Genre et demandes de justice depuis la Renaissance, Amiens, 3 mai 2016 (original) (raw)

Notre projet a pour objectif d'étudier le cheminement judiciaire de la parole adressée aux autorités publiques depuis le XVI e siècle à nos jours, en interrogeant la manière dont les catégories du féminin et du masculin influencent les demandes de justice. En effet, sous l'Ancien Régime, les femmes n'ont pas, en théorie, de « voix » légale et le monde judiciaire est entièrement masculin. A l'inverse, notre société contemporaine valorise la parité et l'institution judiciaire s'est, en partie au moins, féminisée : nous voudrions donc envisager l'incidence de ces changements profonds sur la manière dont hommes et femmes formulent leurs plaintes, que ce soit devant les représentants légaux de l'Etat ou dans le cadre de procédures conciliatoires. La résolution officielle de conflits interindividuels, étudiée dans le temps long, nous apparaît aussi comme un observatoire privilégié des modifications des rapports de genre. Selon quelles modalités et jusqu'à quel point la capacité d'action légale effective des femmes, fortement restreinte à partir de la Renaissance, s'est-elle amplifiée depuis le XVIII e siècle ? A l'inverse, de quelle manière s'est modifiée ou altérée la capacité masculine à se plaindre ? Que cela révèle-t-il de la construction des identités féminines et masculines ? Cette journée d'études est envisagée comme une première rencontre entre chercheurs de toutes disciplines, visant à développer dans un second temps un projet collectif plus ample. Son objectif méthodologique est la confrontation d'études de cas tirées des terrains d'étude des participants, dans l'espoir de dégager un ou plusieurs modèles d'analyse permettant in fine d'évaluer la capacité d'action légale des femmes et des hommes depuis le XVI e siècle.