Compte rendu : "Fl. Gherchanoc, L'oikos en fête, Paris 2012", in : R.E.A. 114, 2012, p. 605-609. (original) (raw)

F. Gherchanoc, L’oikos en fête. Célébrations familiales et sociabilité en Grèce ancienne, Publications de la Sorbonne, Paris, 2012, 266 p.

Pu b l i c at i o n s d e l a S o r b o n n e 2 1 2 , r u e S a i nt-J a cq u e s, 7 5 0 0 5 Pa r i s Té l. : 0 1 4 3 2 5 8 0 1 5 -Fa x : 0 1 4 3 5 4 0 3 2 4 Comment définir la famille en Grèce ancienne ? Qui invite-t-on chez soi ? Suivant quelles modalités ? Pourquoi ? Longtemps, les historiens ont exclu la famille du champ d'étude de la sociabilité, considérant qu'elle relevait de la sphère privée. L'analyse de célébrations ritualisées et normées, le plus souvent festives (mariage, naissance, décès ; sacrifices, banquets, processions, danses, chants), entre parents, amis et voisins, autrement dit entre familiers (oikeioi), ainsi que des discours qui y font référence (tragédies, comédies, plaidoyers civils, discours philosophiques, lois…), conduit cependant à éclairer des formes de sociabilité plus ou moins formelle propres à appréhender la composition de la famille grecque dans l'Antiquité, son ouverture, ses limites et à définir ses normes, sa cohésion et son identité par des comportements spécifiques et les liens créés. Elle permet également de situer les individus dans l'oikos en fonction de leur statut, de leur âge et de leur sexe. Les célébrations sont organisées et transformées en spectacle, les relations forgées sont théâtralisées. La famille est ainsi comprise comme un noeud de solidarités organiques et imbriquées, un espace de visibilité sociale aux frontières perméables et floues, plutôt que comme une structure juridique figée et un lieu d'expression du privé à l'intérieur de la cité grecque. Le livre met en lumière les liens qui se nouent et perdurent à l'intérieur de la famille et la manière dont ces relations tissées dans un cadre domestique façonnent des interactions plus larges de la famille à la cité, principalement aux époques archaïque et classique, dans le monde grec. Il pose en définitive la difficile question de la nature de la cité.

"White, Tallis, Byrd, Gibbons : Frissons célestes à l'Oratoire du Louvre", octobre 2018 (compte rendu pour Ôlyrix).

