La magie « scientifique » à la Renaissance : un paradoxe ? (original) (raw)

« Non plus ultra » ? La magie naturelle comme frontière mouvante des savoirs

Faire et défaire les savoirs. Frontières épistémiques sur le métier (XVIe-XVIIe siècles), 2023

Cette contribution cherche à revenir aux sources de la malléabi- lité extrême d’une discipline chère aux savants de la Renaissance, à savoir la magie naturelle, en explorant trois pistes : (i) la plura- lité des traditions philosophiques qui se sont approprié la magie naturelle, (ii) l’interdisciplinarité qui est inhérente à cette science et (iii) son caractère polysémique. L’enquête conduit à poser l’hypothèse selon laquelle aucun espace de savoir n’est véritable- ment dévolu à la magie naturelle, mais que celle-ci semble plutôt former une ceinture mouvante autour des savoirs plus tradition- nels. Cette position, aux confins de la connaissance, contribue à faire de la magie naturelle une science programmée pour se détruire, puisque les phénomènes qu’elle décrit finissent irrémé- diablement par être expliqués ou infirmés.

« Quand la sémantique du “miracle” dépolitise une médiation : la carrière d’un motif thaumaturgique »

Comment cadrer 1 une activité politique et secrète lorsqu'on est un mouvement catholique attentif à sa position ecclésiale, soucieux de sa publicité et désireux de préserver la spiritualité originelle d'un « service des pauvres » ? Comment un objet hybride et multipositionné, opérant en coulisse dans des champs de force possiblement compromettants, peut-il produire un récit suffisamment purifié pour être rétributeur et/ ou acceptable par différentes instances d'authentification ?

Pensée magique et utopie dans la science. De l'incorporation à la «diète méditerranéenne»

1996

lemangeur-ocha.com-Fischler, Claude (sous la direction de). Pensée magique et alimentation aujourd'hui. Les Cahiers de l'OCHA N°5, Paris, 1996, 132 p. CLAUDE FISCHLER Pensée magique et utopie dans la science De l'incorporation à la « diète méditerranéenne » Dépôt en archives ouvertes avec l'aimable autorisation de lemangeur-ocha.com halshs-00505644, version 1-http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00505644/fr/ oai:halshs.archives-ouvertes.fr:halshs-00505644 lemangeur-ocha.com-Fischler, Claude (sous la direction de). Pensée magique et alimentation aujourd'hui. Les Cahiers de l'OCHA N°5, Paris, 1996, 132 p. Dépôt en archives ouvertes avec l'aimable autorisation de lemangeur-ocha.com halshs-00505644, version 1-http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00505644/fr/ oai:halshs.archives-ouvertes.

Magie ou science : des machines de Virgile

Engins et machines, 2015

Ce fu ung fil de metal qui soustenoit tout l'enchantement 1. Virgile, l'auguste poète antique, subit au Moyen Âge une métamorphose qui fait de lui un génial créateur de prodiges et inventeur de machines de toutes sortes dont on ne sait pas très bien si elles sont le fruit de sa sagessesa science, son savoirou si quelque puissance occulte lui en a insufflé le secret de fabrication. Virgile nous renseigne sur l'appréhension de la frontière entre nature et merveille à une époque où vont commencer à se démêler science et magie. Il faut « remonter aux XII e et XIII e siècles, au cours desquels l'irruption en Occident de la science arabe et d'un certain nombre de textes grecs et hébreux a valorisé d'une manière différentielle les discours et les usages relevant de l'astrologie, de la divination et de la magie. La grande vague des traductions arabo-latines et gréco-latines, dont une part importante concernait ces domaines, a contribué en effet à modifier en profondeur la conception de la nature et de la science dans l'Europe médiévale 2. » Originellement créateur de mythe, Virgile deviendra au Moyen Âge, et bien au-delà, luimême mythe, cumulant en sa personne les fonctions de poète, de savant, de clerc, enfin de sorcier. Cette hésitation sur son identité persistera jusqu'au XVII e siècle : en 1622, Pierre de Lancre écrit par exemple dans son ouvrage De la mescreance du Sortilège que Virgile a été « un insigne Enchanteur et Nécromancien » qui « a fait une infinité de choses esmerveillables par le moyen de sa Magie 3 ». Mais à la même époque, cet auteur est contredit par un certain Jacques Gaffarel qui écrit dans ses Curiositez inouïes (1629) que les inventions prêtées à Virgile n'ont absolument rien d'invraisemblable : il n'y a qu'à songer, dit-il, aux horloges et aux automates extraordinaires de notre temps 4. D'autres enfin déplacent les pôles de la discussion et contournent ainsi le problème : Virgile le magicien serait une personne distincte du Virgile poète 5. D'ès le XI e , un Collin de Plancy avait hasardé l'hypothèse que Virgile le Magicien pourrait être un évêque de Salzburg du VIII e siècle réputé pour avoir défendu des

Sorcellerie et modernité : retour sur une étrange complicité

Politique africaine, 2000

Comment expliquer que le discours «traditionnel» de la sorcellerie résiste aux bouleversements de la modernité ? Cet article avance l'hypothèse qu'il y a une forte convergence entre la sorcellerie, qui exprime une ouverture relative de la communauté locale, et la globalisation, qui ouvre l'accès à de nouveaux horizons. De façon plus générale, la résilience de la sorcellerie participe d'un « ré-enchantement » du monde, également sensible sous d'autres latitudes. Pour en prendre la mesure, il convient d'abandonner toute tentative de classification et d'adopter une épistémologie pluraliste. En anthropologie, la dernière décennie du XX e siècle a généré une reprise remarquable des études sur la sorcellerie en Afrique, mais aussi ailleurs-reprise étonnante à la fin d'un siècle largement dominé par la préoccupation du moderne. En effet, ce retour s'est réalisé sous le signe de la modernité: après plusieurs décennies d'une négligence relative, une bonne partie des publications anthropologiques des années 90 reliaient plus ou moins explicitement la sorcellerie à la modernité 2. Évidemment, ces deux termes posent problème. «Sorcellerie» est une traduction précaire de notions africaines

Quand la fiction vient au secours de la science : enjeux des expériences de magnétisme dans quelques récits romantiques (La Découverte scientifique dans les arts, dir. Azélie Fayolle et Yohann Ringuedé, LISAA, coll. Savoirs en textes, 2018. En ligne)

[URL : http://lisaa.u-pem.fr/index.php?eID=tx\_nawsecuredl&u=0&file=fileadmin/fichiers/LISAA/Collections\_numeriques\_du\_LISAA/Savoirs\_en\_textes/Pezard.pdf&t=1538831449&hash=fdd251ab4ee5e0c36433ede6119556c529aedb63 ] Le caractère controversé de cette discipline explique que la fiction exploite tout au long du siècle le motif de la découverte du magnétisme. Mais la scène où un personnage découvre que le magnétisme, ou l’hypnose, est bel et bien une réalité, évolue en profondeur en même temps que la science. Le sujet magnétisé, qui accède à une nouvelle forme d’existence dans les récits romantiques, expérimente à la fin du siècle une perte radicale de conscience. Le magnétiseur, fascinateur charismatique dans les romans de Balzac, Soulié ou Dumas, devient un homme banal à partir des années 1870. Ce changement de point de vue permet au lecteur de se situer au plus près de l’émotion qui reste toujours associée, dans ces textes, à la découverte du magnétisme : la peur, qu’inspire ce phénomène qui semble la réalisation scientifique d’un cauchemar surnaturel.