Ergenekon », un nom mythique très prisé en politique (original) (raw)

Ergenekon », un nom mythique très prisé en politique (1997) Etienne Copeaux Depuis l'émergence de l'affaire Ergenekon, nombreux sont ceux, hors de Turquie (et même en Turquie) qui se demandent ce que signifie ce terme et quelle est son origine. Je propose ici un extrait un peu remanié de mon ouvrage Espaces et temps de la nation turque (1997), lui-même tiré de ma thèse « De l'Adriatique à la mer de Chine. Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire » (1994). On trouvera également d'excellentes précisions dans Wikipedia en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Ergenekon. Voici la référence à utiliser pour citer ce texte : Copeaux Etienne, Espaces et temps de la nation turque. Analyse d'une historiographie nationaliste, 1931-1993, Paris, CNRS Éditions, 1997, pp. 157-165 Les inscriptions de l'Orkhon : le passé exemplaire des Turcs Au sud du lac Baïkal, mais sur le territoire de l'actuelle Mongolie, coule la rivière Orkhon, affluent de la Selenga, qui se jette dans le lac. Sur les rives de l'Orkhon s'est développée aux VII e et VIII e siècles une culture qui a laissé des vestiges, notamment des stèles sur lesquelles sont gravés des textes en turc ancien et en Chinois. Il s'agit des plus anciennes oeuvres en langue turque, datées par les spécialistes du début du VIII e siècle. Ces textes, très élaborés et très beaux, relatent l'histoire des « Turcs célestes » (Göktürk), une organisation politique dirigée par un « kaghan » (khan ou kagan). Plus exactement qu'un empire, les Turcs célestes auraient contrôlé une zone d'intervention militaire, de razzia, s'étendant depuis les monts Khangaï (lieu supposé des forêts mythiques d'Ötüken) jusqu'à l'ouest chinois, entre la Sibérie et le Tibet, et à certaines périodes de la mer d'Aral à la muraille de Chine.