« Le Yuju “ou Opéra du Henan” à Taiwan » (original) (raw)
Cultures in Movement, 2015
Abstract
En Chine et à Taïwan, le Xiqu 戏曲 (terme générique traduit en français par « opéra classique chinois ») a connu, de par son histoire, deux évolutions différentes. Sous ce terme générique, se déclinent divers « opéras classiques régionaux (Difang xi地方戏) » dont le « Yuju 豫剧 ou Opéra du Henan. » Ces formes spectaculaires et performatives utilisent plusieurs techniques du corps à savoir des mouvements dansés, acrobatie, mime, arts martiaux, chant, déclamation. Tout est codifié selon une catégorie de personnages tels que les rôles masculins, les rôles féminins, les Visages peints et les bouffons. Chacune est elle-même subdivisée selon l’âge et le statut social du personnage. Si tous les Xiqu possèdent des conventions communes, chaque forme spectaculaire possède des caractéristiques propres à sa région d’origine. Aussi la présence du Yuju dans le sud de l’île de Taïwan est surprenante. On y retrouve cette forme spectaculaire à partir de 1949, année où le parti nationaliste chinois (Kuomindang 国民党), dirigé alors par Chiang Kaishek, bat en retraite face aux communistes et s’installe à Taïwan. Dans ce contexte de guerre, le Xiqu (dont le Yuju) a été utilisé pour maintenir le moral des soldats et les stimuler à la reconquête du continent. Participant à la politique de « re-sinisation » de l’île, le Yuju, entretenu par l’armée, a pu se développer et se maintenir dans l’île jusqu’à aujourd’hui. Dans cet article, nous nous proposons d’analyser les enjeux de la survie des troupes de Yuju à Taïwan, alors que l’environnement semble peu propice à son développement. Par l’étude d’un cas concret, celui d’une forme spectaculaire, et de son contexte, les notions d’identité culturelle et de nationalité sont au centre de notre analyse. Dans une première partie, nous définirons les caractéristiques esthétiques propres au Yuju du Henan, région du nord de la Chine. Dans une seconde, nous aborderons les différentes étapes de « l’exil » sur l’île de Taïwan qui ont engendré un nouveau style : un Yuju « indigénisé » ou « taïwananisé. » Enfin dans une dernière partie, nous observerons la recherche d’un retour aux sources. Cette analyse, menée dans une perspective ethnoscénologique, est faite à partir des archives de la troupe étudiée et de plusieurs terrains menés successivement à Taïwan et au Henan entre 2006 et 2011.
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