La rhétorique juridique (original) (raw)
Référence : FRISON-ROCHE, Marie-Anne, "La rhétorique juridique", in Argumentation et rhétorique (II) Hermès 16, 1995, p.73-84. Lien : http://mafrisonroche.phpnet.org/spip.php?article2360 Résumé : Naguère les juristes repoussaient avec horreur l'idée d'une rhétorique juridique : procédé d'avocat, coupable séduction, art du mensonge, absence lamentable de rigueur ! Cela tenait notamment au fait que jusqu'à il y a peu, le droit s'est piqué non seulement d'être un objet d'étude scientifique mais encore d'être lui-même une science. En effet, le droit présenté comme un art rejetait les juristes dans l'imprécision et le faux-semblant, évoquait l'image de l'artiste roué travestissant la réalité tandis que le droit défini comme une science flattait l'homme d'ordre qu'est essentiellement le juriste et lui permettait de jouer dans la grande cour de ceux qui ont la vérité pour eux. L'engouement des juristes pour la logique formelle Aussi la logique formelle s'est-elle aisément imposée, pour ces premières raisons, éléments de psychologie collective, tenant aux stratégies de pouvoir du corps social solidement constitué des juristes. Ces derniers raisonneraient avec la précision, voire l'infaillibilité, des scientifiques. Ils s'effaceraient alors devant une déduction opérée à partir des lois, raisonnement qui ne les engage pas puisqu'ils se contentent d'en être les agents sans en être véritablement les auteurs. En effet, par la logique formelle, le juriste ne dispose ni de la règle de droit, qui lui est fournie en HERMES 16, 1995 73