Les nouvelles régions françaises : des géants géographiques aux attributions minuscules (original) (raw)

Nouveaux noms de régions françaises et marketing territorial : quand le grand, le haut et le nouveau ratent ce que l'Occitan réussit

Néotoponymie, 2016

Une réforme de la carte des régions françaises, à la fois collectivités territoriales dotées d'un conseil élu et circonscriptions administratives à la tête desquelles se trouvent un préfet nommé par le pouvoir central, est intervenue en 2015. Cette réforme consiste en la fusion de régions existantes pour passer de 22 à 13 régions en France métropolitaine. Il ne s'agit certes pas d'une refonte du système français d'administration territoriale, mais plutôt d'une opération qui accroit le gap entre le niveau des intercommunalités et celui de la région administrative, écartant davantage la perspective de la disparition des départements ou au moins des conseils départementaux. Comme pour toute opération de recomposition territoriale, l'apparition de nouvelles entités s'acompagne du choix de leur chef-lieu et de leur nom. S'agissant d'entités issues de fusion se pose la question du destin et de l'évetuel réemploi des noms et des capitales préxistantes. Nous allons ici nous intéresser à la néotoponymie régionale induite déjà largement commentée. Les nouvelles régions françaises se sont donc dotées de leurs noms de baptême en 2016. Ceux-ci et les réactions qu'ils engendrent sont tout sauf anecdotiques. On sait à quel point la nomination est au coeur des processus d'identification et comment elle est susceptible d'orienter l'appropriation des nouveaux territoires par leurs habitants à titre individuel et collectif. Par ailleurs, les noms assurent une visibilité et donnent éventuellement une plus value aux territoires dans le cadre d'un positionnement compétitif dans la mondialisation. Ces nouveaux noms viennent donc parachever le processus de passage aux (plus) grandes régions dans une double perspective d'identification et de marketing territorial. L'équation toponymique semblait certes difficile, mais clairement identifiée: a) assurer une cohésion interne, autrement dit dépasser les tensions géopolitiques internes, et b) assurer un régime de visibilité au niveau international en valorisant la ou les ressources régionales identifiables. Les nouvelles nominations relèvent elles ce double défi ? La carte des 13 régions appelait des nouveaux noms pour au moins les 7 nouvelles issues de fusion. Deux ont choisi (pour l'instant) d'en rester à l'addition de ceux de leurs anciennes régions fusionnées : Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté, tandis que 5 se sont dotées d'un véritable nouveau nom éventuellement complété à titre secondaire par celui des anciennes régions. Nous avons donc les régions : Hauts-de-France ; GrandEst (Avec en nom secondaire: Alsace Champagne-Ardennes Lorraine) ; Nouvelle Aquitaine (avec en nom secondaire Aquitaine-Limousin–Poitou-Charentes), Occitanie (avec en nom secondaire Pyrénées-Méditerranée) et Normandie. En ce qui concerne le positionnement toponymique de ces nouvelles entités, ils sont révélateurs des aspirations des exécutifs qui ont piloté l'opération et des citoyens qui ont joué le jeu des différents types de consultations préalables. Celles-ci ont été organisées dans une perspective de démocratie participative désormais systématique pour les questions de néotoponymie. On a pu encore à cette occasion constater les limites ou l'encadrement de l'exercice, avec des consultations surtout destinées à faire émerger ou valider des propositions filtrées et complétées par des comités ad-hoc sous contrôle des présidences de région. Ainsi un nom retenu in fine (GrandEst) fut introduit par l'exécutif dans les propositions soumises au vote bien que ne figurant pas dans liste préétablie par le comité d'experts et de citoyens. L'héritage toponymique régional de la fin des années 1950

