Serge Denis, L’action politique des mouvements sociaux d’aujourd’hui. Le déclin du politique comme procès de politisation, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2005, 141 p. (Prisme.) (original) (raw)

Boudreau, P. La politisation comme composante active de l'évolution de la culture mouvementiste : étude du rapport à l'action politique de trois mouvements sociaux québécois, 1980-2009

2015

La politisation comme composante active de l'évolution de la culture mouvementiste : étude du rapport à l'action politique de trois mouvements sociaux québécois, -2009 Philippe Boudreau Thèse soumise à la Faculté des études supérieures et postdoctorales dans le cadre des exigences du programme de doctorat en philosophie en science politique École d'études politiques Faculté des sciences sociales Université d'Ottawa © Philippe Boudreau, Ottawa, Canada, 2015 ii Résumé de la thèse Quelle a été l'évolution ces dernières décennies du rapport des mouvements sociaux (MS) québecois aux catégories de l'action politique que sont la question nationale, la forme parti et les rapports entre mouvements? La plupart de ces dimensions de l'action politique mouvementiste ont suscité une importante attention de la part des sciences sociales, lorsqu'il s'est agi d'étudier les décennies 1960 et 1970. L'intérêt pour l'étude de ces catégories de l'action des MS des décennies suivantes s'est quelque peu tari, à la faveur d'un récit de la déploration regrettant l'époque glorieuse de la Révolution tranquille et les tumultueuses années 1970. Notre thèse propose de se réapproprier la trame historique d'un demi-siècle d'action politique des MS, en cherchant à repérer les modalités du cheminement de trois mouvements (syndical, féministe, communautaire) sur ce terrain, au travers de l'étude minutieuse des mutations de leur culture politique. Cette dernière a subi d'importantes interpellations et remises en question, sous l'influence de divers facteurs, au cours des dernières décennies. Un de nos arguments centraux est qu'il y a eu au sein des MS québécois un cheminement dans la façon d'aborder la sphère politique et la transformation sociale, cette évolution traduisant chez eux un processus d'apprentissage, à savoir une forme de développement du rapport à l'action politique. Celle-ci se voit conférer le statut de compétence développée dans le quotidien des mouvements, sur le tas, donc par essais et erreurs. Notre enquête sur le terrain a permis de dégager des résultats traités de façon à la fois chronologique et taxonomique, relatifs à nos trois dimensions de l'action politique. Successivement, chacune d'elles fait l'objet d'un chapitre : les rapports entre MS, la question nationale, la forme parti (incluant les élections). Dans chaque cas, l'examen de l'évolution se donne pour tâche de dégager les éléments de bilan faits par les militants et militantes, puis d'exhumer les acquis, souvent

"Les mouvements sociaux et la politisation de l'argent public", in Philippe Bezes et Alexandre Siné (dir.), Gouverner (par) les finances publiques, Paris, Presses de Sciences Po, 2011, p. 225-262.

P. Bezes, A. Siné (eds), Gouverner (par) les finances publiques, Paris, Presses de Sciences Po, p. 225-262., 2011

Le financement de l'action publique est une dimension centrale de l'activité de l'État, depuis sa fondation. Pour autant, la problématisation de l'argent public n'est pas le monopole des hauts fonctionnaires, elle est également revendiquée par des groupes protestataires. Que font les mouvements sociaux dès lors qu'ils se saisissent des questions de financement des politiques publiques ? Quelles sont leurs ressources ? Quel est leur répertoire d'actions ? Quelles sont les voies empruntées par des coalitions plus ou moins stabilisées d'action protestataire lorsqu'elles mettent en question, dans des contextes historiques et des configurations sociales données, le marquage public de l'argent et ses usages ? La sociologie et l'histoire des mouvements antifiscaux dans les sociétés modernes contemporaines montrent à quel point ces mobilisations, y compris les plus récentes, interrogent l'activité de l'État lui-même et les fondements de sa légitimité. L'analyse d'une action collective d'étrangers contre le financement de la politique d'immigration française dans les années 1970, largement méconnue, permet d'envisager les conditions et les modalités de « contre-problématisation » de l'argent public par des acteurs démunis.

Boudreau, P., «Francis Dupuis-Déri (dir.), Le Québec en mouvements, idées et pratiques militantes contemporaines, Montréal, Lux, 2008, 276 p.» dans Nouveaux Cahiers du socialisme, #1, 2009, p. 255-259.

Nouveaux Cahiers du socialisme

Boudreau, P. "Mouvements sociaux et approfondissement de la démocratie: expériences québécoises", Nouveaux Cahiers du socialisme, #17, Hiver 2017, p. 149–158.

