Appel a communication Discours de legitimation (original) (raw)

« Le discours de légitimation : construire la légitimité politique, de l'Antiquité à nos jours » Journée d'études doctorales, Paris I, salle Marc Bloch, 22 octobre 2016 « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir 1. » Par ces mots, Jean-Jacques Rousseau suggère que le véritable rouage du gouvernement n'est pas tant un ensemble de pouvoirs mesurables que l'acceptation de ses règles et de sa domination de la part de ceux qu'il entend gouverner. La coercition, première raison de la domination, ne saurait être pensée sans le consentement à l'exercice du pouvoir. Or, cette intériorisation du rapport de force est à l'origine de la notion de légitimité. Le plus souvent, la domination durable repose sur le consentement des dominés, lesquels croient en la légitimité du gouvernement. Un certain nombre de travaux récents questionnent à nouveaux frais la notion de légitimité politique, invitant à la retravailler au croisement de l'histoire et de la sociologie 2. La légitimité est définie par Max Weber comme une forme de « crédit » qui consolide l'existence du pouvoir 3. On peut d'emblée distinguer deux formes de légitimité : la légitimité théorique, laquelle découle du droit et du discours d'autorité, et la légitimité pratique, qui provient de la mise en oeuvre de gestes, de routines politiques qui donnent à voir le pouvoir en acte. Pour le judaïsme antique, est légitime le grand prêtre descendu de Saddok 4. Pourtant, les Hasmonéens cumulent la fonction royale et la fonction sacerdotale 5 malgré leur manque de droit juridique ou traditionnel 6. Cela, jusqu'au rejet d'Alexandre Jannée, en 96 av. J.-C. 7 : il faut croire que la dynastie n'a pas réussi à convaincre par son discours.