Vers un régionalisme néolibéral ? La nouvelle carte des régions françaises

Cette communication entend montrer pourquoi le maillage des nouvelles régions françaises est inspiré par la rationalité néolibérale. Le découpage des territoires institutionnels résulte souvent de compromis entre des attentes diverses, ces opérations étant portées par des acteurs aux motivations hétérogènes et potentiellement contradictoires. Il n'est pas rare cependant de pouvoir lire dans certaines cartes dessinées, par-delà les rapports de force entre les courants d'opinion en présence, la manifestation d'une aspiration dominante à un certain ordonnancement politique de l'espace. Au XVIII ème siècle par exemple, l'égalitarisme juridique qui anime la pensée des Lumières a ainsi influencé la grille uniforme imaginée par Thomas Jefferson lors de la préparation des Land Ordinance de 1784 et 1785 pour administrer le territoire des États-Unis ou la façon dont les révolutionnaires français ont, peu après, pensé le découpage départemental. Établir un lien entre des qualités politiques et des formes territoriales ne va pourtant pas de soi et fait l'objet de controverses et de luttes politiques parfois intenses, obligeant les promoteurs de tel ou tel modèle territorial à formaliser leur vision dans une doctrine explicite. C'est ainsi qu'est né en France, au cours du dernier tiers du XIX ème siècle, le mouvement régionaliste, terme inventé pour rassembler alors toutes les forces engagées contre l'héritage territorial des périodes révolutionnaire et impériale (la commune, le département puis la centralisation). Incarné par la Fédération Régionaliste de France créée en 1901 sous l'impulsion de Jean Charles-Brun, ce mouvement s'accompagne de plusieurs propositions de découpages de la France en régions. Ce régionalisme est caractérisé par une grande hétérogénéité de convictions de la part de ses militants. Cette variété fondatrice reste un élément structurant de la pensée régionaliste tout au long du XX ème siècle. Une synthèse des travaux comparatifs menés dans ce domaine de l'histoire des idées permet d'identifier cinq familles : le régionalisme naturaliste, le régionalisme réactionnaire, le régionalisme administratif, le régionalisme décentralisateur, le régionalisme fonctionnel (

Les « grands territoires » médiévaux dans la lunette du géographe

Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2011

The paper is written by a geographer who is accustomed to exchange ideas with medieval historians concerning the topic of territory. Starting with an overview of the notion of « big territory », it questions why this term is so much used, nowadays, in the geographic and in the historical academic debate, and it gives a few arguments in order to strenghten the ties between both fields. Then, focussing on medieval mobilities and ways of life, the author underlines the skills (perception of space and ability to cross wide open spaces) used by men and societies, even in times of scarce information and resources. If the very local territory is well known and controlled through feodality, the big one (the kingdom or the Christiendom) can't be more than a mere ideologic or spiritual vision. Therefore, the paper shows the role of cities in the scaling of political power. Résumé : L'article est rédigé par une géographe qui collabore régulièrement avec une équipe d'historiens médiévistes autour des thématiques du territoire. Il propose une réflexion transversale sur la notion de grand territoire. Le texte questionne d'abord les raisons de l'actualité de cette notion en géographie et en histoire, et plaide pour une plus grande proximité des questionnements et des méthodes. Puis il interroge les grands types de pratiques spatiales au Moyen Âge sous l'angle des compétences territoriales développées par les contemporains, ainsi que la persistance des « grands territoires », en tant qu'espaces vécus et espaces perçus. Il s'attache enfin à articuler les différentes échelles territoriales, du local au global, en soulignant le rôle essentiel des villes dans le gouvernement des grands territoires.

Quelques réflexions sur les « vieux » et les territoires gérontologiques

2010

Distribution électronique Cairn.info pour Fondation Nationale de Gérontologie. Distribution électronique Cairn.info pour Fondation Nationale de Gérontologie. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2010-1-page-87.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

La minoration / majoration appliquée aux régions : le cas de l'Alsace

Cahiers de sociolinguistique, 2005

Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-sociolinguistique-2005-1-page-67.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

L’image de marque des régions françaises : évaluation du "capital territoire" par le grand public

2013

Les regions se trouvent aujourd’hui confrontees a une logique concurrentielle qui les conduit a une reflexion marketing integrant la mesure de leur image percue. Sur la base d’une collecte realisee en colla- boration avec l’IFOP et l’Association des Regions de France (ARF) aupres de 1600 personnes, une typolo- gie des 22 regions metropolitaines est etablie sur la base de leur pouvoir et de leur richesse d’evocation, de la valence des associations et du comportement de visite de ces territoires. La typologie mise en evi- dence par l’analyse prototypique et categorielle conduit a degager des preconisations manageriales pour les decideurs au sein des collectivites locales.

