La contestation chez les Toubou du Sahara central (original) (raw)

Une société sans marché : les Toubou du Sahara central

2003

Ce texte decrit la circulation intense de richesse qui s'exerce entre familles nucleaires dans cette societe acephale de pasteurs saharo-saheliens. Ces echanges, qui sont totalement exterieurs a l'economie de marche, constituent le substrat de la vie economique de ces nomades. Les tres nombreux transferts de betail propres a cette societe sont impulses essentiellement par les regles de mariage, qui interdisent l'union dans la proche parente et obligent a d'importantes prestations et contre-prestations entre les parenteles en cause. A partir de l'exemple des Toubou, plusieurs theses sont critiquees : celle des economistes classiques sur le caractere omnipresent de l'economie de marche, celle de Polanyi sur la typologie des echanges, celle de Testart sur la distinction entre le don et l'echange non marchand.

La honte chez les Toubou

La honte chez les Toubou (Tchad, Niger) , 2018

Shame (nuŋo) is a fundamental moral idea for the Tubu. It permeates all aspects of social relationships, thus creating a very strict daily behavioral code which affects these relationships down to the tiniest details of everyday life. It is the root cause of obligations to one's social partners and especially family, both kinsmen and in-laws, and guides all social activity and major events in this way. The fear of being perceived as shameless leads to a great show of generosity manifested in many situations by the gifting of livestock. This generosity leads to animal flows of such magnitude that it can be considered the primary engine of economic life in this pastoral society. Shame is also the basis for the violent behavior that occurs in everyday life (response to insult, livestock stealing, family vendettas) and will also determine political affiliations in this « anarchic » society (anarchic being understood in the etymological sense, i.e. without any powerful chiefs). Keywords : shame, respect, behavioral code, social conduct, obligation to be generous. Résumé La honte (nuŋo), chez les Toubou, est une notion morale essentielle. Elle imprègne tous les rapports sociaux, tout d'abord de manière très frappante à travers les détails les plus infimes de la vie quotidienne, soumis à un code de comportement rigoureux. Mais elle soustend aussi les nécessités de l'entraide dans les réseaux interpersonnels de parenté et d'alliance, et imprime sa marque sur tous les grands événements de la vie sociale. La crainte de s'exposer à la honte conduit à l'obligation de donner du bétail en de multiples circonstances, au point que ce sentiment peut être considéré comme le moteur essentiel de la circulation du bétail et de la vie économique de cette société pastorale. La honte traverse aussi les logiques de la violence dans la vie de tous les jours (réponses à l'offense, vols de bétail, vendettas) et jusque dans le domaine politique, où elle apporte un principe régulateur face à l'absence de chefs puissants, dans cette société éminemment « anarchique » au sens étymologique du terme.

La controverse dans le Mouzi 牟子

Etudes Chinoises, 2013

《牟子》一書裡的論戰 在中國,《牟子》是最早為佛教“護教和闡明”的著作,因此,後人經常研讀該書並且引述之以作為見證佛教引進中國的一份重要文獻。然而,鑑於有關該書的真實性所提出的質疑,我們必須對它的見證保持謹慎態度。本文對這本著作的辯論修辭手法提出初步的分析:在質問與反對的火攻之下,牟子不得不在辯駁過程當中把儒家經典及道家思想融入他的論述核心。他因此處於明顯可見的辯論傳統裡,特別引述儒家大師如孟子和陸賈;他也同時發展一種融合多種思想的思辨綜合形式,以便讓佛教能被他的同輩接納,甚至使這些人歸依佛門。 Controversy in the Mouzi 牟子 The Mouzi is the first “defense and illustration” of Buddhism in China, and because of this is often studied and cited as crucial evidence for the introduction of the religion into China, evidence, however, that is still open to doubt because of the questions that remain concerning its authenticity. The present article proposes one approach to the rhetorical strategies put in play in this work. In the cross-fire of questions and objections, Mouzi is led in the process of this controversy to place at the very center of his argument the Confucian Classics and philosophical Daoism. He thus positions himself within a clearly recognized tradition of debate (bian辨), making specific reference to the Confucian masters Mengzi and Lu Jia while creating at the same time a kind of intellectual synthesis that allows him to depict Buddhism as acceptable in the eyes of his contemporaries even to the point of converting them. Le Mouzi est la première « défense et illustration » en Chine du bouddhisme, et à ce titre est souvent étudié et cité comme un témoin crucial de l’introduction de cette religion en Chine, témoin sujet à caution cependant en raison des questions qui demeurent posées à propos de son authenticité. Est proposée ici une première approche des procédés rhétoriques mis en œuvre dans ce texte : sous le feu roulant des questions et objections, Mouzi est amené dans le processus de cette controverse, à intégrer au cœur même de son argumentation les Classiques confucéens et le taoïsme philosophique. Il se situe ainsi dans une tradition du débat (bian辨) explicitement reconnue, se référant notamment aux figures des maîtres confucéens Mengzi et Lu Jia, mais développe dans le même temps une forme de synthèse intellectuelle lui permettant de rendre le bouddhisme acceptable aux yeux de ses contemporains, voire de les y convertir.

