Recherches archéologiques à Bavay, XIV - XVII (1994) (original) (raw)

Portfolio, Nouveaux regards sur le trésor des bronzes de Bavay, Archéologia, 568, septembre 2018.

La nouvelle exposition du Forum antique de Bavay, musée archéologique du Département du Nord, propose de redécouvrir l'un des joyaux de sa collection : son trésor de bronzes antiques. Découvert en 1969, il rassemble près de 370 objets. Depuis 2017, un large programme d'études a été engagé : avec l'appui du C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France), différentes analyses physico-chimiques ont été réalisées ainsi que des examens par des techniques d'imagerie avancées (radiographie, tomographie X, numérisation 3D, fluorescence X, cartographie élémentaire sur l'accélérateur NEW AGLAE), livrant une nouvelle vision de la composition de ces objets et de leurs méthodes de fabrication. En parallèle, une étude stylistique et iconographique a été menée afin d'affiner l'attribution et la chronologie des statuettes.

Bavay – Forum antique

2019

En accord avec le Forum antique de Bavay, Musée du Conseil départemental du Nord et le soutien de la DRAC Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le service archéologique du Conseil départemental du Nord et l’université de Lille (Centre de recherche HALMA – UMR 8164, CNRS, Univ. Lille [SHS], MCC) se sont associés pour entreprendre une opération de fouilles programmées sous l’ancienne rue de la Réunion, qui traverse la basilique du forum gallo-romain. En 2014, une première intervention a consisté en une ..

MERKENBREACK V., Histoire de la recherche historique et archéologique à Bavay, et des récits légendaires, mythiques ou imaginaires, depuis le Moyen-âge jusqu'au début du XX e siècle, 2004, inédit.

De tous temps les vestiges archéologiques ont suscité l'émerveillement, l'interrogation ou l'imagination de ceux qui les visitaient. L'actuelle petite ville de Bavay, ancien chef-lieu de la cité des Nerviens, eut (et a encore) son lot d'érudits, de curieux, d'« historiens » locaux qui, au cours des siècles ont décrit, interprété ou inventé les vestiges d'un passé antique, à la mesure de leurs souhaits, parfois bien éloigné de la réalité historique ou archéologique, à d'autres reprises plus proche de celles-ci. Cet engouement était le plus souvent celui d'historiographes, de bibliothécaires ou encore de clercs, de Bavay ou des environs, et ce sont ces personnages qui nous ont laissé leurs récits, leurs écrits, gravures ou dessins sur l'objet de leurs recherches. Certains ont marqué plus que d'autres leur empreinte dans l'histoire locale, tel un Jacques de Guyse, un Augustin Carlier ou encore un Jean Lemaire de Belge, enfant du pays ; d'autres, quoique moins connus, furent cependant prolifiques. La recherche scientifique évoluant, le nom de Bavay est aujourd'hui connu comme étant celui d'un grand site archéologique, d'un forum, et celui de Bagacum comme le nom d'une ancienne capitale de cité. Il convient cependant de relativiser l'importance de la ville à l'époque antique ; en effet, Bagacum est une capitale éphémère pour le Haut-Empire, et une agglomération secondaire pour le Bas-Empire. Elle demeure néanmoins une ville importante en tant que chef-lieu de la cité des Nerviens et carrefour routier notamment, mais il ne faut point y voir, comme François Vinchant, historien montois du XVI e siècle, « une autre Rome » 2 En effet, dès le Moyen-âge, l'on écrit sur Bavay, sur ses vestiges antiques qui devaient d'ailleurs être plus imposants qu'aujourd'hui et ce jusqu'au XVI e siècle au moins. Mais, loin d'être une démarche scientifique, archéologique ou historique, ces écrits donnèrent lieu à différentes interprétations des ruines, à de nombreuses hypothèses et élucubrations, quant à l'origine de la ville, à son statut et importance durant la période gallo-romaine.. Nous présenterons ainsi, sans être pour autant exhaustif, les différents protagonistes et leurs idées ou réflexions sur l'antique cité de Bagacum.

Les débuts de l'archéologie dans le Nord de la France : l'exemple du comte de Caylus et de l'abbé Carlier à Bavay

