Émigration paysanne et vulnérabilité des territoires ruraux dans les Andes équatoriennes. Une analyse en image depuis la périphérie de Cuenca (2015) (original) (raw)
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(Français). L’émigration paysanne est à l’heure actuelle l’une des dynamiques les plus importantes à l’origine des recompositions territoriales dans les Andes rurales d’Equateur. Dans la paroisse Octavio Cordero Palacios, située à proximité de la ville de Cuenca, la diminution de la main-d’œuvre au cours des trois dernières décennies a entraîné une profonde transformation des usages du sol, en témoignent le développement de l’élevage laitier et du maraîchage, deux symboles de l’adaptation des unités de production familiales au contexte migratoire et à la croissance urbaine. Dans ces conditions, les économies domestiques changent, sous le double effet des transferts monétaires depuis l’étranger et de l’intégration marchande, mais pour une partie des familles paysannes seulement, car beaucoup d’entre elles demeurent encore dépendantes de salaires locaux pour leur subsistance. Ainsi, cette thèse propose d’étudier la variété des stratégies paysannes dans l’une des localités de la sierra équatorienne où l’émigration internationale est la plus ancienne. Pour cela, elle s’intéresse principalement aux facteurs de différenciation des économies domestiques et soulève en parallèle la question du pouvoir en milieu rural, en décrivant le rôle des anciens migrants dans la dynamique territoriale locale. (English). Today Farmers’ emigration is one of the most significant dynamics leading to territorial rearrangements in the rural Ecuadorian Andes. In the parish of Octavio Cordero Palacios, located close to Cuenca, the decrease in labour over the past thirty years has led to a profound transformation of land use, as evidenced by the development of dairy and vegetable farming, that both symbolize the way family production units adapted to the migratory context and to the urban growth. In these circumstances, household economics are changing, due to remittances and to their commercial integration. Yet, a narrow subset of these families is involved in these mutations, since most of them still depend on local incomes to subsist. This study will thus examine the various sorts of farming strategies in one of the villages of the Ecuadorian Sierra, from which the oldest wave of migrants originated. To achieve this, this study will mainly concentrate on the differentiating factors of household economics and will question the power issue in local areas, by describing the role played by the oldest migrants in the local territorial dynamic. (Español). La migración campesina es actualmente una de las dinámicas más importantes al principio de las recomposiciones territoriales en los Andes rurales del Ecuador. En la parroquia Octavio Cordero Palacios, ubicada a proximidad de la ciudad de Cuenca, la disminución de la mano de obra durante las tres últimas décadas ha provocado transformaciones profundes del uso del suelo, como lo indican el desarrollo de la ganadería lechera y de horticultura, dos símbolos de la adaptación de las unidades de producción familiar al contexto migratorio. En estas condiciones, las economías domesticas cambian, bajo el doble efecto de las remesas y de la integración comercial, para una parte de las familias únicamente porque muchas de ellas se quedan dependientes todavía de los salarios locales para su subsistencia. Así, esta tesis se propone estudiar la variedad de las estrategias campesinas en una de las localidades de la sierra ecuatoriana en donde la migración internacional es la más antigua. Para eso, se interesa principalmente a los factores de diferenciación de las economías domesticas y plantea la cuestión del poder en el medio rural, describiendo el rol de los migrantes más antiguos en la dinámica territorial local.
En Equateur, l'émigration international des paysans andins constitue actuellement la dynamique la plus importante à l'origine des recompositions territoriales en milieu rural. Si cette émigration est en grande partie responsable de la diminution de la main-d'oeuvre, elle entraîne en retour des changements profonds aussi bien au niveau paysager que socioéconomique. De fait, l'émigration internationale apparaît comme la forme contemporaine de la pratique paysanne de la mobilité, et ainsi, elle participe à l'intégration toujours plus évidente des localités andines dans la mondialisation. Ce texte propose donc un point de vue géographique sur le thème de la « glocalité », en examinant le lien entre la dynamique migratoire actuelle et les transformations territoriales dans les Andes équatoriennes, à partir du cas de la paroisse de Juncal située dans la province du Cañar.
Depuis très longtemps, les populations paysannes de la région andine se distinguent par leur grande mobilité. L'anthropologue J. Murra a montré que bien avant les Incas, différentes ethnies de l'actuel Pérou parvenaient à tirer parti du contrôle vertical de plusieurs étages écologiques, en établissant pour cela des colonies permanentes entre le littoral et le versant oriental de la cordillère. Si ce « modèle en archipel » devait assurer la subsistance des populations, grâce aux échanges de denrées produites sur la côte, en altitude et dans ce qui est aujourd'hui la région amazonienne, il impliquait de fait une intense mobilité des individus qui devaient assurer le transport des aliments vers les différents noyaux de peuplement (Murra, 1975).
Dans les Andes équatoriennes, l’émigration paysanne fait partie des dynamiques les plus importantes à l’origine des recompositions du milieu rural. Dans la paroisse Octavio Cordero Palacios, l’une des localités où la dynamique migratoire est la plus ancienne, de nombreux conflits se sont développés ces dernières années entre des anciens migrants, armés d’un pouvoir économique important, et le reste de la population paysanne. Ce texte s’intéresse en particulier aux circonstances exceptionnelles qui ont conduit à la division et à la privatisation des terres collectives de la comuna (communauté paysanne) de San Luis, laquelle pourrait bien être le premier exemple d’une longue série de conflits fonciers dans le contexte migratoire qui caractérise actuellement de nombreuses régions rurales d’Equateur.
Les pays andins : fragilités d'une zone émergente
Esprit, 2014
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Nature des villes, nature des champs, 2018
Over the last decades, rural areas of the Ecuadorian Andes have undergone deep transformations in a liberal economic context synonymous with a weakening of family farming. Therefore, in some areas, particularly in the province of Azuay, peasant migration has increased a lot and has caused important agrarian transformations. On the one hand, cultivated and forested areas have decrased while on the other hand grazed areas have increased. Beyond the obvious loss of agro-biodiversity, which is now forcing farming families to buy their own food, the migratory context is also inducing major environmental degradations which are now endangering the smallest farms’ activity. Thus, peasant emigration, instead of increasing rural development rather seems to exacerbate the economic and environmental vulnerability of family farmers. In view of this alarming situation, this text, which presents the results of a research conducted in 2014, also insists on the necessity to rethink the development of the rural territories with a redefinition of urban-rural linkages.