignee de Tarde (Boullier, 2004). Cependant, la puissance performative des dispositifs de sondages, des mesures d'audience et de e-reputation est telle qu'il est impossible de les ignorer ou de se contenter de les critiquer sommairement, comme ce fut souvent le cas pour les sondages ou les mesures d'audience. Nous no...
Coopération et mondes de la mode : L’organisation de la réputation
CITATIONS 0 READS 28 2 authors: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Wine, innovation and territory in Quebec View project Creative industries, Fashion industry, TI industry, numeric economy, innovation and new business modèles View project Amina Yagoubi Télé-université
La réputation comme douceur imaginaire
Phaeton, 2018
Si la critique de la réputation peut être considérée comme un « lieu commun » de la pensée du XVIIème siècle (Weil 1991), la plume de Montaigne exprime mieux que d’autres ce scepticisme à l’égard de la réputation. Paradoxalement, l’auteur des Essais et les gestionnaires contemporains partagent une certaine vision des phénomènes de réputation comme motif de l’action. Le postulat selon lequel la réputation est l’objet d’une quête commune aux hommes est au fondement des philosophies morales comme des entreprises de conseil en e-réputation, mais avec des logiques et des visées différentes. Les penseurs sceptiques et moralistes conseillent de ne pas trop s’en soucier, en raison de sa nature incontrôlable, tandis que les gestionnaires conseillent non seulement de s’en soucier mais de recourir à des professionnels pour rendre son contrôle plus performant.
Cette mauvaise réputation… Quand la « zone » fait des histoires (1895‑1975)
Ethnologie française, 2018
FR De la Belle Époque aux Trente Glorieuses, ou d’une fin de siècle à l’autre, la « zone » de Paris s’est imposée dans les imaginaires comme un territoire emblématique de la marginalité. Sur cette bande de terrain vague prise entre la ville intra-muros et sa banlieue ont vécu des Gitans, chiffonniers, vanniers et autres petits ouvriers mêlés à un monde interlope constitué de voyous et de brigands dont la réputation sulfureuse a déteint sur la zone tout entière. Cet article tente moins d’en faire l’histoire qu’il ne s’efforce de restituer les histoires dont elle a pu faire l’objet. Dans les romans, les journaux ou la musique populaire, la zone s’est ainsi affirmée comme le personnage incontournable d’un exotisme marginal prompt à effrayer la bonne société. Si les rénovations de Paris et les travaux du périphérique entrepris dans les années 1950 l’ont peu à peu effacée en tant qu’espace physique, nous verrons comment la zone a néanmoins subsisté en tant qu’espace symbolique des déclassés. EN From the Belle Époque to the Trente Glorieuses, or from one fin de siècle to another, the marginal territory of the Paris “zone” captured the public imagination. The wastelands of the zone, wedged between the intramuros city and its suburbs, were inhabited by Gypsies, ragpickers, basket-makers and other impoverished workers, but also frequented by thugs and gangsters whose unsavoury reputation coloured perceptions of the entire area. This article seeks not so much to record the history of the zone as to resurrect some of the stories it inspired. In novels, newspapers and popular music, the zone became the quintessential embodiment of a marginal exoticism that alarmed polite society. While the renovation of Paris and the construction of the boulevard périphérique from the 1950s gradually erased the zone as a physical space, it nevertheless survived as a symbol of society’s déclassés.
Compte rendu de Heinich (Nathalie), De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique
2013
En 2005, dans L'élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Nathalie Heinich s'était attachée à mettre en évidence les ressorts mis en jeu par artistes et écrivains, au cours du XIXe siècle, pour s'instituer en représentants d'une sorte d'élite aristocratique au sein de la démocratie bourgeoise, soutenue (et soudée) par des valeurs collectives-singularité, vocation, gratuité luxueuse, désintéressement affiché-autant que par une supériorité sociale résultant d'une compétence proprement esthétique 1. Anthony Glinoer en a rendu compte ici même 2 par le détail, soulignant, malgré quelques réserves, qu'avec cet ouvrage important, Heinich a marqué une étape de plus dans l'analyse sociale de l'espace artistique moderne, au confluent des représentations imaginaires et du réel, sans rompre cependant-en tout cas moins qu'elle ne le pense-avec les apports en ce même domaine de la sociologie des champs symboliques développée par Pierre Bourdieu 3 , la théorie de l'institution de la littérature de Jacques Dubois 4 et encore moins avec la sociologie des Mondes de l'art d'Howard Becker 5 .