Autun / Augustodunum, cité des Eduens. Gallia 72-1, p. 195-216 (la naissance des capitales de cités en Gaule Chevelue) (original) (raw)
Mots-clés. Bibracte, époque julio-claudienne, urbanisme, société. Résumé. Les campagnes de fouilles de ces quinze dernières années permettent désormais de mieux cerner les modalités de la fondation d'Autun/Augustodunum et son développement à l'époque julio-claudienne. Malgré d'indéniables avancées scientifiques, la chronologie et les formes d'occupation se précisant peu à peu, on constate que seule une petite superficie de l'espace urbain inégalement répartie, de l'ordre de 1 %, a bénéficié jusqu'à présent d'une fenêtre de fouille sur les niveaux les plus précoces. Ce bilan est donc amené à évoluer dans les prochaines années, au fil des fouilles préventives qui s'attardent désormais plus volontiers sur les niveaux intra muros les plus anciens, mais également dans le cadre des campagnes de fouilles programmées à l'emplacement du sanctuaire périurbain de la Genetoye, dont le substrat laténien a récemment été mis en évidence. Il conviendra notamment de s'interroger sur le rôle éventuel joué par ce secteur lors du transfert de chef-lieu de Bibracte à Autun. Abstract. The excavations conducted over the last fifteen years gave us a better insight into the processes of the foundation of Autun/Augustodunum and its development under the Julio-Claudian dynasty. Despite undeniable advances in knowledge and the gradual clarification of the chronology and of the different kinds of settlements, it must be noted that only a small (around 1 %), unevenly distributed sample of the urban area has been excavated down to the earliest levels. This assessment is thus going to develop over the next few years with the current development-led excavations studying more in detail the most ancient levels within Autun itself, and with research excavations on the site of the extra-urban sanctuary, la Genetoye, whose underlying La Tène phase has recently been highlighted. It will be necessary to evaluate the part this area played in the transfert of the chief-town from Bibracte to Autun. Translation : Cécile Tuarze Un premier bilan sur les origines d'Augustodunum a été dressé il y a maintenant trente ans par A. Rebourg à l'occa-sion d'un colloque consacré aux villes augustéennes de Gaule qui s'est tenu en 1985 à Autun (Rebourg, 1991). L'auteur se heurtait alors à l'indigence des données de terrain et indiquait avec humilité que sa communication posait plus de problèmes qu'elle n'apportait d'éléments de réponse, en particulier sur les questions de chronologie (Rebourg, 1991, p. 106). En effet, à cette époque et jusqu'au début des années deux mille, à l'exception du site du Lycée militaire, les opérations menées à Autun intra muros se sont fréquemment limitées à dégager les derniers niveaux d'occupation pour des raisons essentiellement budgétaires. Dans ce cadre, les vestiges les plus anciens ont été au mieux appréhendés par sondage ponctuel, voire tout sim-plement non atteints, ce qui ne permettait pas véritablement de bien comprendre la nature et la chronologie des occupations aux origines de la ville. La situation a timidement évolué en 2001 lors de la fouille du nouvel hôpital civil, où une fenêtre de quelques centaines de mètres carrés, représentant environ 15 % de la superficie fouillée, a pu être décapée jusqu'à l'apparition des premières occupations relatives à l'époque tardo-augustéenne. Il a fallu ensuite attendre 2010 et la fouille du faubourg d'Arroux pour planifier un décapage jusqu'aux niveaux précoces sur la totalité de l'assiette du projet (3 500 m 2 environ), une fois les occupations les plus récentes fouillées. Par ailleurs, il aura fallu attendre les années deux mille, et notamment la fouille de la nécropole de Pont-l'Évêque, pour corriger notre image des espaces funéraires périurbains, issue principalement des observations du xix e s. Le complexe périurbain de la Genetoye bénéficie quant à lui d'investigations récentes menées dans le cadre d'un programme collectif de recherche commencé en 2012. Elles livrent quelques indices anciens, contemporains des dernières occupations de Bibracte et de la fondation de la ville 1. Un rapide calcul montre que les superficies cumulées des interventions archéologiques menées ces trente dernières années dans l'espace urbain ne dépassent guère plus de 4 ha, ce qui a permis d'ouvrir une fenêtre d'observation sur les occupations antiques les plus récentes d'une superficie équivalant à 2 % de l'assiette totale de la ville antique estimée à 200 ha. Pour les occupations les plus anciennes, julio-claudiennes au sens large, la fenêtre bien plus réduite ne doit pas dépasser actuelle-ment 0,7 % à 1 %. Il s'agit pour l'essentiel d'espaces situés en périphérie près de l'enceinte, bien plus rarement d'îlots centraux ou bien monumentaux.