L' Avenir du passé. Art contemporain et politiques de l'archive (original) (raw)

Pour une sémiotique de l'archive. Le paradoxe du passé

Actes du Congrès de l'Association Française de Sémiotique, Sémiotique et Diachronie, 2013

Déporté dans un camp de concentration en Alsace pendant la deuxième guerre mondiale, Boris Pahor, écrivain slovène de Trieste, y a côtoyé Ivo, un ami italien qui ne réussira pas à passer l'hiver dans les baraques. Ces événements sont racontés dans son Pèlerin parmi les ombres, où il décrit sa visite dans le camp, comme touriste, au cours des années 60. Les souvenirs surgissent au fur et à mesure, mais il n'arrive plus à retrouver le visage d'Ivo et de beaucoup d'autres personnes mortes. Prenons un objet si particulier que Boris revoit durant sa visite dans le camp : la pince. C'est une grande pince que les SS utilisaient pour déplacer les cadavres en les attrapant par le cou. L'écrivain s'est demandé quelques pages plus tôt comment quelqu'un avait pu inventer un objet si fonctionnel et en même temps si immonde : une grande pince pour déplacer les cadavres.

"Pour un usage politique de l'archive au long cours : poétique-critique de la découverte, topoï de l'ailleurs et de l'exotisme"./ Colloque international "L'oeuvre de Yervant Gianikian & Angela Ricci Lucchi Politics and Critical Uses of Archive Images", EHESS/Centre G. Pompidou 25 & 26 oct 2016

École des hautes études en sciences sociales 26 octobre 2016 Centre Pompidou Quelques mots Depuis 1975, Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi ont élaboré une oeuvre remarquable, à la fois pour le travail minutieux de la matière filmique, picturale et vidéographique, et pour la pluralité des sujets historiques traités (guerre, fascisme, colonialisme). Après la rétrospective de leurs films et installations en 2015 au Centre Pompidou, ce colloque veut former une discussion sur l'usage politique et critique des images d'archives, tout en montrant combien les gestes artistiques défient les catégories et les échelles d'analyse des sciences sociales. Les deux journées du colloque seront suivies par la projection du dernier travail des cinéastes. Anglais Te estibusamus id et laciet faccatiae. Nam aut a que laborem porrum ipsumque sitatemque quaectis estiatur modit ut rerum, consequam es dolut occusaes nosaepudi recaepu dicient excepudis elibus exerum rerionse diaecte cuscimet qui rectusantiis voluptatur asi omnit maxim quidempor minima venimint veriasperis eaque volupta ssimus as quaepta tquamus eossum volore re vollatem et adia volore reri officiis aut voluptatur mod most, comni sit mi, cus, tem vel ilit, que et qui opta sinvenis et unt arcit moditiatint vel moluptius.Occaborem. Ihil idelessum remquis aut ipician daectemporem dit, si ut odisque ni blabore dolorporem reptaer iaessed quae velit, sum quas ut mo omniant occum hilliquam, coreperum alis et ipisciliquas ratatem Ci-dessus : Pays barbare (2013) Couverture : Visioni del deserto (2000)

Le défi des Fonds littéraires contemporains : pour une " poétique de l'archive "

La gestion des archives littéraires diffère sensiblement selon le lieu. Université, bibliothèque ou musée ont chacun leur spécificité à l'égard du traitement des données : exploitation scienti-fique ou valorisation bibliophilique et patrimoniale. Les institutions doivent proposer des pro-cédés de conservation (normes, traitement, veille technologique…) adaptés aux créations litté-raires, et entre autres gérer la mixité médiologique caractéristique des corpus contemporains. Il faut considérer l'importance des options prises du vivant de l'auteur, qui construit une re-présentation de soi par l'archive: ce qu'il lègue ou non, ou sous condition, l'effacement de certaines correspondances, l'ordre des brouillons, etc. contribue à forger une image auctoriale qui infléchit, pour une part, l'appréhension de son oeuvre. Cette « poétique de l'archive », qui constitue une tentative de contrôle par l'écrivain de son image post mortem, peut être comprise comme une forme d'autobiographie par l'archive.

