IMMIGRATION SÉLECTIVE ET CHÔMAGE : LES CONTRADICTIONS DES POLITIQUES EUROPÉENNES (original) (raw)

Historiquement, l'immigration en Belgique et en Europe a rempli deux principales fonctions : d'une part, combler les déficits de main d'oeuvre dans les secteurs déclarés en pénuries pour diverses raisons, et, d'autre part, assurer l'équilibre démographique pour permettre la survie du système de financement des pensions. Après plus de 60 ans d'histoire migratoire de l'après seconde guerre mondiale, les États européens et, désormais, la Commission européenne n'ont pas changé leur perception du rôle de l'immigration. Cet article propose d'analyser le discours actuel de la Commission européenne (mais aussi de nombreux États membres) sur la pénurie de main d'oeuvre pour justifier le recours à l'immigration « choisie » de personnels hautement qualifiés. Bien que difficile à objectiver, la pénurie revêt cependant un sens précis pour les économistes du marché du travail qui ne correspond pas à celui donné par l'UE. La notion de « pénurie de main-d'oeuvre » ne désigne pas nécessairement un manque de personnes « compétentes » dans la réserve de main-d'oeuvre, mais indique le fait que ces personnes « compétentes » ne proposent pas leurs services étant donnés le niveau de salaire et les conditions de travail offerts. L'article montre également que ce discours de pénurie coexiste avec des taux de chômage plus importants et des taux de surqualification des diplômés du supérieur descendant de migrants. Il conclut par l'analyse de ce qui se joue sur le marché du travail derrière ce paradoxe apparent des politiques européennes et par le nécessaire développement de politiques publiques visant à mieux combattre le chômage des diplômés du supérieur des descendants d'immigrés.