Troisième conférence nationale d'Antarsya (5-6 mars 2016 (original) (raw)

La 3ème conférence nationale de la gauche anticapitaliste grecque, organisée trois ans après la précédente, était un pari et un enjeu, pour des raisons tant de fond, stratégiques, qu'organisationelles. D'abord les chiffres : 900 délégués, pour un mode de un sur trois, cela veut dire que presque 3000 membres restent organisés dans le cadre d'Antarsya, presqu'autant qu'il y a 3 ans, et on peut affirmer qu'au moins 2000 sont des membres vraiment actifs. Les effectifs ont une importance, car il faut savoir que l'été dernier, après la défaite de Syriza, il y a eu une scission dans Antarsya, avec notamment deux organisations constituantes (Aran, Aras) qui ont rompu et intégré une scission de Syriza pour former Unité Populaire (LAE). On peut donc dire que la conférence actuelle s'est tenue juste après une crise propre et une défaite, dans la mesure où Antarsya n'a pas su attirer les scissions de gauche de Syriza et qu'en outre, elle en a pâti elle même ! Malgré les pertes de cet été, les chiffres montrent qu'une frange importante des militantEs du mouvement ouvrier et social reste organisée dans Antarsya. Cela ressort d'ailleurs dans les derniers sondages parus : Unité Populaire, avec ses anciens ministres et dirigeants connus, y est à environ 2 %, Antarsya dont les dirigeantEs sont peu connus ou même inconnus, à 1,5 %... Mais le plus important est que le cadre de discussion et d'alliance de ces militantEs reste très unitaire et pluriel, comme l'ont prouvé les débats de la conférence ! Au centre des discussions, cette fois, ne figuraient pas des questions programmatiques en tant que telles (l'union européenne, l'euro, le programme de transition, etc.) mais plutôt une question qu'on pourrait appeler celle des « alliances », à savoir comment militer dans une classe et un mouvement ouvrier qui a connu une défaite splendide de la voie « douce » (réformiste) face à la barbarie capitaliste, mais qui n'a connu ni un dépassement du type « juin 36 » ni une défaite globale, ce qu'a bien montré par exemple la dernière grande mobilisation de 4 février-comparable aux mobilisations de 2010-2012-mais aussi la solidarité de fait en faveur des réfugiéEs. Dans le congrès, il y a eu une vraie discussion autour de cette question, bien qu'elle soit aussi passée par divers canaux autour de plusieurs thèmes, essentiellement ceux du mouvement ouvrier organisé et de l'adresse aux diverses forces en rupture de Syriza (mais aussi du KKE), ainsi que la caractérisation actuelle de Syriza. En essayant de résumer les grandes lignes des réponses proposées, au delà des nuances et de différenciations internes, on pourrait dire qu'il y a eu trois blocs formés au sein du congrès. Une première réponse était formée autour du NAR (ancienne scission de la KNE-la JC grecque-et le principal groupe révolutionnaire grec) et de la minorité d'Aran qui est restée dans Antarsya. Cette composante a eu finalement la majorité presque écrasante des délégués (plus de 60 % des votes). Son analyse décrit une situation de recul relatif de la classe ouvrière avec en perspective la tâche d'essayer de relancer le mouvement ouvrier y compris par des appels et des actions de dépassement immédiat de la bureaucratie syndicale considérée comme appareil traître et reconnu comme tel par les masses. Dans cette analyse, la question des fronts, y compris politiques, reste pertinente surtout avec les ruptures de Syriza qui ont refusé sa capitulation sans en tirer de réponses programmatiques claires : il s'agit essentiellement de Unité Populaire (LAE) qui a simplement ajouté au programme Tassos Anastassiadis " Sur la troisième conférence nationale d'Antarsya (5-6 mars 2016) " , site du NPA, 16/3/2016