"La politique extérieure de l’AKP : Entre héritage ottoman et tradition républicaine" (original) (raw)

Les nouvelles orientations de la politique culturelle turque sous l’AKP

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"La laïcité en Turquie: le poids de l’héritage ottoman"

Comment expliquer la singularité de la laïcité dans un pays majoritairement musulman comme la Turquie? La tradition politique ottomane, marquée par une autonomie affirmée de l’Etat à l’égard de la religion et le processus de réformes étatiques depuis le début du XIXème siècle constitue une base historique pour la mise en oeuvre de la laïcité en Turquie. Dans ce sens la laïcité républicaine trouve ses racines dans la culture politique ottomane et dans le passé récent de la période de modernisation prérépublicaine.

Les ambitions néo-ottomanes de l'AKP et le conflit kurde

Le Monde; Le Kiosaue-CERI (Centre de Recherche Internationale), 2012

"Diplomatie multidimensionnelle et multirégionale", "Nous n'avons aucun problème avec les pays voisins", c'est ainsi qu'Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères, s'exprimait il y a encore quelques mois. Un an après le début du printemps arabe, qu'en estil de la politique extérieure menée par Ankara ? Il y a encore quelques mois le président syrien Bachar el-Assad était un ami très proche de Recep Tayyip Erdogan, chacun des pays avait décidé de supprimer l'obligation de visas pour se rendre chez le voisin et d'établir ensemble un Conseil de coopération économique avec le Liban et la Jordanie. Aujourd'hui, le Premier ministre turc critique le régime syrien sur la scène internationale et accueille sur son sol les opposants à Bachar el Assad. Alors qu'Ankara soutenait le renforcement nucléaire de Téhéran, il a cependant décidé en septembre 2011 d'accueillir près de la ville de Malatya, située non loin de la frontière avec l'Iran, le système radar antimissile de l'OTAN. L'alliance stratégique qui liait la Turquie à Israël depuis des décennies est aujourd'hui réduite à sa plus simple expression. Enfin, en novembre 2011, le président de la République turque Abdullah Gül a qualifié Chypre, qui prendra la présidence de l'Union européenne en juillet 2012, de "demi-pays", de futur leader d'une "Union misérable". Il est clair que la politique du "zéro problème avec les pays voisins" est devenue celle du "conflit avec tout le monde".

Effort Irrédentiste de l’AKP au Proche-Orient : La Nouvelle Turquie d’Erdogan et Une Puissance Ottomane

Depuis une vingtaine d’années la Turquie fait un grand effort pour devenir une puissance régionale et avoir un soft-power. Cet effort est une sorte d’irrédentisme qui est un mélange de l’idée de l’ottomanisme et du soft-power. Cet effort s’est bien accéléré depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir, notamment avec la nomination de Davutoglu au poste de ministre des affaires étrangères. Dans ce travail, nous ferons une explication générale de l’ascension de l’AKP dans le contexte de la politique intérieure de la Turquie et aussi de l’évolution de sa diplomatie en utilisant principalement l’ouvrage de Ahmet Insel, La Nouvelle Turquie d’Erdogan : Du rêve démocratique à la dérive autoritaire. De plus, afin de bien montrer la partie de la politique extérieure, deux articles ont été choisis pour faire référence : Le phénomène Erdogan et la Nouvelle Turquie << nationale islamiste >> par Alexandre del Valle et La doctrine Davutoglu : une projection diplomatique de la Turquie sur son environnement par Gérard Groc. La principale raison du choix de ces articles concerne leurs dates de parution. Celui de Alexandre del Valle a été publié en 2017 nous permettrait de voir où est allé la “Nouvelle Turquie” dont parle Insel. En effet La Nouvelle Turquie d’Erdogan : Du rêve démocratique à la dérive autoritaire, a été publié en 2015 et pour mieux analyser la situation actuelle, celui de Alexandre del Valle enrichirait l’analyse d’Ahmet Insel. Dans un second temps,, celui de Gérard Groc nous permettrait d’analyser profondément l’effort turc pour acquérir un soft-power et devenir une puissance régionale. Parce que l’ouvrage d'Ahmet Insel n’est pas seulement concentré sur la politique extérieure de la Turquie, il nous permettra aussi de bien examiner l’arrière plan, et la structure de l’évolution de cette politique.

