« Plus blanc que blanc », Une étude critique des travaux sur la whiteness (original) (raw)

(2022) 'Dire' les discriminations ethnoraciales à des chercheur•e•s 'blanc•he•s'. Réflexions à partir d'une enquête qualitative auprès de jeunes racisé•e•s

Emulations, 2022

The article offers a reflection on an under-explored methodological issue representing a gap in French-speaking research on ethno-racial discrimination: that of the « racial » (mis)match between researchers and respondents. The reflection is based on a research project using interviews to understand the processes and conditions leading respondents to voice or not (speaking or silencing) the ethno-racial discriminations they experience in everyday life. Discussing the main outcomes of English- and French-speaking literatures on the topic, the article investigates whether the respondents’ argumentative strategies may have been influenced by some methodological aspects of the research such as: the recruitment strategy, the way the topic of the research was introduced, the researcher-respondent relationship within the interview. Combining a plurality of differences and similarities of status (gender, class, age, nationality…), this latter articulates a dialogue between « white » researchers and racialized respondents: to this extent, it raises methodological and ethical issues that, if taken seriously, can prove instructive.

« Dire » les discriminations ethnoraciales à des chercheur·e·s « blanc·he·s »

Emulations - Revue de sciences sociales

L’article propose une réflexion sur une dimension méthodologique peu étudiée dans la recherche francophone sur les discriminations ethnoraciales : celle du (dés)appariement « racial » entre chercheur·e·s et enquêté·e·s. Il revient sur une expérience d’enquête par entretiens auprès d’étudiant·e·s universitaires racisé·e·s, dont l’objet était de comprendre les processus et les conditions conduisant à « dire » ou « taire » les expériences de discrimination. En faisant dialoguer les littératures anglophones et francophones, l’article cherche ainsi à comprendre si les stratégies argumentatives mobilisées par les répondant·e·s sur leurs ressentis de discrimination ont pu subir l’influence de différents aspects méthodologiques de l’enquête : la stratégie de recrutement, la façon dont l’entretien a été proposé, la construction de la relation d’enquête à partir des différences et similitudes de statut, et une situation d’entretien où se confrontent chercheur·e·s « blanc·he·s » et enquêté·e·s...

Déclarations de blanchité : la non-performativité de l’antiracisme

« Déclaration de blanchité : la non-performativité de l’antiracisme » est un texte publié par Sara Ahmed en 2004 dans la revue Borderlands. Mouvements en publie aujourd’hui la première traduction française. Ahmed y discute la notion de blanchité (whiteness) en analysant le sens social et la portée politique du fait de se déclarer blanc.he. Elle attire également l’attention sur la possibilité, toujours ouverte, de voir réitérées des formes de privilège et d’oppression au moment même où l’on cherche à les déconstruire et à les dépasser. Parce que ce texte explicite des questions et des outils conceptuels qui ont été saisis de manière relativement récente par les sciences sociales en France, et qui font aujourd’hui l’objet d’attaques dans le débat public, il est urgent et nécessaire de rendre ce texte accessible au plus grand nombre.

White Material sous l’angle de la vulnérabilité

[Bulletin de liaison], 2011

Tous droits réservés © Association pour l'Étude des Littératures africaines (APELA), 2012 Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'

2017 - Anthropologie et blanchité. Une histoire cousue de fil blanc, Dossier "Blanc.he.s comme neige ?", Revue Raisons Sociales / Critique / Décolonisation des savoirs