Emmené magistralement par Joël Suhubiette, l'Ensemble Jacques Moderne sublime la musique anglaise sacrée de la Renaissance. Forts d'une collaboration qui dure depuis plus de vingt ans, le directeur et son choeur confirment la grande maîtrise de leur répertoire de prédilection. Avec Tears of London : White, Tallis, Byrd, ils offrent un concert puissant et invitent à une expérience tant méditative que consolatrice. Les Larmes de Londres présentées ce jeudi soir sont doublement touchantes. Elles expriment, d'une part, les troubles religieux que l'Angleterre traverse depuis la rupture d'Henry VIII avec Rome (en 1534), et qui dureront jusqu'à la consolidation de l'Eglise anglicane sous Jacques I er (entre 1603 et 1625) ; elles sont, d'autre part, les incantations qu'élève vers Dieu une humanité pécheresse et misérable pour qu'il accorde son pardon. Protestant de culte mais catholique de coeur, Thomas Tallis (1505-1585), qualifié de « papiste d'église », épanche sa douleur en particulier dans les anthems-ou motets-composés sous le règne d'Elizabeth I re. La même foi anime John Dowland (1563-1626), célèbre joueur de luth, ainsi que William Byrd (1538-1623), qui compose pour la communauté des catholiques « récusants » et pour leurs messes clandestines. Mais les larmes sont aussi celles des fidèles, qui communient dans un repentir collectif. Cette musique liturgique a en effet pour but de nettoyer l'âme du chrétien, d'exacerber ses passions pour mieux les purger (Purge me, O Lord), d'humidifier ses yeux, de l'immerger dans un bain d'amour et de lumière : « sainte plongée […] dans l'immensité d'une mer de douceur », comme l'écrira une mystique italienne au début du XVII e siècle. Une musique à la fois matérielle et immatérielle, portée par des voix éthérées, qui incite le chrétien à se transcender et à se détacher de sa chair peccamineuse pour mieux se fondre dans le corps divin : « nos membra confer effici tui beati corporis », chante Tallis (« donne-nous d'être membres de ton saint corps »). Pour faire couler toutes ces larmes, pour amollir les coeurs et apaiser les âmes en peine, quoi de mieux que la beauté des voix a capella ? La musique sacrée, selon le réformateur Jean Calvin, doit être simple et dépouillée, c'est-à-dire sans instrument. L'Oratoire du Louvre, avec son atmosphère épurée, se prête d'autant mieux à une telle célébration qu'il rappelle les larmes versées pendant les guerres religieuses en leurs heures les plus sombres (évoquées par le monument à l'amiral Gaspard de Coligny, assassiné à proximité le 24 août 1572, lors de la Saint-Barthélemy). Le choeur tout de noir vêtu, composé de douze chanteurs parfaitement répartis (trois sopranos, trois ténors, trois altos, trois basses : ils sont autant que les apôtres), se trouve disposé en arc de cercle autour de Joël Suhubiette. Sobriété, élégance : la justesse prime l'ornementation. La voix est ici au service du Seigneur ; il s'agit de faire entrer les auditeurs en contact avec le divin, invoqué depuis les sourdes profondeurs (Out from the deep). À cette fin sont requises, outre la délicatesse de l'interprétation vocale, la recherche d'une grâce tant harmonique que mélodique ; il importe d'éviter la sécheresse formelle de certaines polyphonies trop élaborées, où se superposent plusieurs lignes musicales. De ce style suave, Thomas Tallis donne un bel exemple : fort réputé pour sa virtuosité et pour sa dextérité, il sait aussi délaisser les tours de force contrapunctiques pour proposer une musique plus émotionnelle, au tempo souple : le choeur, en tutti ou en effectif réduit, sait rendre à merveille la douce rumeur des voix qui imite le remuement intérieur ; dans O nata lux lumine, il vient presque murmurer aux oreilles du public. Précis dans les attaques comme dans les césures, il maîtrise les silences à la perfection, le son restant encore suspendu dans l'air, invitant à la prière et au recueillement. Les voix sont d'une clarté limpide, mais sans

➢ Moix, Yann, Partouz, Paris: LGF, coll. « Le Livre de Poche », 2006

Partager | Drupal.behaviors.print = function(context) {$(window).load(function() {window.print();window.close();})};> Lower Manhattan Project Auteur du compte rendu: Neli Dobreva Titre de l'oeuvre traité: Partouz Pour citer cet article: Neli Dobreva (2008) «Partouz». En ligne : http://lmp.uqam.ca /compte-rendu-fiction/partouz (consulté le 4 décembre 2014) Lower Manhattan Project/Projet Lower Manhattan Info : 514.987.3000 # 1605 ericlint@uqam.ca lmp.uqam.ca [ÉRIC LINT] [FIGURA] Partouz 31 octobre 2008 Partouz Par Neli Dobreva Présentation de l'oeuvre Ressource bibliographique: Partouz Dans Partouz, les attentats du 11 septembre 2001, à New York, sont mis en relation avec la frénésie que lʼon rencontre, à la même époque, dans les clubs échangistes parisiens. Tout au long du roman, les pulsions qui ont mené les martyrs suicidés à sʼinvestir dans les attentats sont juxtaposées aux pulsions sexuelles, au désir de jouissance débordant des échangistes et à leurs pratiques frénétiques les conduisant jusquʼà la syncope. Comparant son propre parcours à celui de génies marquants de la civilisation occidentale comme René Descartes, Georges Bataille, Marcel Proust, André Breton, James Joyce, etc., Yann Moix croit découvrir la correspondance entre ce qui a causé la mort de ces illustres écrivains et la logique de lʼattentat suicide commis par Mohhamed Atta, un des terroristes présumés des attentats du 11 septembre 2001: leurs grandes amours déçues. Lʼauteur imagine que la plaie béante laissée par une passion amoureuse non partagée a poussé Mohammed Atta, alors jeune étudiant en architecture à lʼuniversité du Caire, dans sa détermination à rejoindre le paradis céleste en martyr.Les partouzes sont mises en More Share Share Share Share Partouz