Structure et sensation dans la psychologie de la forme, chez Maurice Merleau-Ponty et William James (original) (raw)
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Bulletin d'Analyse Phénoménologique, Volume 9 (2013) Numéro 2
Je m’oppose ici à la théorie « structurale » de la sensation développée par Kurt Koffka dans les années 1920, et reprise notamment par Merleau-Ponty, qui en fait le centre théorique des analyses de la psychologie de la forme. Je commence donc par examiner cette théorie et les faits sur lesquels elle repose, en montrant notamment, à l’aide de la méréologie husserlienne, qu’ils ne peuvent paraître corroborer une théorie structurale de la sensation que si l’on confond « abstraire » et « séparer réellement » une qualité de son contexte. Il s’agit par là plus largement de montrer l’impossibilité, en fait comme en droit, de toute philosophie de la perception qui chercherait à réduire les sensations ou « qualia » à des prédicats relationnels. Je convoque alors William James à l’appui de ces conclusions, en rappelant qu’il avait déjà montré contre les théories néo-hégéliennes de son époque l’illégitimité de leur prétention à se réclamer de faits psychologiques similaires, et qu’il avait soutenu contre eux une théorie de la connaissance par accointance et de l’absoluité ontologique des qualités sensorielles que je cherche à reprendre à mon compte.
Bulletin d'Analyse Phénoménologique, 2012
Dans cet article, nous nous proposons d'établir une analyse comparative entre l'approche de la notion de schéma corporel dans la Phénoménologie de la perception 1 et dans les Cours de Sorbonne, réalisés entre 1949 et 1952, et dédiés, surtout, à la psychologie de l'enfant. Dans la Phénoménologie de la perception, Merleau-Ponty critique le caractère associationiste qui a marqué l'émergence de la notion de schéma corporel dans la neuropsychiatrie au passage du XIX e au XX e siècle. Pour le philosophe, le sens vraiment fructueux de ce dispositif repose dans son caractère intentionnel. Merleau-Ponty opère une désubstantialisation de la notion concernée. De représentation ou de no-yau cognitif organisateur de notre expérience corporelle, elle passe à fonction pré-cognitive, expression de la perméabilité des parties de notre corps les unes en relation aux autres, et, également, de la perméabilité du corps au monde et à autrui. Après la Phénoménologie de la perception, cette perméa-bilité sera pensée de plus en plus dans les termes d'une « proximité vertigi-neuse » entre nous et les objets, entre nous et autrui. Le passage, que réalise Merleau-Ponty, de l'idée d'incarnation à la conception de chair commence à être conçu dans la période entre 1945 et 1952, et se nourrit de discussions concernant la corporéité à l'intérieur, principalement, de la psychologie de l'enfant et de la psychanalyse, ainsi que des réflexions concernant le schéma corporel. Dans ce contexte, la notion de schéma corporel, dont l'interpré-tation intellectualiste de représentation ou d'image de notre corps ne peut plus être soutenue depuis la Phénoménologie de la perception, ne se contente 499 1 M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1945. Abrégé Ph.P. par la suite.
La spatialité du corps dans la phénoménologie de Merleau-Ponty
Il s'agit d'interroger le lien entre le sujet et l'espace de l'ordre qui pour Merleau-Ponty est de l'ordre d'un « pacte plus ancien » entre moi et le monde, une préhistoire qui est l’œuvre d'un autre sujet que la conscience, qui apporte un sens plus vieux que la pensée et la constitue. La perception étant le commencement de toute connaissance, le savoir du corps est un savoir latent, qui préexiste à toute pensée rationnelle et objective.
Du sensible à l’œuvre. Esthétiques de Merleau-Ponty
Plusieurs générations de chercheurs internationaux interrogent l’esthétique de Merleau-Ponty suivant deux axes : d’une part, le dialogue constant et passionné avec des arts (peinture, littérature, cinéma) et ses protagonistes (Cézanne, Proust, Claude Simon) qui est à l’origine de l’esthétique de Merleau-Ponty, et dans d’autre part, l’impact de la pensée merleau-pontienne sur les arts, depuis le Minimal Art américain en passant par le Body Art et la danse contemporaine. Tandis que certaines contributions s’intéressent, en s’appuyant sur les inédits, au rapport jusqu’ici moins étudié que Merleau-Ponty entretenait avec la musique, mais aussi avec la photographie, d’autres contributions jaugent l’héritage merleau-pontien dans des arts sur lesquels il n’a pas lui-même écrit (la sculpture, la danse ou le théâtre). Ce volume propose donc une première synthèse générale du rapport de Merleau-Ponty aux arts, tout en en indiquant les lignes de fuite et les horizons qui en font aujourd’hui, cinquante ans après sa mort, toute l’actualité. Contributions d’Emmanuel Alloa, Ronald Bonan, Fabrice Bourlez, Mauro Carbone, Lambert Dousson, Eliane Escoubas, Barbara Formis, Paule Gioffredi, Adnen Jdey, Stefan Kristensen, Rosamaria Salvatore, Jenny Slatman, Bernhard Waldenfels, Benedetta Zaccarello.
2013
L'un et l'autre, Patocka et Merleau-Ponty conçoivent le monde non seulement comme Objet, mais comme un champ d'une profondeur phénoménale et ontologique irréductible. Le concept de mouvement chez Patocka et celui de chair chez Merleau-Ponty sont deux figures concrètes de cette profondeur, et dans cette mesure, ils sont compris chez les deux auteurs respectivement comme ce qui est à l'origine de chaque étant singulier pour autant qu'il se détache sur le fond du monde comme une totalité ouverte. Toutefois, la position des deux concepts par rapport aux catégories traditionnelles de la métaphysique semble être radicalement différente. L'auteur développe la thèse selon laquelle le concept patockien de mouvement est profondément enraciné dans les oppositions classiques et partant en dépend d'une manière cruciale, tandis que le concept merleau-pontyen de chair permet de comprendre ces oppositions comme des abstractions produites par ségrégation à partir du champ originaire de présence. Afin d'établir ces points, l'auteur propose une interprétation de la compréhension respective des deux philosophes des concepts d'horizon, de monde, de mouvement et de chair.