Les nouvelles orientations de la politique étrangère de la Turquie : une politique « étrange

Cet article est finalisé dans l'immédiat de l'attentat d'Istanbul du 12 janvier 2016 dont le bilan officiel fait état d'au moins 10 morts et de 15 blessés. Cet attentat dont l'auteur est – de nouveau – l'État islamique (Daech) a touché un pays qui est déjà déchiré par la contestation kurde, ainsi que par une polarisation sociale 1 qui s'aggrave de jour en jour, et sa vulnérabilisé en raison de ses relations complexes avec Daech. Le bilan, sur l'année 2015, est pénible : alors qu'un attentat ciblant un meeting du Parti démocratique des Peuples (HDP) a causé 3 morts à Diyarbakir (le 3 juin 2015), le 20 juillet 2015, la Turquie a été secouée par un autre attentat qui a causé 33 morts et des centaines de blessés à Suruç (une ville et un district de Şanlıurfa à proximité de la frontière avec la Syrie). Les victimes étaient des jeunes de sensibilité de gauche qui se préparaient à faire une visite de solidarité à Kobané, au Kurdistan syrien, ville qui a été le théâtre des conflits violents d'octobre 2014 à janvier 2015 entre les forces kurdes et Daech. Trois mois plus tard, un nouvel attentat qui a visé un meeting de paix à Ankara, la capitale de la Turquie, a causé 102 morts et des centaines de blessés. Ce massacre a été le point culminant d'un processus d'escalade de la violence en Turquie à la suite du massacre de Suruç. Cette escalade est, en quelque sorte, la confirmation des bilans politiques et diplomatiques turcs des deux dernières années : l'élaboration de la politique étrangère demeure handicapée par deux crises majeures dans la région (à savoir les crises syrienne et irakienne). Ce handicap qui fragilise les relations à la fois avec les voisins et les pays occidentaux a contribué, à la fin de 2015, « à la détérioration de ses relations avec la Russie notamment, sans pour autant permettre le rétablissement de rapports confiants avec ses alliés occidentaux » 2. Dans ce sens, on peut confirmer que la Turquie a « récupéré » l'image que Jean-François Bayart avait décrite en 1981 comme suit : « Par opposition aux " nouveaux centres de pouvoir " la Turquie constitue un exemple intéressant de cas avorté de montée en puissance et elle paraît être sur la pente descendante du système international » 3. Avant de proposer une analyse de ce retour que nous considérons comme un choix des décideurs politiques turcs, procédons à un état des lieux de ces dernières années au cours desquelles la politique étrangère de la Turquie s'est transformée en une politique « étrange », alors que la Turquie elle-même s'est transformée d'un meneur de jeu (playmaker) en une source de problèmes et de tensions dans la région. Nous verrons que la Turquie d'Erdoğan n'a. 1 Le dernier exemple de cette polarisation est une pétition des académiciens. Près de 1200 personnes, unies sous « l'Initiative des universitaires pour la paix », ont signé lundi 11 janvier 2016 une pétition intitulée. « Nous ne serons pas associés à ce crime ». Le texte réclame la fin de l'intervention des forces de sécurité turques contre les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le Sud-Est à majorité kurde du pays. La dénonciation rapide et sévère du Président de la République, Recep Tayyip Erdoğan, a été suivie par une contre campagne visant à discréditer les signataires. Les Recteurs de plusieurs universités ont réagi au pied levé en déclarant qu'ils procéderaient à « ce qu'il convient de faire » (gereği yapılacaktır). Le 15 janvier 2016, alors que 21 universitaires ont été interpellés à l'aube à leur domicile et placés en garde à vue à Kocaeli, dans le Nord-Ouest du pays, plusieurs enquêtes sont ouvertes pour « propagande terroriste » et « insulte aux Institutions et à la République turque » notamment en Anatolie. 2 Jean MARCOU, « Le bilan 2015 de la politique étrangère de la Turquie », Observatoire de la politique turque 2016 ; disponible sur le site : http://ovipot.hypotheses.org/10769 3 Jean-François BAYART, « La politique extérieure de la Turquie : les espérances déçues », Revue française de Science Politique, 31 e année, n° 5-6, octobre-décembre 1981.

Les habits de la révolution : la Turquie entre Orient et Occident

Histoire, Europe et relations internationales

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La légitimation historiographique, identitaire et développementiste dans les "reklams" AKP

La légitimation historiographique, identitaire et développementiste dans les "reklams" AKP, 2020

Mémoire analysant trois registres de légitimation mobilisés par le parti AKP dans ses publicités politiques ("reklam".) Notre étude s'intéresse d'abord aux mécanismes narratifs par lesquels le parti s'insère dans une "filiation héroïque" entamée avec la bataille de Manzikert (1071) jusqu'au coup d'Etat manqué de 2016. Nous nous intéressons ensuite à la "société conservatrice-idéale" dénuée de toute tension, de la "Nouvelle Turquie" mise en scène dans une diversité et une unité dont l'AKP s'attribue la paternité. Enfin nous nous penchons sur les projets, infrastructures géantes (ponts, tunnels, aéroports) et services publics réalisés sous les divers mandats AKP et que le parti emploie ici comme outil de légitimation.