La littérature arménienne entre Orient et Occident (original) (raw)
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MTM 49, 2015
Dans son Discours historique, l’Arménien Łewond raconte comment « Muhammad et ses successeurs conquirent non seulement l’Arménie, mais l’univers ». Posant l’expansion de l’Islam comme un phénomène universel, l’auteur relate le sort de son pays depuis la mort de Muhammad et celle d’Héraclius († 641) jusqu’en 789. Selon lui, les Arabes ont poursuivi dès le début le dessein de déstructurer la société arménienne, d’exploiter le territoire et les populations soumises, en créant un contexte défavorable à la vie chrétienne. Il apporte ainsi des informations uniques sur l’Arménie, tout en exposant ses propres points de vue sur les califes, les conquêtes, les guerres civiles ou le passage des Omeyyades aux Abbassides. Effectuée sur un texte critique établi par Alexan Hakobian, qui respecte les divisions de chapitres et les titres les plus anciens, la traduction à été établie conjointement par Jean-Pierre Mahé et Bernadette Martin-Hisard. Cette dernière est la principale responsable des annotations à caractère historique qui accompagnent la traduction, ainsi que des pages qui lui font suite, consacrées à l’œuvre de Łewond, sa datation, et son dessein. Bien des données du texte plaident en faveur de la datation, récemment contestée, à la fin du VIIIe siècle. L’originalité de ces données plaident plutôt en faveur de la datation, parfois contestée, de Łewond au VIIIe siècle. L’auteur ne s’efforce pas seulement de relater les changements imposés à son pays par l’arrivée des Arabes, mais aussi de dispenser l’Enseignement plus spirituel qu’on peut attendre d’un théologien s’adressant à des fidèles, désorientés par des événements inédits. Au-delà de son interprétation biblique, Łewond, sensible au sort de la population, est un des premiers auteurs arméniens à s’interroger sur la guerre : faut-il se révolter, se soumettre ou temporiser ? On ne saurait dire avec certitude si son opinion est celle de certains milieux aristocratiques ou des autorités de l’Église, ce qui est le plus probable. Son œuvre invite aussi à reconsidérer les relations entre monde arménien et monde byzantin au viiie siècle. En annexe on trouvera une Correspondance apocryphe d’Omar II et de Léon III, insérée ultérieurement dans le Discours historique de Łewond. La version arménienne de ce débat théologique entre le christianisme et l’islam est traduite et annotée par Jean-Pierre Mahé, qui a confronté l’arménien à la rédaction arabe de la Lettre d’Omar (IXe-Xe s.). ISBN : 9782916716565
En 1883, l’écrivaine arménienne Serpouhie Dussap publia à Constantinople son premier roman, Mayda, du nom de la protagoniste. Véritable cas littéraire, ce roman attira à la fois les louanges des esprits progressistes et les critiques exacerbées des détracteurs. Pour ceux derniers, le modèle de femme émancipée prônée par Dussap pouvait avoir un rôle déstabilisateur sur la société tout entière, en corrompant les mœurs et les traditions séculaires arméniennes. Cet article s’interroge sur la place occupée par la littérature dans le processus d'émancipation féminine à l'intérieur de la société arméno-ottomane, tout en prêtant attention aux différences entre milieux ruraux et milieux urbains.
La diaspora armenienne en Occident
Perspectives & Réflexions , 2021
Contrairement à une idée reçue, la diaspora arménienne est bien antérieure au génocide de 1915. Définie comme une « Église nation », (Jean-Pierre Mahé), l’Arménie est marquée à la fois par un ancrage territorial sanctuarisé par le plateau arménien et une dispersion prématurée de son peuple au gré des aléas de son histoire mouvementée. Des communautés arméniennes établies en Europe dès le Moyen Âge ont joué un rôle significatif aussi bien dans la vie de leur patrie d’accueil que vis-à-vis de leur nation. Le partage de l’Arménie au début du XVIe siècle jusqu’au début du XXe siècle entre empires perse et ottoman, puis russe et ottoman confirmera le duopole entre Constantinople et Smyrne d’une part comme centres de l’Arménie occidentale, et Tiflis et Bakou pour l’Arménie orientale. Autant de métropoles situées en dehors des limites de l’Arménie historique et qui ont joué au XIXe siècle un rôle prépondérant dans la construction nationale. Mais c’est oublier le rôle important joué par des pôles périphériques comme Venise, Paris, Vienne et Amsterdam dans le développement de la pensée arménienne. Cet article entend survoler à grandes enjambées la nature des liens unissant les Arméniens et l’Occident du Moyen Âge à nos jours.
L’autofiction arménienne à travers le corps et la photographie
JOURNAL OF PHILOLOGY AND INTERCULTURAL COMMUNICATION / REVUE DE PHILOLOGIE ET DE COMMUNICATION INTERCULTURELLE, 2020
Throughout the recent years, the literature within the post-Soviet countries has been gradually appropriating various postmodern genres and types of narratives, including autonarration, too. Autofiction is becoming an extremely new platform for Armenian artists and writers, where they rather successfully create a message which articulates their memories, their experience, sometimes traumatic and dramatic, and their life-stories, both personal and public. This article follows two different experiments within the scope of Armenian autofiction: collective, visual autofiction (“Zarubyan’s Women” by Sh. Avagyan, L. Talalyan) and surreal autofiction (“Mashkatsav” by H. Tekgezyan).