Concept drift vs suicide: comment l'un peut prévenir l'autre (original) (raw)

Frontière entre la mort et le mourir

Laval théologique et philosophique, 2000

Les notions de « mort » et de « mourir », parfois utilisées sans distinctions dans la littérature, font référence à deux dimensions fort différentes pour la personne en fin de vie, de même que pour toutes les personnes appelées à en prendre soin (intervenants de la santé, proches ou aidants naturels). Alors que la personne malade voit venir la mort, elle doit vivre son mourir. La mort succède ainsi au mourir, dans le temps. Par ailleurs, une réflexion d’ordre philosophique permet de préciser que la mort s’avère une ordonnance de la nature, elle est privation de la vie et un mystère. Et en tant que mystère, elle prendra forme selon les différentes croyances attribuées à l’immortalité de l’âme. Quant au mourir, il est l’épreuve par excellence d’une situation-limite. De plus, en dépit du caractère unique et individuel de cette expérience nouvelle pour tous, il assume différents visages. Si l’espoir de « connaître une belle mort » se conçoit aisément, le mourir n’en demeure pas moins le...

Peut-on distinguer homicide-suicide et suicide par leurs facteurs de risque ?

Criminologie

Les homicides-suicides sont des événements aussi graves qu’exceptionnels. À l’interface de la criminologie et de la suicidologie, leur étude et leur prévention butent sur une indistinction de statut : sont-ils à considérer comme une sous-catégorie du suicide ou comme une entité à part entière ? Pour le clarifier, nous avons mené une méta-analyse de l’ensemble des articles comparant les facteurs de risque de suicide et d’homicide-suicide afin de discerner si certains d’entre eux étaient plus spécifiques de l’un ou de l’autre des événements. Treize articles ont été inclus dans l’analyse finale. Le sexe masculin, l’appartenance à une minorité culturelle et les antécédents judiciaires étaient plus spécifiquement associés à l’homicide-suicide qu’au suicide. De même, le suicide survenait plus fréquemment à domicile et impliquait des moyens plus violents lorsqu’il était précédé d’un homicide. En revanche, les problèmes de santé physique, les antécédents de dépression, de tentative de suici...

De la désespérance à l'apprenance : parcours heuristique au contact du suicide

2015

RESUME: Le but de cette recherche etait de prendre appui directement sur le vecu singulier du chercheur par le biais d'une ecriture experientielle pour passer d'un etat de desesperance a celui d'apprenance suite au deces par suicide d'un proche. Son defi principal etait de comprendre comment et a quelles conditions son processus d'ecriture pouvait lui permettre de degager de son experience, du sens et des comprehensions inedites, ainsi que des connaissances novatrices susceptibles de renouveler tout autant sa demarche de recherche, que sa pratique et sa personne. Cette activite scientifique inscrite dans une perspective heuristique met en avant-plan un praticien-chercheur en quete de son chemin d'apprenance . Cette recherche s'appuie sur le paradigme interpretatif. Plus specifiquement, il s'agit d'une approche d'inspiration phenomenologique « radicalement » en premiere personne (Vermersch, 2006), en ceci que le chercheur s'appuie essentiel...

Antidépresseurs et suicide, les leçons d'un échec

Intervention au colloque "Déprime, dépression", 1er février 2008. La méthodologie basée sur les statistiques en santé mentale est, par conception, inapte à décider de l'efficacité, ou au contraire la dangerosité, des antidépresseurs en matière de prévention du suicide. C'est l'ensemble de cette clinique des cohortes qui est à remettre en question : la psychiatrie ne peut démultiplier son action et généraliser ses conceptions, qu'à perdre son efficacité.

