Les chiens, les hommes et les étrangers furieux. Archéologie des identités indiennes dans le Chaco boréal (original) (raw)
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La querelle des noms. Chaînes et strates ethnonymiques dans le Chaco boréal
Nicolas Richard. La querelle des noms. Chaînes et strates ethnonymiques dans le Chaco boréal. Journal de la Societe des americanistes, Société des américanistes, 2011, 97 (2), pp. 201-230. Les noms ethniques, encore en vigueur en 1940, pour désigner les populations indiennes du Chaco boréal (Chulupí, Moro, Chamacoco, Lenguas...) ont été remplacés dans les décennies suivantes par une nouvelle strate de noms (Nivaclé, Ayoré, Ishir, Enlhet...) qui peuvent être traduits, dans tous les cas, par " les hommes " ou " les humains ". Ce bouleversement correspond-t-il uniquement à une transformation d'ordre nominatif ? Ou bien est-il corrélé à une évolution profonde dans l'agencement social et historique des populations indiennes du Chaco ? L'avènement de l'anthroponyme en tant que nom ethnique confirme-t-il la thèse du caractère ethnocentré de ces populations ou résulte-t-il, au contraire, du démantèlement des rapports interethniques, de l'occupation et de la colonisation définitive de ce territoire ? À partir des travaux réalisés par plusieurs auteurs sur les groupes du Chaco, cet article analyse les différentes strates ethnonymiques qui le composent, en partant de la plus récente pour remonter à celles de l'époque coloniale. Appelé la " Babel d'Amérique " par les jésuites du xviiie siècle en raison de l'instable fragmentation linguistique qu'il présente, le Chaco deviendra, par là même, plus intelligible.
Nuevo Mundo Mundos Nuevos, 2022
[FR] De 1882 à 1911, plus d’une vingtaine d’expéditions ont parcouru la région du fleuve Pilcomayo qui se déploie sur les États argentin, bolivien et paraguayen. Le Gran Chaco est alors un vaste espace dans lequel les populations autochtones demeurent dans une relative autonomie. Des récits de voyage sont publiés par les militaires, les représentants des autorités locales, les explorateurs ou les scientifiques qui dirigent ces expéditions. Leur lecture nous permet d’étudier la construction d’altérités autochtones relatives à ce territoire et les populations qui le peuplent. Celles-ci se nourrissent des représentations collectives forgées dans les cercles de pouvoir lointains, mais les récits rendent compte du déplacement de ces dernières. Les interactions qu’ils transcrivent entraînent une compréhension améliorée du comportement des populations rencontrées. Un acte comme un assassinat, qui témoigne de l’échec de la rencontre, peut alors être compris en mettant en évidence les logiques qui ont favorisé son irruption. Dans cet espace aux frontières fluides, des influences réciproques s’exercent : sous un fond général d’attraction de la société colonisatrice, certains individus vont, à l’inverse, fuir sa discipline pour trouver refuge dans le « désert ». Mais en dépit de l’intensité des échanges et des émotions partagées, une défense de l’altérité perdure. [ES] Entre 1882 y 1911, más de veinte expediciones recorrieron la región del río Pilcomayo, que abarcaba los estados de Argentina, Bolivia y Paraguay. El Gran Chaco es una vasta zona en la que las poblaciones indígenas se mantenían relativamente autónomas. Militares, representantes de las autoridades locales, exploradores o científicos que dirigían estas expediciones, publicaron sus percepciones de estos espacios en cuadernos de viaje. Su lectura nos permite estudiar la construcción de la alteridad en relación con este espacio y las poblaciones que lo pueblan. Estas se nutren de las representaciones colectivas forjadas en círculos de poder distantes. Las narraciones dan cuenta sin embargo de su desplazamiento. Las interacciones que transcriben permiten comprender mejor el comportamiento de las poblaciones encontradas. Un acto como un asesinato, que atestigua el fracaso del encuentro, puede entonces comprenderse poniendo de relieve las diversas lógicas que favorecieron su irrupción. En este espacio de fronteras fluidas se ejercen influencias recíprocas: bajo un trasfondo general de atracción hacia la sociedad colonizadora, algunos individuos huirán de la disciplina de ésta para refugiarse en el “desierto”. Pero, a pesar de la intensidad de los intercambios y de las emociones compartidas, persiste una defensa de la alteridad. [ENG] From 1882 to 1911, more than twenty expeditions travelled the Pilcomayo River region, which spanned the states of Argentina, Bolivia and Paraguay. The Gran Chaco is a vast area in which the indigenous peoples remained relatively autonomous. Travel writings were published by the military, representatives of the local authorities, explorers or scientists who led these expeditions. Reading them allows us to study the construction of indigenous otherness in relation to this space and the populations that populate it. These are nourished by the collective representations forged in distant circles of power, but the narratives give an account of their displacement. The interactions they transcribe lead to an improved understanding of the behavior of the populations encountered. An act such as a murder, which testifies to the failure of the encounter, can then be understood by highlighting the logics that favored its irruption. In this space with fluid borders, reciprocal influences are exerted: under a general background of attraction to the colonizing society, some individuals will, conversely, flee its discipline to find refuge in the 'desert'. But despite the intensity of the exchanges and the shared emotions, a defense of otherness persists.
Civilisations, 2015
For over ten years the Kakataibo people, supported by two NGOs, have advocated before the Peruvian government for the creation of two territorial reserves for groups living in voluntary isolation. These groups were identified as Kamano, indigenous who occupy a particular place in the Kakataibo cosmology. Their ontological status is quite ambivalent because they do not allow themselves to be seen by others, which makes the validation of the project by the government more difficult. This article reviews the evolution of how the Kakataibo perceive the Kamano by comparing two diametrically opposed perspectives, each linked to a different generation. We will also see how the pursuing of the territorial project helped Kakataibo build a network of relationships with foreign actors who have played an important role in the development of the new discourse on Kamano and have contributed to the ethnic visibility of the group. The aim here is to capture, in adopting a pragmatic approach, the cultural and identity issues underlying the territorial project.