Baret F. (2015) Les agglomérations secondaires gallo-romaines dans le Massif Central. Prospection thématique, Bilan Scientifique Régional 2014, SRA Limousin, Limoges : 49-51. (original) (raw)

Le développement du LIDAR a révélé ces dernières années la présence de nombreux parcellaires fossilisés sous les couverts forestiers dits anciens. Dans les forêts de la basse vallée de la Seine explorée grâce à un relevé lidar, la découverte d'habitats ruraux laténiens et gallo-romains à proximité de ces parcellaires fossiles laisse supposer qu'ils ont fonctionné à ces périodes. A l'exception de quelques cas très particuliers, il est cependant très difficile de les dater avec plus de précisions, puisque les limites parcellaires peuvent perdurer dans le temps, être remodelées, réorientées, disparaître du paysage voire être réactivées si l'emprise foncière est restée inchangée. L'une des clefs de datation de ces structures paysagères est donc la caractérisation des réorganisations et morphologies de parcellaires à l'échelle régionale. Une première approche chronologique de ces phénomènes peut-être issue de l'analyse de la périphérie des nombreux habitats ruraux laténiens et gallo-romains fouillés ces 25 dernières années lors d'opérations archéologiques préventives. La quantification des parcellaires s'est faite en mesurant en mètres linéaires les fossés parcellaires par période de 50 ans. En comparant le volume de fossés parcellaires nouvellement creusés par rapport à ceux comblés, il est possible d'appréhender l'évolution des parcellaires. Sauf exception, comme l'habitat d'élite du Bois de Parville (27), aucun parcellaire laténien n'a été identifié. L'occupation gauloise correspond à des habitats isolés, parfois associés à une parcelle agricole isolée et ceinturée par un fossé. Il est néanmoins intéressant de noter que ces établissements ont à l'échelle locale, une orientation similaire témoignant d'une certaine structuration commune, à l'image des nombreux habitats découverts sur la commune de Val-de-Reuil (27), ou ceux identifiés au coeur du plateau de Caux (76). Dans la basse vallée de la Seine, la structuration du paysage sous forme de parcellaires semble réellement apparaître au milieu du I er siècle après J.-C. Lorsqu'il existe une continuité de l'occupation entre La Tène finale et le Haut-Empire, il est important de noter que l'orientation du parcellaire antique coïncide quasi systématiquement avec celle de l'enclos ceinturant l'habitat gaulois. Les fossés de ces parcellaires mis en place au début de l'Antiquité seront néanmoins en grande partie comblés à la fin du Haut-Empire, comme le montre la grande majorité des sites où l'occupation perdure pendant l'Antiquité tardive. Cette étude amène par conséquent des arguments pour supposer que les parcellaires identifiés sous forêts peuvent en grande partie est rattaché à la période du Haut-Empire, à la condition qu'ils ne soient pas réactivés dans la première partie du Moyen-âge. Les premiers résultats de la fouille de la villa du "Grésil", localisée au centre de la forêt de La Londe/Rouvray, semblent appuyer cette hypothèse. La campagne prévue l'été 2016 apportera probablement de nouvelles données à cette problématique.