Sud de Jean-Claude Risset : introduction à la représentation (original) (raw)
Jean-Claude Risset. Portraits polychromes
Longtemps l'analyse de la musique électroacoustique a souffert de l'absence de présentation appropriée. Le support multimédia, qu'il soit réalisé pour l'Internet ou le CD-ROM, est venu corriger la donne. En alliant les éléments analytiques (textes, graphiques, tableaux, etc.) au son, le chercheur peut désormais présenter un véritable outil pédagogique. Pédagogique, car c'est le premier rôle de l'analyse : donner à l'auditeur, qu'il soit mélomane, amateur ou professionnel, suffisamment de clés pour remarquer les relations entre les éléments ou tout simplement percevoir ce qui semble cacher à la première écoute. Les techniques de composition de la musique électroacoustique n'ont guère à voir avec celles qui sont employées dans la musique instrumentale. C'est un bon point pour les non-musiciens ne possédant pas la théorie classique et cherchant à comprendre, c'est aussi souvent la raison pour laquelle les musiciens se détournent d'une musique pour laquelle ils n'ont que peu de repères. Deux éléments peuvent aider les uns à aller plus loin et réconcilier les autres avec cet art : l'analyse et la représentation graphique. Bien souvent ils sont associés et se complètent au milieu d'un texte plus littéraire que technique. Dans la représentation que j'ai réalisée sur Sud de Jean-Claude Risset, j'ai essayé de faire passer entièrement mon analyse dans le graphisme. 1. Perception, analyse et représentation Comment réalise-ton la représentation d'une oeuvre électroacoustique ? La question peut paraître saugrenue, voire inutile, et pourtant…Le rapport entre un son et une forme graphique n'est pas si facilement compréhensible. Souvent même, le sentiment d'un lien entre les deux est là, mais la raison demeure vague. Nous ne sommes qu'au début d'une réflexion qui nous permettra peut-être, d'ici quelques années, de comprendre pourquoi certaines représentations peuvent se passer d'explications tandis que d'autres demeurent longtemps obscurs. J'essaye toujours de fonder mon travail sur des relations simples entre les caractéristiques du matériau sonore et les formes, couleurs, textures et places des graphiques. Le travail sur une représentation commence par l'écoute, sans support graphique. L'objectif est de s'imprégner de l'oeuvre pour comprendre les éléments sonores servants de balises, de fils conducteurs ; comprendre aussi le cheminement du compositeur à travers les multiples transformations du matériau. Ainsi lors de cette écoute se construit l'analyse ou plutôt, une analyse de l'oeuvre. Car chaque analyse est unique, et ne fait qu'offrir à celui qui la lit ou la regarde un point de vue. Celui-ci peut amener l'auditeur à aller plus loin ou dans une autre direction que le chercheur en comprenant ou en sentant certaines relations. Dans ce cas, l'analyse a joué son rôle : donner un élan pour l'écoute de l'oeuvre. La représentation vient naturellement après cette analyse pour la traduire dans un langage compréhensible par tous. Les sons très proches vont avoir la même couleur ou des couleurs approchantes, voire la même forme. Ces couleurs et ces formes vont peut-être renseigner sur l'origine probable du son afin d'évaluer le cheminement du compositeur lors de son travail en studio. Enfin l'occupation verticale donnera des indices sur le spectre, la hauteur ou le déplacement du son de gauche à droite. Il est possible de classer les représentations en deux types. La représentation peut être concrète s'il existe des rapports entre la forme et/ou la couleur du son et un critère sonore