Fonctionnalisme dans la traduction ZR (2) (original) (raw)
Le mot grec skopos signifie la visée, le but ou la finalité (cf. lo scopo en italien). Il est employé en traductologie pour désigner la théorie initiée en Allemagne par Hans Vermeer à la fin des années 1970. Parmi ses promoteurs, on trouve également Christiane Nord (1988) et Margaret Ammann (1990. Du point de vue conceptuel, la théorie du skopos s´inscrit dans le même cadre épistémologique que la théorie actionnelle de la traduction, en ce sens qu´elle s´intéresse avant tout aux textes pragmatiques et à leurs fonctions dans la culture cible. La traduction est envisagée comme une activité humaine particulière (le transfert symbolique), ayant une finalité précise et un produit final qui lui est spécifique (le translatum). Vermeer (1978) est parti du postulat que les méthodes et les stratégies de traduction sont déterminées essentielement par le but ou la finalité du texte à traduire. La traduction se fait, en conséquence, en fonction du skopos. D´où le qualificatif de fonctionnelle attribué à cette théorie. Mais il ne s´agit pas de la fonction assignée par l´auteur du texte source ; bien au contraire, il s´agit d´une fonction prospective rattachée au texte cible et qui dépend du commanditaire de la traduction (du client). C´est le client qui fixe un but au traducteur en fonction de ses besoins et de sa stratégie de communication. Le rôle du traducteur est de produire un texte qui puisse transmettre une signification aux récepteurs de la culture cible. Le traducteur doit notamment respecter, la règle de cohérence intratextuelle qui stipule que le texte cible (translatum) doit être suffisamment intelligible pour le récepteur et avoir un sens dans la situation communicationnelle et culturelle d´accueil, comme une partie de son monde de référence. D´autre part, il doit exister un lien entre le texte traduit et le texte source. Ce lien, Vermeer l´appelle la règle de cohérence intertextuelle, ou la la règle de fidélité. La forme de cette cohérence intertextuelle sera dictée par l´interprétation que donne le traducteur du texte source et ensuite, par le skopos de la traduction. La cohérence intertextuelle est subordonnée à la cohérence intratextuelle et toutes deux sont à leur tour subordonnées à la règle du skopos. Si la finalité (skopos) exige un changement de fonction du texte, la norme ne sera plus alors la cohérence intertextuelle avec le texte source, mais l´adéquation et la conformité à la finalité (Reiss et Vermeer, 1984 : 139). Qui plus est, si la finalité exige une incohérence intra-textuelle, comme dans le cas du théâtre de l´absurde, la norme de la cohérence intra-textuelle ne tient plus. Il faut toutefois noter que le concept du skopos peut s´appliquer non seulement à des textes entiers mais aussi à des segments ou à des éléments textuels, tels que les exemples, les notes de bas de pages et les citations. Le skopos de telles unités moins grandes sera parfois différent de celui des autres segments textuels ou du texte entier. Grâce à l´influence de Katharina Reiss (1984), Vermeer a précisé sa théorie en élargissant son cadre d´étude pour englober des cas spécifiques qui n´étaient pas pris en compte jusqu-là. Il a intégré par exemple la problématique de typologie textuelle de Reiss. Si le traducteur parvient à rattacher le texte source à un type textuel ou à un genre discursif, cela l´aidera à mieux résoudre les problèmes qui se poseront à lui dans le processus de traduction. Vermeer prend en considération les types de textes définis par K. Reiss (informatifs, expressifs, opérationnels) pour mieux préciser les fonctions qu´il convient de préserver lors du transfert.