De Frantz Fanon à Edward Said: L’impensé colonial (original) (raw)
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De la scène coloniale chez Frantz Fanon
Rue Descartes, 2007
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D’Ibn Khaldûn à Frantz Fanon ; d’une émancipation acoloniale à une émancipation postcoloniale
2018
latine du terme. Emancipatio ou emancipare, c'est l'union de trois termes : 1-E ; c'est l'idée de l'extraction ou du retrait. 2-Manus : la main 3-Capio (capere) : prendre ou tenir Manceps ou mancipis, signifie « celui qui prend en main ». « Emancipatio » c'est s'extraire de la main de celui qui possède ou qui prend en main. Au sens latin, le terme revêt le caractère d'un acte de négation. Par extension, certaines occurrences du mot prennent un sens bien particulier mais toujours lié à l'idée d'une libération. Il viendra alors désigner, par exemple, l'acte par lequel on se soustrait à la tutelle paternelle. Dans tous les cas, celui qui « prend en main » exerce une forme ou une autre de pouvoir et s'émanciper c'est l'acte de se libérer de ce pouvoir par le biais duquel on est « pris » ou « tenu ». On voit ici s'ouvrir toute une sémantique politique : celle de la libération par le refus d'une autorité imposant une soumission. Mais la liberté en tant que telle peut-elle être réduite à l'émancipation entendue dans un sens négatif ? Au refus ou à la négation d'un certain pouvoir ? Bien entendu non. C'est, me semble-t-il, chez un auteur parfaitement étranger au cadre sémantique latin qu'on retrouve une théorie du processus de libération allant au-delà de la pure négativité. Ce penseur, c'est Ibn Khaldûn. Né en 1332 dans l'actuelle Tunisie et mort en 1406 au Caire. Sa biographie est si étendue qu'il nous est impossible d'espérer la détailler ici. Je vous invite plutôt à la consulter puisqu'il en propose sa propre version. Pour bien comprendre la nature de sa contribution à la compréhension d'une autre forme d'émancipation ou plus exactement de liberté, nous centrerons nos analyses sur trois concepts clés qu'on retrouve dans son oeuvre phare, la Muqaddima : 1-'Assabiya 2-Mumana'a 3-Mughalaba La 'assabiya, concept central de la pensée khaldûnienne, c'est la solidarité du groupe tribal, l'esprit de corps issu d'un sentiment
Retour sur l’expédition d’Alger: les faux semblants d’un tournant colonialiste français
Monde(s), 2016
La prise d’Alger en 1830 reste souvent considérée comme ayant marqué l’avènement d’un nouvel impérialisme français, soi-disant civilisateur. Les travaux sur la périodisation de l’impérialisme britannique et une relecture des preuves disponibles dans une perspective globale incitent à remettre en cause ce lieu commun. Alger était l’aboutissement d’un long travail de réinvention autant qu’un commencement. En particulier, Alger a confirmé plutôt qu’entraîné l’adhésion des libéraux français à l’expansion coloniale. The capture of Algiers in 1830 remains often perceived as marking the advent of a new, allegedly civilising French imperialism. Works on the periodisation of British imperialism and a reconsideration of the available evidence through a global lens tend to undermine this perception. Algiers was the culmination of a long work of reinvention as well as a new beginning. In particular, Algiers confirmed rather than caused the adhesion of French liberals to colonial expansion.
Cet article s'est proposé d'interroger la pensée révolutionnaire de Frantz Fanon afin de montrer que la construction de l'imaginaire politique chez cet auteur est tributaire de la symbolique de la violence qu'il a mis sur pied. En effet, après avoir dénoncé le projet des impérialistes visant à refuser l'humanité à l'Africain et à exploiter sous toutes ses formes les ressources africaines, Fanon a montré que la sortie de cette situation alarmante requiert l'usage par le colonisé de la violence car l'impérialiste ne parle et ne comprend que le langage de la barbarie. Toutefois, en préconisant la solution violente comme panacée face à la sauvagerie coloniale, cet auteur a semblé nous inviter à tourner le dos à la raison pour laisser place à l'instinct. L'auteur de cet article a pensé que dans notre contexte postcolonial actuel marqué par la montée des foyers de conflits et des formes plurielles d'extrémisme seul le compromis ou le dialogue soit privilégié face à toute situation de résolution des conflits.
Frantz Fanon et la décolonisation des savoirs
2018
Cet article interroge le probleme de la decolonisation des savoirs a partir d’une analyse de l’oeuvre de Frantz Fanon. En s’appuyant sur le postulat que la decolonisation epistemique est fondee sur un double mouvement de rupture et d’appropriation, de deprise et de reprise des savoirs de l’(ex-)occupant, on identifie chez Fanon cinq methodes de deplacement de la « pensee europeenne » : l’appropriation et l’approfondissement de la tradition autocritique europeenne ; l’adoption de la perspective (psychique et cognitive) du colonise ; la (re)situation (geopolitique) des discours theoriques ; la subversion de l’ordre (occidental) du discours ; la « regression » theorique. En conclusion, on montre que Fanon donne lieu a une phenomenologie postcoloniale qui demeure unique en son genre.
La notion d'orientalisme selon Edward Said
Pour éclaircir la notion d’orientalisme, très importante pour comprendre le changement des paradigmes de la recherche en sciences sociales en Afrique du Nord, et ailleurs, remettant à sa place les héritages coloniaux en la matière, je propose ici quelques citations issues de mes contributions au livre Le passé colonial et les héritages actuels en Mauritanie [2007] L’Harmattan, 2014.