Proximité territoriale et dynamique des AOC françaises

Revue internationale P.M.E.: Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, 2014

Le modèle des appellations d’origine contrôlée (AOC), qui a assuré le succès des producteurs français pendant des décennies, est une forme exemplaire de stratégie collective territorialisée, fondée sur une combinaison de relations de coopération et concurrence entre acteurs locaux. Nous nous proposons d’analyser ce modèle en mobilisant les concepts de l’économie de la proximité, au croisement entre économie industrielle et économie spatiale ; notre objectif est d’appréhender le rôle de la proximité organisée sur la performance économique d’un vignoble. Dans une première partie, nous montrons comment l’approche par la proximité permet d’analyser les stratégies collectives territorialisées dans la filière vin, en détaillant plus précisément la stratégie dite « de terroir », dans laquelle s’inscrivent les AOC françaises. Dans une seconde partie, nous appliquons notre grille de lecture au cas particulier de deux vignobles – Cahors et Chablis. Nous suggérons que des degrés de proximité o...

Le Plan Nord, monstre à deux têtes et autres chimères géographiques

2011

Ce texte cherche à dépeindre la duplicité du « Plan Nord » en matière de développement. Le Plan Nord présente en effet deux visages : si l’un d’eux affiche une image du développement axée sur les dimensions culturelle et sociale et permet d’envisager le Nord comme un chantier interculturel, l’autre visage, en contrepartie, accuse un regard essentiellement économiste et capitaliste du développement et prône l’exploitation rentable des ressources premières. Dans notre perspective, principalement géographique, les promoteurs et les acteurs du Plan Nord sont en voie d’imposer les vues « sudistes » sur le Nord et restent avant tout aveugles aux pistes de dialogue culturel qui se présentent à eux. Il s’agit là surtout d’un vieux scénario à la veille de se répéter. Plan Nord, Two-headed Monster and Other Geographic Chimeras This paper aims to depict the Plan Nord’s duplicity with regards to development. The Plan Nord shows two faces: whereas one of them explores the cultural and social dimensions of development so as to conceive of the North as a vast cross-cultural field, the other face, by contrast, focuses on an exclusively economist and capitalist vision, which encourages the profit-based exploitation of natural resources. In our perspective, which is chiefly geographical, promoters and actors of the Plan Nord run the risk of imposing once again a “southern” view of the North and not engaging in the path of cross-cultural dialogue. This is history repeating itself. El “Plan Norte”, monstruo de dos cabezas y otras quimeras geográficas Este texto busca describir la duplicidad del “Plan Norte” en materia de desarrollo. El “Plan Norte” presenta, en efecto, dos caras. Mientras que una de ellas presenta una imagen del Norte centrada en las dimensiones cultural y social, y permite verlo como una obra intercultural, la otra, en contrapartida, resalta una mirada esencialmente economicista y capitalista del desarrollo, y propugna la explotación rentable de las materias primas. Desde nuestra perspectiva, principalmente geográfica, los promotores y los actores del Plan Norte van camino de imponer las visiones del Sur de Quebec sobre el Norte y hacen oídos sordos a las pistas de diálogo cultural que se presentan. Esto insinúa un escenario antiguo, ya conocido, a punto de ser repetido.

NOUVEAUX DÉFIS DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

La politique française d'aménagement du territoire est désormais inadaptée aux réalités d'aujourd'hui. Elle est fondée sur des paradigmes dépassés dans un monde globalisé, internationalisé et mondialisé, sur quatre leurres : la métropolisation, la logique centre/périphérie, la multiplication des schémas et la recentralisation. Les défis de l’aménagement du territoire appellent quatre propositions. [The French policy of spatial planning is now adapted to today's realities. It is based on outdated paradigms in a globalized world, four lures: metropolisation, the logical center / periphery, the proliferation of schemes and recentralization. The challenges of spatial development four proposals call.]

Régions françaises : petit dictionnaire des idées reçues

Population & Avenir, 2014

Le gouvernement de la France compte diviser par deux le nombre de régions et passer ainsi de 22 à 12 en métropole. Pour comprendre cette démarche, il con-vient au préalable de balayer quelques idées reçues.