Réfléchir à sa pratique, c'est un moment primordial mais souvent négligé. C'est se donner le temps de la réflexivité, dans un contexte académique nord-américain peu propice à ce genre d'exercice, voire même producteur de « formes de violence structurelle » à travers sa corporatisation (corporatization) et sa néolibéralisation (neo-liberalization)[1]. C'est prendre le temps de regarder son parcours et de saisir ses propres choix, limites et obstacles pour mieux les comprendre. C'est aussi identifier les inconforts, les blocages, les frustrations et les sentiments de décalage par rapport au monde académique. Dans ce texte, je souhaite réitérer le caractère impératif du travail réflexif et politiquement engagé de la pratique de l'anthropologie. Mes années de formation académique en anthropologie, de réflexions militantes au Québec et de discussions avec des amiEs[2] m'ont conduite à opter pour une perspective combinant nécessairement une approche féministe intersectionnelle (cf. notions d'intersections des oppressions, de connaissance située et de positionnalité), antiraciste (déconstruction des avantages immérités liés à ma blanchité), antiimpérialiste et décoloniale (critique des rapports de domination locaux et internationaux, développement de relations anti-autoritaires, désobéissance épistémique). Ces perspectives relèvent d'une posture éthicopolitique qui est devenue vitale au fil des ans. Quel travail (sur soi, sur sa discipline et sur sa pratique) doisje effectuer, comme anthropologue blanche formée dans des universités occidentales et ayant principalement effectué des recherches dans des sociétés anciennement colonisées ? Cet article est le fruit d'une réflexion en cours à ce sujet.

Les lois de l'abstraction : le blanchiment du noir chez Julia Deck et Tanguy Viel

2015

This article examines how the polar genre functions as a sort of pre-text in the novels of Tanguy Viel and Julia Deck. For them, the novel is both an archive and an anthology of the topoi of the literary thriller and film noir, as well as a questioning of these codes. The ‘roman noir’ is thus somewhat whitewashed: reshaped and re-contextualised, as the motive takes precedence—not in its strict send of criminal or judicial motive, but as the backbone of an unstable narrative, one in which various genres and media interact, serving as a kind of anamorphic mise en abyme for the intermedial process. This literary recomposition also depends upon a certain distancing from various types of contemporary fiction, from Beckett to Duras and Butor, not to mention Echenoz, in order to create, from these literary fragments and ruins, a form of “hyper-novel’, which encourages the reader to contribute to the concretization of the fictional universe according to his or her own cultural baggage.

Que faire du blanc dans la description linguistique de l'écriture manuscrite ?

Pour qui se penche sur les manuscrits modernes – brouillons de travail laissés par des écrivains ou des chercheurs –, le blanc paraît à la fois omniprésent et insaisissable. De fait, le blanc d’un écrit manuscrit présente, par rapport à celui d’un texte imprimé, une spécificité sémiotique : il est une absence de trace, rétive à la normalisation. Le brouillon est aussi investi par certains scripteurs, à l’époque moderne, comme un espace de liberté par rapport aux conventions formelles ou typographiques. Or l’affranchissement des normes de l’écrit imprimé dont témoignent certains manuscrits – non respect de la marge, de la ligne d’écriture, éclatement de l’écrit sur l’espace de la page – ôte au descripteur ses repères d’analyse habituels. L’instabilité du texte qui caractérise les brouillons induit l’instabilité des blancs qui le structurent ou le hiérarchisent. Même dans le cas des brouillons qui présentent une « écriture linéaire » (Grésillon 1994), le blanc pose des difficultés dès lors que l’écrit est envisagé du point de vue de sa production. Si la plupart des blancs intralinéaires dans les manuscrits peut être interprétée comme l’indice d’une interruption d’écriture (Lebrave 1986), certaines occurrences résistent à cette analyse. C’est ce que l’on montrera à partir d’exemples tirés notamment des manuscrits de travail de Ferdinand de Saussure, dont la récurrence des blancs intralinéaires a été relevée depuis longtemps (cf. Godel 1957, Normand 2006, Fenoglio 2012). Pour ce type de blancs intralinéaires, les classifications proposées à partir de l’imprimé – « topogrammes » (Anis 1988), « signe zéro » (Catach 1994) « ponctuation blanche » (Favriaud 2011) « ponctuant » (Dürrenmatt 2015) – ne semblent pas opératoires. On analysera les problèmes sémiotiques et linguistiques qu’ils posent et on réfléchira, plus largement, aux difficultés que soulève pour la description du blanc l’intégration de la dimension processuelle de l’écriture. Cet exemple singulier nous permettra de réfléchir aux caractéristiques spécifiques des blancs dans l’écrit manuscrit.