Acteurs globalisés et ressources minières localisées : contours et enjeux de la contestation post- extractiviste en Argentine (original) (raw)
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Neo-extractivisme minier et question sociale au Pérou
Cahiers des Amériques Latines, 2015
Le secteur minier a été le moteur d cela remarquable croissance péruvienne. Il a contribué, par les recettes fiscales qu'il a générées, à la forte réduction de la pauvreté depuis les années 1990: les gouvernements successifs, toutes étiquettes confondues, ont soutenu les grands investissements privés dans le secteur minier pour garantir leur dépense sociale. Pour autant, la croissance est restée géographiquement et socialement inéquitable et le rapport de force demeure à l'avantage des grands groupes miniers, nourrissent le terreau des conflits sociaux autour des projets d'exploitation. Ecartelé entre pragmatisme économiques et enjeux politiques, le gouvernement actuel ne remet pas en cause le modèle de développement "néo-extractiviste" du pays.
Cahiers d'Outre-Mer
En Argentine, les modes de développement des productions du secteur primaire (mine, hydrocarbures, agriculture) invitent à réfléchir aux stratégies déployées par les acteurs car elles déterminent leur façon de « faire territoire » ou non. Des négociations peuvent dépasser des situations conflictuelles et, là où le dialogue arrive à se structurer, une co-production des systèmes socio-spatiaux locaux peut s'établir par le biais de processus d'hybridation des logiques publiques et privées, et du fait de positions consensuelles plus ou moins tacites. Summary In Argentina, the modes of development of production of primary sector (mine, hydrocarbons, agriculture) invite to think about the strategies deployed by the stakeholders. These determine the way of "making territory" or not. Negotiations can go beyond conflictual situations and, where the dialogue is able to be structured, a local socio-spatial systems co-production can be established through processes of hybridization of public and private logics, and through more explicit consensual positions.
La question extractiviste en Amérique latine
Les dernières décennies ont vu, sur la scène sud-américaine, l'approfondissement de pratiques extractivistes massives. Ce phénomène, loin d'être nouveau, remonte à la colonisation ibérique initiée aux XVIe et XVIIe siècles. Cependant, c'est avec une ampleur nouvelle qu'il ressurgit à l'aube du nouveau millénaire. Une combinaison de facteurs, telle que l'augmentation des prix des matières premières tirée par la demande croissante des économies émergentes, la réorganisation des législation et juridiction nationales ou encore l'introduction de nouvelles technologies président à ces évolutions. L'extractivisme devient plus intense et élargit les frontières des territoires exploités. Les cimes des massifs andins, hier inaccessibles, voient dorénavant l'émergence de projets gigantesques tel que celui de la Pascua Luma entre l'Argentine et le Chili. Ainsi, alors que le Chili ne recevait qu'un milliard de dollars d'investissements dans le secteur minier en 2000, il en reçoit le triple sept années plus tard. Aujourd'hui, sur chaque centaine de dollars exportés à l'étranger, quatre-vingt dix proviennent des activités extractives. Les budgets d'exploration en Amérique latine et aux Caraïbes se sont multipliés par cinq entre 2003 et 2010, passant de 566 millions de dollars à 3 024. De même, les exportations minières en provenance du Mercosur représentent 42 000 dollars en 2009 alors qu'elles n'en représentaient que 13 000 en 2003. L'extractivisme ne recouvre 1 cependant pas uniquement les activités minières. Marielle Svampa affirme qu'il «doit être compris comme un modèle d'accumulation, fondé sur la surexploitation des ressources naturelles en grande partie non renouvelables et sur le déplacement des frontières des territoires jusqu'alors considérés comme «improductifs»». Cette notion, entendue de manière extensive, peut même aller jusqu'à 2 englober «d'autres activités (comme l'agrobusiness et les biocarburants) qui encouragent la logique extractiviste en consolidant la monoproduction». La re-primarisation des économies que connaît le continent sud-américain à l'aube du XXIe siècle s'accompagne de glissements sémantiques se voulant le reflet de nouvelles pratiques. Gudynas distingue ainsi deux types d'extractivisme. L'extractivisme «classique», le plus répandu, serait celui des gouvernements conservateur tels que Eduardo Gudynas, «Ten Urgent Theses about Extractivism in Relation to Current South American 1 Progressivism», Americas Program Report, 2010. Maristella Svampa, «Néo-"développementisme" extractiviste, gouvernements et mouvements sociaux en 2 Amérique latine », Problèmes d'Amérique latine, 81, 2011: 101.
L’essor de l’extractivisme, moteur de la « recolonisation » du Pérou et de l’Amérique latine
Passerelle n°24 "Décoloniser! Notions, enjeux et horizons politiques", 2023
Depuis les années 1980 et 1990, l’expansion internationale du néolibéralisme s’est faite en parallèle à l’essor de l’extractivisme dans toute l’Amérique latine ; un phénomène que l’on peut étudier à travers le prisme des concepts de colonialité et de recolonisation interne afin d’analyser comment l’extractivisme, aux échelles internationale (I), nationale (II) et locale (III), (re)produit avec force l’eurocentrisme, les logiques capitalistes et le racisme. Cependant, la résistance s’organise naturellement et des mouvements anticoloniaux voient le jour (IV), qu’ils se revendiquent de la sorte ou non.
Le modèle agro-industriel argentin dans la mondialisation
Analyse 128, Agreste, Ministère de l'agriculture et de l'alimentation, 2018
À la fin du XIX e siècle, face à la rapide mondialisation des systèmes alimentaires, l'Argentine s'est positionnée comme exportatrice de matières premières agricoles. Par la suite, le pays s'est toujours montré réactif et adaptable aux évolutions de la demande mondiale. Depuis les années 1990, son agriculture évolue d'un modèle centré sur les exportations de grains et de viande, à faible valeur ajoutée, vers un complexe agro-industriel oléagineux, avec de nouvelles articulations entre amont et aval. Cette note dresse un portrait de l'agriculture argentine, de ses performances économiques, sociales et environnementales, et identifie ses principaux enjeux pour l'avenir.