Les Touaregs et le conflit en Lybie

Si les mouvements du printemps arabe ont montré l'importance de la société civile dans la mobilisation populaire contre les régimes en place, les alliances tribales et claniques ont cependant servi de mode opératoire pour la mobilisation populaire, lors de la révolution libyenne, dans la lutte contre le régime kadhafien et ce, en raison de l'absence d'une véritable société civile et partis politiques organisés. En effet, le conflit libyen a mis au jour l'ampleur et l'importance de la manipulation des alliances lignagères, érigée en un véritable système politique par Kadhafi, depuis sa prise du pouvoir en renversant la monarchie fédérale des Sennoucides, en 1969.

Transferts de richesse et parenté chez les Toubou (Tchad, Niger)

BAROIN, Catherine et MICHEL Cécile (eds.), Richesse et sociétés, Paris : De Boccard, 2013

Les Toubou, pasteurs saharo-sahéliens, occupent la partie septentrionale du Tchad, entre le lac Tchad et la Libye. Chez ces éleveurs, la richesse se mesure à la taille du troupeau, mais le nombre des parents compte tout autant. Ces deux volets de la richesse, bétail et parenté, se combinent dans une logique qui s'articule sur le mariage. Ce dernier est interdit dans la proche parenté, et impulse un large cycle de transferts de bétail, de la parentèle du fiancé vers celle de sa femme, puis vers le jeune couple qui obtient ainsi ses moyens d'existence. Ces échanges tissent, sur la base de réseaux, des relations de solidarité qui valorisent l'honneur et assurent l'indépendance de chacun.

Touba: la capitale des mourides

2002

Cet ouvrage est essentiellement le fruit d'une passion et d'un enthousiasme que j'ai toujours porté à la recherche en général. Mais il a été rendu possible par des soutiens nombreux et divers tout au long du travail. Le premier est celui de Jean-Luc Piermay qui m'a proposé le sujet et a suivi avec une attention soutenue tout le cheminement intellectuel et scientifique de la recherche. Il a été un directeur exigeant, rigoureux, mais ouvert et patient qui n'a ménagé aucun effort pour améliorer mes conditions de travail. Cet ouvrage est une contribution modeste à l'oeuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Mais je ne l'aurais même pas commencé sans la caution morale et la bénédiction de Serigne Saliou Mbacké, khalife général des mourides. Qu'il soit vivement remercié. Je remercie également mon marabout Serigne Cheikh Saye Mbacké et ses collaborateurs, Diassaka Sarr, Pape Diallo, Issa Fall et Marone pour leur sollicitude et leurs encouragements. Je pense également à toute la population de Touba, notamment les habitants de Keur Niang et de Madiyana qui m'ont hébergé, nourri et encouragé pendant mes recherches, tout en se soumettant avec enthousiasme à mes nombreuses questions. Mes soeurs, Seynabou et Kiné Ndiaye, Serigne Modou Niang, Fatou Badiane, Mor Kâ Ndiaye et la regrettée Soukèye Ndiaye méritent une mention toute spéciale. Si cet ouvrage a été mené à bien, c'est également grâce à l'IRD (Dakar et Bondy) qui a patiemment couvé la recherche et assuré son confort matériel avant d'accepter de le coéditer. Émile Le Bris et Sylvie Fanchette m'ont soutenu sans compter, moralement et matériellement, et m'ont encouragé dans les moments difficiles.

LES RAPPORTS ENTRE LES RÉGIONS DU HAUT-HABUR ET DE L'EST DU TIGRE : LE CAS DES DEUX IDA-MARAṢ

Michaël GUICHARD EPHE IV e section, UMR 7192 C'est un lieu commun en Assyriologie d'évoquer les « deux pays de l'Ida-maraṣ », l'un étant situé à l'est de la Mésopotamie, dans le piémont de Zagros, l'autre en Syrie du Nord 1 . Leur existence historique n'est attestée que pour l'époque paléo-babylonienne entre -1900 et -1600 env. Toutefois, si la littérature cunéiforme du premier millénaire a conservé le toponyme, elle ne se réfère jamais qu'à un seul de ces deux territoires.