La découverte du forum antique de Bavay peut aujourd’hui être abordée par deux voies. La première est bien sûr celle de l’archéologie de la ville gallo-romaine. Étudiée par de nombreux archéologues, l’antique Bagacum a aujourd’hui livré de nombreuses informations, parmi lesquelles sa fonction de capitale. La seconde, plus ténue, est l’histoire de sa mise au jour. Certes connue des archéologues, l’historiographie de l’archéologie à Bavay peut être à nouveau interrogée. En effet, il s’agit de la relire en la mettant en perspective avec l’évolution de l’archéologie en France et de décrire en quoi elle est emblématique des débuts de l’archéologie locale dans le Nord de la France. L’historiographie de l’archéologie et de sa naissance a largement été étudiée et ces ouvrages se sont souvent attardés sur la figure de l’archéologue. Alain Schnapp en propose une définition aboutie : « l’archéologue est un collectionneur un peu particulier, plus méticuleux que les autres et qui a des comptes à rendre aux institutions, à l’Etat, au public » . Il n’omet bien sûr pas toute l’antériorité des curieux, antiquaires et autres collectionneurs. De même, Krzysztof Pomian présente-t-il lui aussi les acteurs de la découverte de l’Antiquité . En effet, depuis le VIe siècle (d’après Alain Schnapp) et surtout aux XVIIIe et XIXe siècles, les prémices de l’archéologie sont affaires d’initiatives personnelles . Outre l’historiographie de l’archéologie en elle-même, il est incontournable de s’interroger sur le rôle des publications qui y sont liées, notamment les recueils : Cassiano dal Pozzo (qui développa au XVIIe siècle le premier « musée de papier » tel que décrit par Elisabeth Décultot ), Bernard de Montfaucon qui chercha à présenter une « histoire visuelle de l’art » et bien sûr le recueil du comte de Caylus . À travers ces publications, c’est toute la question du rapport entre l’objet archéologique, son image et le texte qui est reposée. Leur évolution est aussi témoin des débuts de l’archéologie. Ces « musées de papier » font l’objet d’un intérêt récent, notamment à travers deux expositions, l’une au Louvre Musées de papier, l’Antiquité en livres, 1600-1800 et l’autre, à Bruxelles, L'Antiquité de papier. Le livre d'art, témoin exceptionnel de la frénésie de savoir (XVIe - XIXe siècles) . Une large bibliographie est consacrée à ces ouvrages, surtout pour l’Italie. Pour la France, les travaux consacrés à un Nicolas Fabri de Peiresc ou au comte de Caylus permettent d’interroger ces problématiques. Plus localement, les antiquaires et collectionneurs bavaisiens ont bien sûr fait l’objet de moins de travaux de recherche. Nous noterons toutefois les diverses publications archéologiques qui ne manquent jamais de retracer l’histoire de ceux qui ont sauvegardé ce site exceptionnel, mentionnons notamment la carte archéologique consacrée à Bavay ou encore le catalogue des objets découverts à Bavay et conservés dans d’autres institutions édité par le Forum antique de Bavay en 2013 . Toutefois, ces publications sont beaucoup moins nombreuses que celles consacrées à la sociabilité antiquaire dans le Sud de la France, notamment autour des travaux de Véronique Krings . Très pertinents en ce qu’ils offrent un point de vue national, nous nous sommes beaucoup appuyés sur les travaux d’Odile Parsis-Barubé . L’histoire de la découverte des vestiges à Bavay débute bien avant la naissance de l’archéologie moderne. Dès le XIVe siècle on mentionne les vestiges, on lègue des trésors, on rêve au passé antique de la ville. Se consacrer à cette histoire veut donc dire retracer le lien qui existe entre ces chercheurs du passé et les archéologues modernes. Pour ce faire, nous devons pénétrer le monde qui a engendré celui des archéologues, c’est-à-dire le monde des collectionneurs et des antiquaires. Aujourd’hui, le mot antiquaire n’est plus utilisé que pour désigner un marchand de biens anciens. Aux XVIIIe et XIXe siècles, le terme antiquaire désigne une autre profession, une autre passion. Dans Le trésor de la langue française , l’antiquaire est défini comme le : « Savant qui se livre à l'étude des monuments, des objets d'art ainsi que des inscriptions et des manuscrits antiques. » Dans le Littré , qui est plus développé, c’est une figure essentielle de la connaissance au XVIIIe siècle qui se fait jour, l’antiquaire est « Celui qui s'applique à l'étude de l'antiquité, en expliquant les anciennes médailles, les inscriptions, l'usage et la forme des vases et des instruments antiques, en restituant les vieux manuscrits, et cherchant d'autres lumières qui puissent jeter du jour sur l'histoire et les usages des anciens temps. » Mais dans quel cadre pratique-t-il cette activité : est-ce un métier, un loisir, un statut ? Krzysztof Pomian donne la définition de ce qu’est une collection : « Ensemble d’objets naturels ou artificiels, maintenus temporairement ou définitivement en dehors du circuit des activités économiques, soumis à une protection spéciale et exposés au regard dans un lieu clos et aménagé à cet effet. » En effet, l’antiquaire évolue dans l’univers de sa collection, qu’il la partage ou non, qu’elle soit un outil de travail, un objet d’étude ou simplement de délectation. À Bavay, à travers la personnalité de l’abbé Carlier (1732-1818), nous pouvons observer certains des traits de l’antiquaire. Pour autant peut-on dire qu’il est le créateur de l’étude des antiquités à Bavay et qu’il a été un précurseur en constituant un cabinet d’antiquités et de curiosités à la charnière entre XVIIIe et XIXe siècles ? Il s’agit là de l’objet principal de notre étude. Nous consacrerons une première partie au substrat à partir duquel l’abbé Carlier a pu développer son étude, en retraçant, à travers l’approche des historiens, des bâtisseurs et des antiquaires, notamment le comte de Caylus, comment la connaissance de la Bavay antique s’est construite et transmise depuis le XIVe. La deuxième partie dessinera la figure de l’abbé Carlier à partir de ses archives, de son portrait et de son recueil de dessins. Dans une troisième partie, nous analyserons les productions de l’antiquaire bavaisien puis nous proposerons une mise en perspective de ce protagoniste, d’une part à travers deux figures emblématiques, parmi celles de ses contemporains français, Esprit Calvet (1728-1810) et Aubin-Louis Millin (1759-1818) et d’autre part, à travers le regard d’érudits locaux sur son travail : Martin-Jean de Bast , Antoine Niveleau et Henri Derbigny.

La vaisselle en bronze d’époque romaine trouvée à Bavay

La Revue du Nord, 2016

Le site de Bavay a livré 137 récipients en alliages cuivreux, dont 80 ont pu être localisés. Leur étude révèle les modes de consommation des élites, grâce à la confrontation avec les données issues d’autres villes (Reims, Trèves, Avenches, Pompéi) et d’autres matériaux (verre et céramique notamment). 137 copper alloy vessels have been found in Bavay of which 80 seem worthy of our immediate study. This research sheds a new light on the elite’s consumption, thanks to the comparison between different cities (Reims, Trier, Avenches and Pompeii) and other materials (glass and ceramics).