Le medium est l'archive (original) (raw)
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Dix-septième siècle, 2006
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Le futur de l'archive et l'archive de demain
Francophonie vivante ("Archives : le futur du passé", dir. Myriam Watthee-Delmotte), 2019
Contrairement à l'image poussiéreuse que lui prête l'imaginaire populaire, l'archive est avant tout une affaire d'avenir. Dans la mesure où elle tend vers ce futur qui la détermine, l'archive se caractérise par l'incertitude. Comme l'écrivait Jacques Derrida : « L'archive, si nous voulons savoir ce que cela aura voulu dire, nous ne le saurons que dans les temps à venir. Peut-être. Non pas demain mais dans les temps à venir, tout à l'heure ou peut-être jamais » 1 . Si sa valeur de preuve ou de témoin, son interprétation, son exposition semblent sans doute les usages les plus élémentaires lorsque l'on tente d'aborder la relation qui unit l'archive à l'avenir, puisque tout document est susceptible de pouvoir faire sens -en particulier dans le domaine des archives littéraires (si l'on veut bien se souvenir de la légendaire provocation de Victor Hugo, qui estimait que même ses notes de blanchisserie appartenaient aux archives susceptibles d'éclairer son oeuvre) -, il y a également lieu de se soucier de la collecte de l'archive, de sa conservation, des moyens de sa mise à disposition au public et de sa diffusion éventuelle. Les quelques lignes qui suivent n'ont en aucun cas la prétention d'apporter des réponses précises quant au futur de l'archive mais, en revanche, d'amener le lecteur à s'interroger sur les formes de l'archive de demain.
De l’œuvre aux discours : quand l’archive témoigne
Critique d’art, 2004
En juin 1970, Gina Pane présente à la Galerie Rive droite l'installation Acqua alta/Pali/ Venezia. Vigoureusement défendue par Pierre Restany dans la préface du catalogue de l'exposition 1 , l'oeuvre n'obtient pas pour autant les grâces d'un François Pluchart qui, dans les pages de Combat, déplore son manque d'efficacité tout en la jugeant "ni vraiment moderne, ni vraiment inactuelle" 2. Il s'agit là des tous premiers mots que consacre le critique au travail de l'artiste, des mots auxquels Gina Pane s'empressera de répondre par le biais d'un courrier combinant croquis et note explicative 3. Par des voies semblables, l'artiste s'était déjà manifestée auprès de P. Restany, quelques mois auparavant, afin de solliciter l'intérêt du critique pour les oeuvres en question 4. En avait résulté une collaboration très fructueuse. Contre toute attente et malgré les circonstances houleuses de leur premier contact, c'est une relation bien plus féconde qui allait naître entre F. Pluchart et l'artiste. Les documents de Gina Pane conservés dans les dossiers de P. Restany et de F. Pluchart, comme ceux rassemblés par Dany Bloch et Aline Dallier, témoignent directement des liens établis par l'artiste avec chacun de ces critiques dans les années 1970. Très proches de la forme définitive sous laquelle ils furent restitués en exposition ou dans les revues, ces documents nous projettent, entre dessins préparatoires et notes d'intention de l'artiste, au coeur même de l'élaboration de l'oeuvre. Riche de 264 photographies, la documentation iconographique rassemblée par F. Pluchart illustre abondamment la pratique de l'artiste sur une période qui s'étend de 1968 (Pierres déplacées) à 1984 (Le Martyre de Saint Sébastien d'après une posture de Memling, partition pour un corps) 5. Au gré des 108 lettres qu'elle lui adressera parallèlement-de manière très régulière, jusqu'à la mort du critique en 1988-s'expriment avec sincérité les doutes et la ferveur qui animent l'artiste au quotidien de sa pratique 6. La place occupée par Gina Pane au sein du parcours des critiques est tout autant éclairée par le contenu des archives. Celles de P. Restany signalent l'enthousiasme avec lequel le critique a rapidement adhéré à l'oeuvre de l'artiste, et contribué à sa reconnaissance De l'oeuvre aux discours : quand l'archive témoigne Critique d'art, 23 | Printemps 2004
Une archive au présent. Le principe de renaissance1
Entrelacs, 2021
photo-film dans la droite lignée du photo-roman La Jetée. Dans les deux récits, la continuité s'élabore à partir d'images fixes pour donner l'illusion du mouvement tandis que la photographie se fait le réservoir d'un temps subjectif, lacunaire et ouvert : une « archive au présent », selon le réalisateur Laurent Roth. Film fait seulement de voix, de sons et de photos, c'est un nouveau défi pour moi ! La photographie n'est pas ici un handicap, une forme de « cinéma diminué ». Sa fixité, bien au contraire, me semble révolutionnaire : image figée, elle est déjà une « archive », mais une archive au présent, qui me permet de documenter, indiquer, accuser, dénoncer ce danger de la pétrification qui menace Paris 2 .
Comma, 2006
Les archives à voix haute «Dire les archives à voix haute» c'est faire découvrir au plus grand nombre la richesse du patrimoine écrit ; c'est rendre vivant le document d'archives, accessible à tous sans les premières difficultés de l'apprentissage de la lecture des textes anciens. Dire les archives, c'est aussi retrouver le charme et la saveur des mots surannés, redonner des couleurs à l'encre passée et au papier jauni. C'est donner à comprendre une société à un moment précis de son histoire. Lire les archives, c'est faire entendre un texte, le rendre intelligible, lever les difficultés d'ordre syntaxique. Mais dire les archives c'est faire entendre une voix, celle du document, de son auteur, telle qu'on la devine à travers les mots écrits. Il y a là déjà pratiquement une interprétation, au sens sémantique comme au sens théâtral : une déclaration de grossesse du XVIIIe siècle, la lettre d'une épouse à son mari déporté politique ou une dénonciation de la Guerre 1939-1945 ne peuvent être dites comme un arrêté préfectoral ou un article de presse ; une frontière délicate qui risque de subordonner les textes aux diseurs alors que c'est l'inverse qui doit prévaloir. Lire, dire, mais ne pas jouer : les documents d'archives ont été écrits pour être lus mais ne sont pas des répliques de théâtre : ce qui interdit une véritable théâtralisation, sauf à les réécrire dans cette optique mais on change alors de catégorie.
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Pourquoi archiver les médias sociaux?
Aurore François, Anne Roekens, Véronique Fillieux, Caroline Derauw (eds.) ; "Pérenniser l'éphémère. Archivage et médias sociaux"- p. 11-21, Louvain-la-Neuve:Academia L'Harmattan (ISBN : 978-2-8061-0370-3), 2018