Une lecture politique de la théorie girardienne (original) (raw)

Sur les traces de la théorie foucaldienne de l'État

Arnault Skornicki, « Sur les traces de la théorie foucaldienne de l’État », Histoire@Politique, n° 32, mai-août 2017 [en ligne, www.histoire-politique.fr\] Abstract This article revisits the research trajectory that led to the writing of a book entitled La grande Soif de l’État: Foucault avec les sciences sociales (2015). Few thinkers have more radically critized the “statocentrism” of Western thought than Michel Foucault, a theorist of power (dispersed, reticular, mobile and productive) rather than of the state (sovereign, unitary, prohibitive). And yet his work has powerfully fueled research on the state in history and the social sciences. To dispel this paradox, Foucault is removed from himself and confronted with some of the major social scientific contributions regarding the state (Weber, Elias, Marx, Polanyi, Kantorowicz, Tilly, etc.). Genealogy is compared to historic sociology in order to establish the impact and limits of the Foucauldian contribution to the “theory of the state”. Résumé Cet article revient sur le parcours de recherche qui mena à l’écriture de l’ouvrage intitulé La grande Soif de l’État. Foucault avec les sciences sociales (2015). S’il est un penseur qui a radicalement critiqué le «statocentrisme» de la pensée politique occidentale, c’est bien Michel Foucault, penseur du pouvoir (dispersé, réticulaire, mobile et productif), et non de l’État (souverain, unitaire, et prohibitif). Et pourtant, son œuvre a puissamment alimenté les recherches sur l’État en histoire et en sciences sociales. Pour dissiper ce paradoxe, on tente de sortir Foucault de lui-même en le confrontant à certains grands apports des sciences sociales sur l’État (Weber, Elias, Marx, Polanyi, Kantorowicz, Tilly, etc.), en comparant généalogie et sociologie historique, afin d’établir la portée et les limites de la contribution foucaldienne à la « théorie de l’État ».

Entre Charybde et Scylla : une théorie mimétique du politique

Cités, 2013

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LA PENSÉE POLITIQUE DU PÈRE TEILHARD DE CHARDIN (1881-1955)

Politeia, 2016

« Oh qu'il est beau l'Esprit s'élevant, tout paré des richesses de la Terre ! » 1 SOMMAIRE I.-LE PROJET HUMAIN A.-Socialisation et individualisme B.-Planétisation et totalitarisme II.-L'ORGANISATION POLITIQUE A.-Le rejet des régimes totalitaires B.-La démocratisation et la planétisation III.-LA MONTÉE DES PÉRILS A.-Maîtriser l'avenir de l'homme B.-Le péril nucléaire ierre TEILHARD DE CHARDIN fut-il un penseur politique ? Il peut paraître étonnant de poser une telle question au début d'une étude consacrée à la pensée politique de cet homme hors du commun, mais le parcours intellectuel de ce « nomade de la science » 2 , qui fut à la fois géologue et paléontologue, religieux et théologien, grand voyageur et aventurier, ne le destinait pas à être classé parmi les penseurs politiques, du moins si l'on s'en tient aux critères académiques 3. TEILHARD DE CHARDIN n'a pas élaboré, à proprement parler, de théorie politique. Encore moins at -il participé aux débats politiques de

Simondon et la politique

Implications Philosophiques, 2019

This paper examines Simondon’s political thought within the context of his broader philosophical project. This project has two connected aims. First, an attempt to establish a unified epistemological foundation for the human sciences. Second, a political pedagogy that emerges from his account of technics. Both depend on Simondon’s critique of metaphysical dualism, which entails a rejection of ontological substantialism and determinism. Within this critical framework Simondon elaborates the concepts of information and technicity that ground his development of an ontology of processes (an ‘ontogenesis’), an epistemology of analogical (or ‘transductive’) knowledge, and a political theory of collective (or ‘transindividual’) invention. Cet article présente la pensée politique de Simondon dans le contexte plus large de son oeuvre philosophique. Cette dernière est habitée par deux projets couplés : d'un côté celui d'une unification épistémologique des sciences humaines, de l'autre, un projet politico-pédagogique qui s'enracine dans sa philosophie de la technique. Le deux dépendent de la même critique du dualisme métaphysique, qui se prolonge dans une opposition nette au substantialisme et au déterminisme ontologiques. C'est dans un tel cadre que Simondon élabore les concepts d'information et de technicité qui fondent le développement d'une ontologie des processus (une « ontogenèse »), d'une épistémologie de la connaissance analogique (ou « transductive »), et d'une théorie politique de l'invention collective (ou « transindividuelle »).

Game of thrones au prisme de la théorie politique

Adaptée des livres de George R. Martins, la série Game of Thrones connait un succès mondial. Produite par le géant américain HBO, elle réussit le pari de tenir en haleine depuis six saisons des millions de téléspectateurs à travers le monde. Comment expliquer un tel succès ? La théorie politique peut apporter un éclairage sur l'engouement suscité par cette dystopie glaçante. Outre le divertissement qu'elle offre, Game of Thrones semble renvoyer à des interrogations sur la nature des institutions politiques de l'Occident et exprimer les angoisses contemporaines quant à la stabilité de l'ordre mondial. La série met en scène un monde imaginaire où règne le chaos et où la violence est quotidienne. Alors que la mort peut survenir à chaque instant, les principaux protagonistes de la série sont unis par un même dessein : mettre fin à ce climat de désordre en montant sur le trône de fer. « Hobbes au pays des dragons » Dominique Moïsi résume l'atmosphère de la série : elle représenterait avec brio « Hobbes au pays des dragons ». 1 Nous retrouvons dans l'univers qu'elle dépeint les éléments de la promesse faite par la notion de souveraineté telle que le philosophe anglais l'a théorisé. Considéré comme le penseur de la modernité politique, ce dernier entreprend dans son Léviathan de faire tenir la communauté politique sur un pacte passé par les membres du peuple pour se donner un souverain. Par un monopole sans partage de la force, le Léviathan doit imposer la paix et bannir la violence privée. Games of Thrones active cet univers hobbesien de guerre civile dans lequel tous est l'ennemi de chacun. La série décrit au fil des saisons la lente et sanglante sortie du féodalisme pour advenir à la constitution d'un pouvoir central assez fort pour tenir en respect les ambitions de chacune des Maisons. Elle peut se lire comme un récit téléologique vers l'avènement de la modernité politique.

La fabulation du politique dans l'oeuvre d'Antoine Volodine (dans E. Reverzy, R. Fonkoua, P. Hartmann (dir.)," Les Fables du politique. Des lumières à nos jours", Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2012 )

S i l'oeuvre entière d'Antoine Volodine est informée par la réminiscence des luttes révolutionnaires du xx e siècle, elle se caractérise aussi par une écriture originale, qui vise à déplacer des événements historiques tout à fait reconnaissables dans un univers radicalement autre, baptisé par l'auteur du nom de « post-exotisme ». En ce sens, elle se présente à la fois comme une fable ou fabulation politique – un récit imaginaire comportant des thèmes et des enjeux politiques – et une fabulation du politique, c'est-à-dire un processus de déréalisation, ou de fictionnalisation, du politique.