LE « SELFIE » LITTÉRAIRE : UNE ÉTUDE BRACHYLOGIQUE DE L'« AUTOPORTRAIT (À LA TOUSSAINT

2020

Au sein de la narration « Polaroïd » de Toussaint, cette étude vise à analyser, dans une perspective brachylogique, son Autoportrait (à l'étranger) en mettant en évidence le rapport de perméabilité entre photographie et littérature qui aboutit à une réflexion sur le concept de selfie littéraire, à savoir un autoportrait extrêmement contemporain, où l'auteur devient à la fois le sujet et l'objet de la narration. Cette « photolittérature » représente une écriture visuelle, un récit de voyage autobiographique composé d'instantanés et, donc, bref, immédiat, incisif. Cette propension à la brièveté amène le je-narrateur à raconter une réalité très personnelle et « infinitésimale » et d'une manière brève et laconique, à savoir extrêmement contemporaine. Le selfie littéraire de Toussaint, qui diffère de l'autoportrait pictural mais aussi de l'autoportrait photographique, accomplit une mise en relation entre le je-microcosmique et le monde-macrocosme ; il atteste l'expérience « fugitive » de l'être au monde de cet auteur, en représentant un « brusque témoignage » du temps qui passe, mais aussi une façon de lui résister. Cette écriture instantanée inaugure une narration-Polaroïd qui immortalise le seul instant qui résume, en le minimisant, le récit du voyage entier. Abstract Within Toussaint's "Polaroïd" narrative, this study aims to analyze, from a brachylogical perspective, his Autoportrait (à l'étranger) by highlighting the permeability relationship between photography and literature which leads to a reflection on the concept of literary selfie, namely an extremely contemporary self-portrait, where the author becomes both the subject and the object of the narration. This "photoliterature" represents a visual writing, an autobiographical travel account made up of snapshots and, therefore, brief, immediate, incisive. This tendency to brevity leads the "I-narrator" Maria Giovanna Petrillo 104 to tell about a very personal and "infinitesimal" reality and in a brief and laconic manner, namely extremely contemporary. Toussaint's literary selfie, which differs from the pictorial self-portrait but also from the photographic self-portrait, brings about a connection between the "I-microcosmic" and the world-macrocosm; it attests to the "fleeting" experience of being in the world of this author, by representing a "sudden testimony" to the passage of time, but also a way of resisting it. This "snapshots writing" inaugurates a Polaroid-narrative which immortalizes the single moment which sums up, while minimizing it, the story of the entire trip.

Polarité prédominante, mixité et suicide

L'Encéphale, 2012

Le trouble bipolaire s'associe à un risque suicidaire élevé. Parmi les principaux facteurs de risque il semble utile d'insister sur l'importance des liens existants entre d'une part les conduites suicidaires et d'autre part les différents sous-types de troubles bipolaires, les modalités évolutives ou les caractéristiques cliniques des épisodes. On peut ainsi mettre en évidence qu'une évolution du trouble marquée par une grande fréquence d'épisodes dépressifs comme dans le cadre d'une polarité prédominante dépressive ou que le caractère mixte d'un épisode récurrent semblent être des facteurs associés à une élévation du risque suicidaire tout au long de la maladie. Les mécanismes en jeu sont cependant mal identifi és. Reconnaître ces modalités évolutives spécifi ques conduit à envisager des modalités interventionnelles particulières basées sur le repérage clinique d'une symptomatologie mixte lors d'un épisode récurrent pour un traitement adapté ou sur le dépistage et l'évaluation précis dans l'histoire de la maladie de la présence d'états dépressifs pour tenter de les prévenir. © L'encéphale, Paris, 2012. Tous droits réservés.

L'horizon métaphysique. Le suicide pour exil

Hermès, 1992

On a peut-être rencontré une lithographie d'Horace Vernet. On y voit « Le Soldat de Waterloo », assis sur le petit sommet d'un paysage dynamité. Il y est le seul vivant, blessé et pensif. Une pelle à la main, mollement tenue, il cherche peut-être à surmonter une grande lassitude, simplement pour enterrer les morts, hommes et bêtes. Au devant, l'aigle impérial est brisé; en arrière, une croix inclinée, soit vacille, soit demeure, baignée dans une lumière, crépusculaire ou aurorale. Cet art n'a jamais eu l'estime des amateurs. Baudelaire disait « M. Horace Vernet est un militaire qui fait de la peinture. » Oui, Vernet fut le peintre officiel de Napoléon III. Pourtant, cette gravure donne le sentiment de faire face au XIX e siècle, dans ce qu'il eut de plus tragique : une insoutenable désillusion. Il fut peut-être notre plus grande machine à déconstruire. Si rien ne lui fait peur d'abord, au point qu'il est bien décidé à tout fouiller, tout ouvrir, tout retourner, tout l'effraie ensuite, quand le monde ressemble au paysage béant du soldat de Waterloo. Dans un monde aussi désarticulé, l'idée du suicide vient à l'esprit.