Une archive au présent. Le principe de renaissance1

Entrelacs, 2021

photo-film dans la droite lignée du photo-roman La Jetée. Dans les deux récits, la continuité s'élabore à partir d'images fixes pour donner l'illusion du mouvement tandis que la photographie se fait le réservoir d'un temps subjectif, lacunaire et ouvert : une « archive au présent », selon le réalisateur Laurent Roth. Film fait seulement de voix, de sons et de photos, c'est un nouveau défi pour moi ! La photographie n'est pas ici un handicap, une forme de « cinéma diminué ». Sa fixité, bien au contraire, me semble révolutionnaire : image figée, elle est déjà une « archive », mais une archive au présent, qui me permet de documenter, indiquer, accuser, dénoncer ce danger de la pétrification qui menace Paris 2 .

Restauration et captation du support : des modèles structurels pour penser la relation des artistes contemporains aux archives

TransversALL, 2019

Dans Toute la mémoire du monde d'Alain Resnais, court métrage réalisé en 1956, une voix off expose les diverses étapes du parcours d'un document au sein de la Bibliothèque Nationale de France, depuis son entrée dans les locaux jusqu'à sa communication en salle de lecture. Le vaisseau y est dépeint à la façon d'une machine moderne aux mécanismes bien réglés et la préservation et la « lente bataille contre la mort » devancent immédiatement la communication des documents. Dans le fil du récit, l'association immédiate entre « l'atelier de restauration et sa raison d'être et la photographie sous son aspect de sécurité 1 » a inspiré ici une réflexion quant à la relation qu'entretiennent certains artistes contemporains aux archives. Ces deux étapes préalables à la communication et à la monstration publique des documents peuvent être séparés en restauration, encollage, gainage pour une part et captation et microfilmage pour une autre part. Il est possible de se saisir de ces jalons du parcours du document et d'en tirer deux modèles structurels complémentaires afin de définir un rapport renouvelé des artistes contemporains aux archives par leurs procédés de préservation et de conservation. Ces éléments inédits permettent de se détacher pour partie de l'imaginaire muséographique, de celui de l'atlas ou encore du témoignage souvent repris dans les discours sur les liens réunissant art contemporain et archives.

Le futur de l'archive et l'archive de demain

Francophonie vivante ("Archives : le futur du passé", dir. Myriam Watthee-Delmotte), 2019

Contrairement à l'image poussiéreuse que lui prête l'imaginaire populaire, l'archive est avant tout une affaire d'avenir. Dans la mesure où elle tend vers ce futur qui la détermine, l'archive se caractérise par l'incertitude. Comme l'écrivait Jacques Derrida : « L'archive, si nous voulons savoir ce que cela aura voulu dire, nous ne le saurons que dans les temps à venir. Peut-être. Non pas demain mais dans les temps à venir, tout à l'heure ou peut-être jamais » 1 . Si sa valeur de preuve ou de témoin, son interprétation, son exposition semblent sans doute les usages les plus élémentaires lorsque l'on tente d'aborder la relation qui unit l'archive à l'avenir, puisque tout document est susceptible de pouvoir faire sens -en particulier dans le domaine des archives littéraires (si l'on veut bien se souvenir de la légendaire provocation de Victor Hugo, qui estimait que même ses notes de blanchisserie appartenaient aux archives susceptibles d'éclairer son oeuvre) -, il y a également lieu de se soucier de la collecte de l'archive, de sa conservation, des moyens de sa mise à disposition au public et de sa diffusion éventuelle. Les quelques lignes qui suivent n'ont en aucun cas la prétention d'apporter des réponses précises quant au futur de l'archive mais, en revanche, d'amener le lecteur à s'interroger sur les formes de l'archive de demain.