Compte-rendu de lecture : « Only Muslim: Embodying Islam in Twentieth-Century France (original) (raw)
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De l'immigré au musulman : figures de la présence de l'islam dans la France contemporaine
A l’aube du centenaire de la loi de séparation de l’église et de l’Etat de 1905, l’intégration du culte musulman en France est devenue une réalité institutionnelle avec l’installation en 2003 du Conseil français du Culte musulman. Si l’émergence de nouveaux minarets ne semble plus susciter de vives polémiques, la perception de l’islam en tant que composante intrinsèque de la nation française se conjugue, quant à elle, encore difficilement au présent. Etre un enfant de migrant et se définir en tant que musulman est encore sujet à interrogation, suscite même de la suspicion. Cette crainte, sans aucun doute, n’est pas sans lien avec une histoire qui s’est construite dans un rapport ambivalent à l’altérité islamique. Cependant, au moment même où l’Union européenne développe son programme de protection des minorités, les représentations fantasmées d’une confession religieuse ou de populations venues de pays musulmans engendrent encore, en France, des pratiques discriminatoires dont les enfants de migrants maghrébins et noirs africains semblent être les principales victimes. Pour comprendre et dépasser ce phénomène, il est nécessaire de revenir à la source d’une histoire migratoire mouvementée et de dépassionner le débat sur les modalités du croire chez les musulmans.
Lamine-La religiosité musulmane en actes (à propos ouvrage Jouili)-ASSR-2018
Archives de sciences sociales des religions , 2018
L’ouvrage de Jeanette Jouili (Pious Practice and Secular Constraints, Stanford Univ. Press, 2015), professeure-assistante à l’université de Pittsburgh, analyse finement les pratiques musulmanes pieuses de jeunes femmes allemandes et françaises, fréquentant des centres religieux dans la mouvance du renouveau islamique, à Cologne et en banlieue parisienne. Par ses apports empiriques et théoriques, il offre une contribution décisive à la sociologie et à l’anthropologie de l’islam européen. Il se base sur de longues enquêtes de terrain (cours de religion et autres pratiques quotidiennes). L’observation de la religiosité « en acte » et de ses expressions fait place aux contradictions, aux dilemmes et aux questionnements. Il examine les difficultés et les efforts quotidiens de ces jeunes femmes « en quête d’une vie en accord avec leurs principes religieux dans le contexte des sociétés européennes sécularisées ». L’objectif de l’auteure est, d’une part, d’observer comment se construisent les subjectivités islamiques pieuses et d’autre part de montrer comment ces musulmanes font face aux contraintes séculières et en particulier à la stigmatisation des pratiques religieuses orthodoxes. Elle en conclut que ces femmes, dans leur effort permanent de tenir ensemble piété musulmane et attention au bien commun, peuvent être qualifiées de « citoyennes pieuses ».