La représentation de l'aristocratie sénatoriale chez Perse : portrait à charge ou à décharge ? (original) (raw)
La représentation des élites : aristocraties politiques et aristocraties intellectuelles. Journées de l'équipe Rome et ses renaissances, INHA, EPHE, Paris, 3-4 avril 2009
Lorsque l'on s'intéresse à la représentation de l'aristocratie dans la satire, on songe aussitôt à la virulence avec laquelle un Perse ou un Juvénal stigmatisent la supposée décadence de l'élite politique sous l'Empire. On pense par exemple, dans la première satire de Perse, au vieux patricien chauve et bedonnant débitant ses mauvais vers devant des amis qui le louent chaleureusement, mais se moquent de lui dès qu'il a le dos tourné. On se souvient également des matrones de la satire 6 de Juvénal qui, lorsqu'elles ne sont pas débauchées, sont des précieuses ridicules qui parsèment leur conversation de mots grecs et ne cessent de s'extasier devant les portraits de leurs ancêtres. Il ne s'agit pas ici d'interroger une nouvelle fois la valeur historique de ces représentations. Cette question a été abondamment traitée et la plupart des commentateurs s'accordent aujourd'hui pour considérer que la colère du satiriste fait partie des codes du genre et que la satire ne saurait être réduite à un témoignage sur la réalité 1 Sous le Haut-Empire, la situation est plus complexe. Auguste entreprend une réforme des ordres et distingue l'ordo senatorius et l'ordo equester. Pour appartenir à l'ordo senatorius, il faut posséder au moins un million de sesterces. Pour appartenir à l'ordo equester, il faut un cens d'au moins 400 000 sesterces. L'ordo senatorius constitue encore l'élite sociale dans le système d'Auguste, mais dans la vie politique, l'ordo equester prend très vite l'ascendant, jusqu'à devenir une nouvelle noblesse politique sous l'Empire. En théorie, le sénat est le seul organe républicain à survivre à l'avènement du principat : dès le règne de Tibère, on . Mais la colère du satiriste, pour être codée, ne s'exerce pas moins sur des victimes soigneusement choisies. Il convient donc de se demander pourquoi le satiriste s'attaque à l'élite politique et quels sont les enjeux et la visée d'un tel portrait à charge. Le sujet est vaste et nous nous contenterons ici d'apporter quelques éléments de réponse à travers l'exemple de la première satire de Perse.