Epistémologie des principes de la finance islamique (original) (raw)

2009, Cahiers de la finance islamique, University of Strasbourg

Laïcité et finance islamique. Trop souvent, les opposants à la finance islamique invoquent la violation du principe de laïcité 1 . Est-ce vrai ? La réponse dépend de la manière de concevoir la laïcité. Quant à nous, nous optons pour une conception libérale selon laquelle, dans un régime laïc, l'État ne peut pas, ne doit pas croire en une religion. Il ne peut pas, ne doit pas, de par ses prérogatives de puissance publique, assimiler dans une seule et unique vision la diversité des cultures, des croyances, des ethnies, sans tenir compte de leurs véritables aspirations. Á cet égard, le citoyen français qui dispose de la liberté de croire peut aspirer à une vie tant publique que privée temporellement et spirituellement assumée notamment en matière commerciale. Il doit en être de même pour une personne morale. Puisque la laïcité ne peut pas être, selon cette approche, un obstacle à la combinaison de la liberté de religion et la liberté d'entreprendre, le citoyen, aspirant croyant, a le droit de demander à l'État de garantir, d'assurer, de protéger et de défendre cet ensemble de liberté. Un État laïc doit le faire sans sourciller ! Problème de fond ? S'il est évident que les autorités publiques aspirent à accueillir la finance islamique, la France se montre inconfortable face au symbole de l'appartenance de la gent féminine à l'Islam. Après l'interdiction du port du voile dans les établissements scolaires du primaire au lycée, en 2004, c'est au tour des femmes qui portent la burqa dans la voie publique de raviver les sentiments dits laïcs 2 . Pour résoudre le 1 Le Monde, La finance islamique menace la laïcité, Point de vue, 20 novembre 2009. 2 « Pourquoi est-il difficile d'accepter que la burqa, ou plutôt le niqab, dont on observe la recrudescence, réponde à un désir d'enracinement, à la recherche de balises ? Ces jeunes femmes ne sont pas, pour la plupart, dans la version passive que l'on a d'elles, des épouses soumises à la dictature masculine et ruinant la dignité de la femme, ni, dans la version active, des terroristes acharnées. Ce sont des françaises modernes qui décident de vivre autrement, de vivre avec une enfance parfois chaotique, avec l'alcool, la violence et la drogue souvent en usage dans leur quartier », Raphaël Liogier, Que 4