L’importance des groupes de conjugaison dans l’apprentissage du français langue seconde (original) (raw)

Résumés du Colloque : Recherches sur le bilinguisme et le multilinguisme: Un partage du savoir

L’acquisition du langage nécessite la maîtrise entre autres de l’identification des structures et des éléments morphologiques du mot (ex. racine+flexion). Celle-ci est importante dans la conjugaison des verbes. Les enfants francophones sont sensibles à la productivité morphologique, à la régularité et à la fréquence d’apparition des schèmes verbaux français (Royle, Beritognolo, & Bergeron, 2012). Dès l’âge de trois ans ils distinguent les groupes de conjugaison lors de la production des verbes, mais sont aussi sensible à la fréquence d’occurrence de chaque verbe (ex. Royle, 2007). Il se peut que cet apprentissage sois difficile chez l’enfant bilingue, dû à sa moindre exposition au français (Nicoladis, Palmer, & Marentette, 2007). Certains soutiennent qu’il existe deux groupes de verbes en français : réguliers et irréguliers (Kresh, 2008; Nicoladis, et al. 2007). D’autres les décrivent avec une distinction tripartite (Royle et al., 2012) : les verbes du premier groupe (se terminant en -er à l’infinitif), du second groupe (se terminant en -ir) et les verbes irréguliers. Des groupes de régularité se manifestent parmi ces trois groupes. Certains présentent des schèmes de conjugaison sous-réguliers (ex. les irréguliers en -i, prendre – pris), tandis que d’autres se conjuguent de façon irrégulière (ex., ouvrir – ouvert). De plus, le sous-groupe des verbes en -u (ex. voir – vu) contient des verbes parmi les plus fréquents de la langue tels que voir, boire et vouloir. Il s’avère important d’étudier la connaissance des différents schèmes qui apparaissent fréquemment dans la langue. De plus, nous voulons savoir si les enfants apprenant le français comme langue seconde (L2) démontrent les mêmes schèmes que les enfants apprenant le français comme première langue (L1). Méthode Nous avons évalué 35 enfants français québécois L1 et 25 enfants L2 (de types variés) sur la conjugaison de verbes fréquents réguliers, sous-réguliers et irréguliers au passé composé (en -é, -i, -u ou autres). Une tâche de production induite a été administrée à des enfants fréquentant la maternelle ou la première année d’une même école de la ville de Laval. Les verbes ont été présentés, avec des images les représentant, dans des contextes à l’infinitif (ex. Marie va cacher ses poupées) et au présent (ex. Marie cache toujours ses poupées), afin d’amorcer leur paradigme de conjugaison. Les enfants devaient répondre à la question ‘Qu’est-ce qu’il/elle a fait hier?’ Les résultats indiquent peu de différences entre les groupes d’enfants (F(1,56), 3,68 p = 0.06), en dépit du fait que le groupe L2 s’améliore en première année. Les deux groupes montrent le schéma de réussite suivant : é > i = u > autre. Tous présentent des résultats significativement moins bons sur les verbes en u en maternelle versus la première année ((F(1,58), 9,94 p = 0.003). Cette étude suggère une distinction tripartite des schèmes réguliers, sous-réguliers et irréguliers des verbes fréquents en français. Les enfants L2 semblent s’approprier ces schèmes de façon similaire aux enfants L1, et ce malgré le fait qu’ils doivent apprendre deux langues. Ces données sont importantes pour les modèles d’apprentissage de la L2 ainsi que l’enseignement de la conscience morphologique des verbes chez tous les enfants.