Entre fiction et réalité : «Le beau Valentino» (original) (raw)

« La merveille de Lausanne : l'abside de Gino Severini à Notre-Dame du Valentin »

dans Dave Lüthi (dir.), Lausanne – Les lieux du sacré, Berne, Société d'histoire de l'art en Suisse, 2016, p. 64-73.

À l’intérieur de l’édifice du Valentin, sur l’abside que Gino Severini achève de peindre en 1934, le ton est donné : sur fond d’or, la Sainte Vierge à l’Enfant relie Rome la catholique et Lausanne la protestante, signalées à droite par St-Pierre du Vatican, à gauche par la Cathédrale du chef-lieu vaudois... et par la récente tour Bel-Air (1931), symbole du cosmopolitisme d’une ville alors en plein redimensionnement. La peinture murale de Severini est audacieuse à maints égards : à la fois byzantinisante et « cubiste », elle est singularisée par un fond d’or unique en Suisse romande et se distingue par une certaine complexité de composition et par sa monumentalité — « une merveille », dira le futur cardinal Charles Journet. L'œuvre prend sens dans le contexte de la rénovation ambitieuse de l’église par l’architecte Fernand Dumas, membre du groupe de Saint-Luc, et constitue une porte d’entrée de choix sur l'actualité intellectuelle, religieuse et artistique de la Suisse romande de l’entre-deux guerres.

Le Démonax de Lucien entre réalité et fiction

Prometheus 35 (2), 2009, p. 139-158., 2009

This paper is devoted to Lucian’s account of the figure and thought of Demonax the Chypriote in the Life he has written on this philosopher, eclectic but deeply influenced by cynicism, who had been his master. It stresses how Demonax’ figure was intentionally manipulated: Lucian wanted to embody in him the best of that Greek philosophical tradition he had himself benefited during his studies in Athens and which he wanted to extol. In Lucian’s eyes, Demonax is the paragon of the genuine and consistent philosopher, one to be totally distinguished from those professional would-be philosophers altogether despised by Lucian. Consequently, Demonax becomes in Lucian’s biography a half historical and half fictional figure. The sentences saved by the gnomological tradition about this philosopher may be useful to retrieve a less idealised and artificial, that is to say more historical image, of Demonax’ thought.

Texte-photographie : la vérité selon la fiction

Littérature et photographie, J.-P. Montier, L. Louvel, D. Méaux, Ph. Ortel éd., Rennes, PUR, 2008

Dans nombre d'écrits traitant de photographie – qu il s'agisse de fictions prenant la photographie comme thème ou le photographe comme personnage, de textes qui évoquent de manière centrale ou périphérique, historique ou fictionnelle des photographies, ou encore de textes critiques sur la photographie –, on peut observer une tension entre, d'une part, un pacte d'adhésion implicite mais qui a une force d'évidence quasi universelle et qui postule l'adéquation entre l'image et la réalité, et, d'autre part, une lacune au niveau de la représentation du réel et des attentes du spectateur à cet égard. Les modalités de cette tension prennent diverses formes : soit l'image est absente, soit elle est illisible, trompeuse, soit elle n'existe tout simplement pas (et ce pour des raisons multiples : défaillance de l'appareil, impossibilité de reproduire l'épreuve, ou de la retrouver...), soit la photographie ou le photographe se dérobent à leur mission de vérité, soit le processus de reconnaissance inhérent à la contemplation de la photographie échoue et le lien du référent au spectateur, qui fait toute la magie du processus ne se noue pas, etc. Dans ces textes, nous intéresse d'abord la persistance paradoxale du pacte de vérité en dépit de son impossibilité flagrante ; ensuite, la revanche du texte qui semble se dire et exister aux dépens de la photographie mais en raison même de la vérité affirmée et réaffirmée de celle-ci.