Sylvain Mary, "Renseignement, propagande et réseaux gaullistes outre-mer sous la IVe République", Revue Histoire, économie et société, n°4, 2015 (original) (raw)
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Sylvain Mary, De l'empire colonial aux "confettis de l'Empire" : la Rue Oudinot et le renseignement ultramarin », dans Olivier Forcade et Sébastien-Yves Laurent (dir.), Dans le secret du pouvoir. L'approche française du renseignement (XVIIe - XXIe siècle), Paris, Nouveau Monde éditions, 2019, p. 473-490.
Dès le dernier tiers du xve siècle, en France, un nouveau média vient compléter et même prolonger l’information politique officielle : des brochures en vernaculaire, imprimées principalement à Paris, Rouen et Lyon. Muets lors des défaites militaires, triomphalistes lors des victoires et bavards sur l’éclat des réjouissances et la grandeur du prince, les substrats repris par les éditeurs et publiés dans ces bulletins supportent la politique et l’idéologie royales. En dépit de la nature de ces composants élémentaires et des discours qu’ils véhiculent, la Couronne n’a pas orchestré la production de ces brochures. Dès lors, les livrets de cette première presse politique éditée sous les règnes de Charles viii et Louis xii constituent des canaux informels de l’information politique dont la dimension propagandiste vient essentiellement des textes mis en imprimé. Ils diffusent les idées qu’il fallait avoir sur la royauté, le roi et ses actions. Par la mise en sème et en scène des heurs et malheurs de la cour royale et des hauts faits de l’armée, les brochures font également agir leurs lecteurs-auditeurs en les enjoignant à soutenir le Roi de France, en particulier par la prière.
La propagande est au cœur du “gouvernement des hommes”. Elle n’existe pourtant que sous une forme déniée dans les démocraties représentatives. En France, cette dénégation a historiquement pris l’expression d’un mythe puissant : celui d’une incompatiblité de natu- re entre la République et la propagande. Contrairement à une idée assez répandue, ce mythe s’est forgé dès avant Vichy, dans un ensemble de processus sociaux et politiques qui ont exclu la possibilité d’une administra- tion de la propagande durant les années trente. Des hommes comme Philippe Berthelot, Jean Giraudoux, Camille Chautemps ou Louis Joxe, ont plusieurs fois tenté d’organiser la propagande de l’État et ce tout particulièrement lors de la “drôle de guerre”. Il reste qu’au- cune de ces tentatives n’a jamais vraiment abouti et que la situation très ambiguë de la pro- pagande d’État s’est vue rationalisée sous la forme d’une incompatiblité d’essence. Au carrefour d’une histoire de la communication publique et d’une sociologie des espaces politiques, bureaucratiques et intellectuels de la fin de la IIIe République, cet ouvrage éclai- re ces tentatives aujourd’’hui oubliées au profit de la seule expérience de Vichy. il aborde ainsi plus largement les relations complexes entre l’État et l’Opinion en démocratie.