2017

Bien que différents récits relatifs à la gauche des années 1980 à 2000 aient eu tendance à dépeindre cette ère comme en étant une de repli des mouvements sociaux (MS), il demeure qu’elle recelait bon nombre d’initiatives favorables à l’épanouissement de la démocratie. Ainsi, il y aurait eu ces dernières décennies, au sein des MS québécois, un cheminement dans la façon d’aborder la sphère politique et la transformation sociale. Cette évolution traduirait un processus d’apprentissage par les MS, à savoir une forme de développement du rapport à l’action politique. Cet article insiste sur les modalités d’un tel développement, qui sont directement liées à l’approfondissement de la démocratie, grâce au dynamisme des mouvements sociaux, depuis les années 1980. Deux terrains apparaissent singulièrement féconds à cet égard: les interactions entre MS et le rapport à la forme parti.

Quand les mouvements sociaux changent le politique. Le cas du mouvement étudiant de 2012 au Québec

En un moment, la couleur rouge, comme autant d'étincelles jaillissant, de mains en mains et de poitrines en poitrines, courait sur des zones entières du quai, des rues, de la place de la Grève, et éblouissait ou consternait les regards des spectateurs placés aux fenêtres de l'Hôtel de Ville ». (Alphonse de Lamartine, cité par Michèle Riot-Sarcey, 2012 : 133) De manière dominante, l'étude des mouvements sociaux, particulièrement l'approche dite du processus politique, a tenté de montrer comment les contextes institutionnels et politiques avaient une influence sur la forme, le contenu, la durée et l'efficacité des mobilisations. Dans cet article, nous proposons de renverser la perspective et de voir comment un mouvement social d'envergure, le mouvement étudiant québécois de 2012, a modifié temporairement le politique, entendu comme l'ensemble des règles et pratiques individuelles et collectives qui régissent les relations entre les acteurs collectifs et les individus à propos du gouvernement de la communauté. Le but de notre démarche n'est pas de soutenir que le mouvement social de 2012 a eu des conséquences politiques ultérieures sur le plan institutionnel, mais bien de considérer le moment de l'irruption sociale (ce que fait un mouvement social) comme un moment inhabituel de fonctionnement du politique et d'analyser ce moment-là précisément.

Émergence de la notion de «profilage politique» : répression policière et mouvements sociaux au Québec

Politique et sociétés (vol. 33, no. 3), 2014

Le présent texte explique comment la notion de «profilage politique» a émergé dans l’espace public au Québec, dans les années 2000. Ce faisant, ce texte rappelle la relation entre les forces policières et les mouvements sociaux dans les années 2000, présente une synthèse des principales études savantes ayant discuté des rapports entre la police et les mouvements sociaux au Canada et au Québec, explique l’histoire de l’apparition des différentes notions de profilage (criminel, racial, social et politique) et évalue l’am- pleur de la diffusion de la notion de « profilage politique » aujourd’hui.

Desage Fabien et Godard Jérôme, 2005, « Désenchantement idéologique et réenchantement mythique des politiques locales. Retour critique sur le rôle des idées dans l’analyse de l’action publique », Revue française de science politique, vol. 50, n°4, p. 633-662.

2005

une des innovations principales de l'« acte II de la décentralisation », promu par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin à partir de l'automne 2002, réside dans la reconnaissance constitutionnelle d'un droit à l'« expérimentation » pour les collectivités locales (article 5 de la loi révisant l'article 72 de la Constitution). Celui-ci les autorise à « déroger aux lois et aux règlements qui les régissent, pendant un temps préalablement défini, afin de "tester" localement les effets d'une disposition nouvelle, susceptible, après évaluation, d'être élargie au plan national, modifiée ou supprimée » 1 . Cette disposition traduit ainsi la croyance bien enracinée parmi les acteurs de la compétition politique dans la capacité des institutions politiques locales à se singulariser les unes par rapport aux autres, à travers la mise en place de dispositifs d'action publique spécifiques. Tout se passe comme si la disqualification des formes étatiques de régulation sociale et politique, au nom des contraintes externes de la mondialisation, s'accompagnait de la valorisation de l'action localisée, ancrée dans un territoire délimité 2 . Pour le dire autrement, la capacité d'agir, de changer l'ordre des choses, plus ou moins déniée aux politiques nationales, se trouve ici explicitement réaffirmée pour les autorités locales.

« Frontière ou marches ? De la contribution de la haute administration à la production du politique », chapitre dans Jacques Lagroye (dir.), La politisation, Paris, Belin, 2003, p. 47-77.

chapitre 3 de Jacques Lagroye, (sous la direction de), La politisation, Paris, Belin, 2003, p. 47-77.