L'étude des rapports entre le Parlement de Paris et l'opinion s'est souvent concentrée sur l'action politique de cette institution au cours du XVIII e siècle et sa réception par le public 1 . Les travaux portant sur son histoire politique au XVI e siècle, plus rares, analysent surtout les rapports entre le roi et sa cour de justice à travers l'enregistrement des édits 2 . Ils tiennent implicitement pour acquis que la vérification des édits et ordonnances et les conflits qu'ils génèrent autour de la législation royale donnent au parlement une dimension politique, puisqu'ils portent sur le respect ou non, par la loi, du bien commun et intéressent toute la communauté. Pourtant, la plus grand part de l'activité de cette cour souveraine parisienne est celle d'un tribunal, chargé de juger pour le roi, en dernier ressort au civil comme au criminel les causes d'appel et en première instance les procès des nobles et les crimes de lèse-majesté. Son activité judiciaire vise à mettre fin, par ses arrêts, à des conflits entre particuliers ou des groupes afin de restaurer la paix civile. Les parties, en faisant appel aux tribunaux royaux, choisissent de donner une forme judiciaire à des conflits qui ne sont d'ailleurs pas forcément terminés par une décision officielle, beaucoup de conflits étant résolus par des transactions entre justiciables avant la prononciation d'un arrêt définitif. Les procès peuvent eux aussi donner lieu à une politisation de l'activité parlementaire, dans la mesure où l'arrêt rendu est susceptible de faire jurisprudence, de créer un précédent qui intéresse là encore toute la société. Plus encore, la dimension politique de l'action parlementaire tient à la procédure qui est adoptée : pour parvenir à une décision engageant l'institution, il faut au préalable exprimer des points de vue contradictoires, ce qui est le fait soit d'avocats lors d'un procès, soit des magistrats eux-mêmes devant un texte législatif. Paradoxalement, les délibérations du parlement sont donc politiques de par ce double mouvement d'expression et de réduction des opinions, sans l'être véritablement, du fait qu'elles doivent rester secrètes. Seule la publicité, en effet, permet de parler véritablement d'une politisation de l'activité parlementaire, qui prend alors la forme de commentaires et des discussions publiques touchant le processus décisionnel interne à la cour souveraine. Afin de rendre compte de cette tension entre secret et publicité, j'envisagerais tout d'abord le caractère fondamental de la notion d'opinion dans le processus délibératif au Parlement de Paris, puis la politisation de l'opinion parlementaire, soit du fait des magistrats, soit malgré eux. 11 AN, x 1a 1606, fol. 389. 12 AN, x 1a 1578, f. 507v, le 14 avril 1554.
« Politique de l’urgence contre la décolonisation ? Jacques Foccart, conseiller présidentiel pour les DOM (1958-1974) », dans Olivier Forcade, Jean-Pierre Bat, Sylvain Mary (dir.), Jacques Foccart: archives ouvertes (1958-1974). La politique, l'Afrique et le monde, Paris, PUPS, 2017, p. 239-254.
"Gaullistes et socialistes au prisme du pouvoir local", Vingtième siècle. Revue d'histoire, 2012/4
La scène politique marseillaise constituerait-elle le négatif de l'histoire politique nationale ? Cette étude « en miroir » et « par en bas » des rapports entre gaullistes et socialistes à Marseille en témoigne, en même temps qu'elle pointe l'irréductible spécificité des contextes locaux. Si les gaullistes marseillais, déchirés entre projet national et gestion locale, échouent dès 1947 à rassembler les droites autour d'un champion charismatique, le système Defferre (1953-1977) repose, quant à lui, sur l'ancienneté de son implantation locale et de ses relais médiatiques, sur l'héritage du socialisme municipal et sur l'alliance tacite avec les gaullistes nourrie d'une hostilité commune à un Parti communiste dominant mais isolé. La vie politique marseillaise montre combien les personnalités et les cultures politiques locales, et même le contexte de la guerre froide et de la guerre d'Algérie, donnent un rythme propre à l'histoire locale.
2012
Le forum en Gaule et dans les régions voisines, p. 103 à 110 'état de connaissance des fora d'Aquitaine 1 est bien représentatif de celui des centres civiques des provinces gauloises. La province augustéenne compte vingt-et-une cités et donc vingt-et-un fora. Or, seuls quatre d'entre eux sont attestés par l'archéologie et ont fait l'objet de publications : Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne), Limoges (Haute-Vienne), Périgueux (Dordogne) et Javols (Lozère) 2 , et encore leur connaissance est-elle seulement partielle. On peut ajouter aux précédents quatre fora supplémentaires : ont été partiellement restitués Auch (Gers), grâce à des fouilles préventives menées par l'INRAP 3 , Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) grâce à la réinterprétation de vestiges anciennement connus ainsi qu'à des visites systématiques de caves 4 , Dax (Landes), suite à une nouvelle lecture des structures dégagées entre 1978 et 1980 5 , et peut-être Rodez (Aveyron) si l'on tient compte d'une relecture récente.